Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05 septembre 2016

Un bouquin bien ficelé

feu aux poudres.jpgAvec  Le feu aux poudres [1], Philippe Huet signe son troisième ouvrage consacré aux combats menés par le mouvement ouvrier du Havre, dans le premier tiers du XXème siècle [2].

L’action du livre se déroule en 1935 et en 1936.

 1936, l’année du Front populaire, des grandes grèves, des occupations d’usine et des conquêtes sociales comme les congés payés.

Et précisément l’intrigue,  habilement construite par l’auteur,  nous conduit vers un important conflit social chez Breguet, une usine aéronautique avec une direction à poigne s’appuyant sur un personnel d’encadrement musclé, constitué de membres des Croix de feu [3].

C’est le licenciement de militants de la CGT qui servira de détonateur à la cessation du travail et à l’occupation de l’entreprise. Cette grève sera couronnée de succès dans un contexte de basculement du rapport des forces entre gauche et droite, entre classe ouvrière et patronat.

Nous retrouvons dans ce récit plusieurs personnages du précédent roman, en ce y compris Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline. Le mélange de la fiction et de la réalité historique favorise  également  une brève apparition d’un autre écrivain célèbre, Jean-Paul Sartre, qui enseignait en ce temps dans un lycée du Havre.

L’ouvrage de Philippe Huet, il faut le reconnaître, ne manque pas de rythme. Il ne s’agit pas d’un bouquin à thèse ; il est plutôt construit comme un roman policier qui tient vraiment le lecteur en haleine.

Au-delà de dramatiques péripéties sociales et d’une description réaliste des conditions de vie populaires de l’époque, au-delà des manigances dans les hautes sphères industrielles et financières, au-delà des stratégies politiques des uns et des autres (du PCF, notamment), nous avons ainsi au menu adultère et détective privé, tentatives de suicides et suicides, meurtres !

Pas de doute : un bon moment de lecture à recommander à celles et ceux qui aiment fuir l’ennui, sans renoncer à la réflexion !

Un dernier mot : le bandeau promotionnel de l’éditeur annonce audacieusement  « le roman du front populaire ».  C’est un tantinet exagéré…

 

@

 

[1] Philippe Huet, Le feu aux poudres, Payot-Rivages, Paris 2016, 20 €

[2] Le premier roman de son triptyque était centré sur la figure de Jules Durand et sur un terrible  épisode du mouvement ouvrier havrais, en 1910 (Philippe Huet, Les quais de la colère, Albin Michel, Paris 2005, 20,20 €). Le second narre une révolte ouvrière au lendemain de la première guerre mondiale, en 1920, dans le cadre d’une situation internationale marquée par la révolution russe et des soubresauts révolutionnaires dans plusieurs pays européens (Philippe Huet, Les émeutiers, Payot-Rivages, Paris 2016, 8,50 €).

[3] Dirigées par le colonel  de La Rocque, les Croix de feu étaient une organisation d’extrême-droite composée pour l’essentiel  d’anciens combattants. Ce mouvement sera dissous suite à un décret du gouvernement de Léon Blum.

 

les quais de la colère.jpgles émeutiers.jpg