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04 octobre 2016

L'encombrant candidat de la rupture

 

fantôme.jpegUn spectre hante l’élection présidentielle de 2017,  le spectre de Jean-Luc Mélenchon. Tous les représentants de la France réactionnaire ont conclu une alliance sacrée pour traquer ce spectre : le président Hollande et son premier ministre Valls, Le Pen et Sarkozy, les libéraux de droite et les libéraux de gauche, les sectes de tout l’Hexagone [1].

Un véritable  tsunami  d’invectives déferle quotidiennement dans les médias et les réseaux sociaux sur le candidat de « La France Insoumise ».

Jean-Luc Mélenchon est traité tour à tour de « populiste », de « nationaliste », de « bonapartiste », d «individualiste »,  voire même  -par les plus excités-  de « raciste » !  Et son « ego démesuré » est épinglé par des détracteurs narquois  qui ajoutent fréquemment qu’il est « un homme seul » !

Ce qui est pour le moins paradoxal, car si Jean-Luc Mélenchon est vraiment  « isolé », pourquoi s’inquiéter de son action et de sa parole ? Un « solitaire », par définition, ne représente que lui-même et ne devrait susciter qu’une indifférence polie...

En réalité, le député européen dispose de soutiens déjà nombreux. Et c’est bien ce la france insoumise.pngqui chagrine toutes celles et tous ceux qui s’imaginaient que la désignation d'un(e) candidat(e) à l’élection présidentielle était l’affaire exclusive des partis, de tractations entre appareils et de petits arrangements au sommet.  

En somme, il suffisait de reproduire (inconsciemment ?) les dysfonctionnements du Front de Gauche, révélés au cours des dernières campagnes électorales, et tout était réglé !

En plaçant sa démarche « hors-cadre » des  partis politiques, Jean-Luc Mélenchon a commis un sacrilège aux yeux de celles et ceux qui considèrent  lesdits partis comme l’alpha et l’omega  de la politique.

D’autant qu’en agissant de la sorte, il a perturbé des plans discutés dans les coulisses, depuis un bon moment.  

pierre laurent.jpgIl est évident, par exemple, que la direction du PCF s’intéresse moins à l’élection présidentielle qu’aux élections législatives qui vont suivre immédiatement. Et pour sauvegarder ses élus, l’état-major communiste estime avoir besoin du parti gouvernemental, le PS de François Hollande et de Manuel Valls.

Un exercice d’ailleurs bien périlleux car il faut alors concilier la critique de la politique du gouvernement avec la nécessité de construire « un rassemblement large à gauche » au motif d’éviter une déroute électorale en mai 2017.

Le grand écart habituel, sauf que cette fois-ci, ces traditionnelles manœuvres ont été bousculées par un Jean-Luc Mélenchon totalement indépendant du PS et décidé à mener une bataille électorale pour…  gagner ! Pas question « d’y aller » pour simplement  témoigner, avant de se retirer sur la pointe des pieds ou quémander ensuite un strapontin auprès des dirigeants « solfériniens » !

Sauf aussi que des milliers de communistes ont d’ores et déjà décidé d’appuyer la mel -buffet.jpg candidature de Jean-Luc Mélenchon et de s’inscrire dans la campagne engagée par les « Insoumis » de tous les horizons ! 

La direction du PCF n’est évidemment pas la seule à mener  une croisade agressive contre « son » candidat de 2012. Les dirigeants du PS, les auto-proclamés « frondeurs », les responsables d’EELV, le NPA et LO, les faiseurs d’opinion de l’establishment et les bateleurs de la médiacratie, ne sont pas en reste. Le « tout sauf Mélenchon » est ainsi devenu le tube politicien de l’été, et chaque jour qui passe voit s’ajouter un couplet à cette pauvre rengaine. 

Aucun autre candidat, déclaré ou potentiel, n’est traité avec autant de morgue par toutes ces « belles âmes » de  « la gauche » et ces courtisans du monarque élyséen,  ce qui est pour le moins interpellant.

Comment expliquer cette hostilité ?

Il y a sans doute les inévitables explications psychologiques. Jean-Luc Mélenchon a une forte personnalité, dit ce qu’il pense et pense ce qu’il dit, parle parfois « dru et cru », et évite les postures opportunistes destinées à plaire à tout le monde. D’où une  animosité certaine à l’égard de « ce vieux peau-rouge qui ne marchera jamais dans une file indienne » [2], d’où les ressentiments et les aversions exprimés par la confrérie des aigris.

Mais il est également perçu comme un concurrent encombrant par d’aucuns qui nourrissaient sans doute des ambitions à l’horizon 2017. Dans ces conditions,  il n’est pas surprenant qu’il soit régulièrement confronté à la hargne peu fraternelle de quelques « camarades » d’hier !

 

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Plus fondamentalement, peut-être. Le mouvement ouvrier reste imprégné par le modèle « social-démocrate », dans ses différentes variantes (« réformiste » et « léniniste »), un « modèle » qui génère un véritable « fétichisme du parti ». En s’émancipant des structures et des organisations installées [3], Jean-Luc Mélenchon a basculé dans l’hérésie et a opté pour un cheminement autonome,  inacceptable aux yeux de certains  militants « encartés », qui dénient toute légitimité politique à tout qui se situe en dehors des partis ! 

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D’autres, parfois les mêmes, restent prisonniers du mythe de « l’unité », qui veut que « la gauche » se rassemble à tout prix, mais ils éludent les conditions du rassemblement et la délimitation politique de ses acteurs. 

Indiscutablement,  des divergences existent sur la stratégie de conquête du pouvoir à mettre en œuvre aujourd’hui en France [4], comme sur le programme à défendre pour répondre aux défis et affronter les enjeux du monde actuel !

La question des « primaires » a longuement cristallisé les désaccords stratégiques, ses partisans les jugeant indispensables pour désigner le « représentant de la gauche », et étant disposés à se ranger derrière le ou la candidate qui émergerait de cette consultation officieuse, même s’il s’agissait de… François Hollande, le regrettable président sortant ! Une perspective clairement rejetée par Jean-Luc Mélenchon, depuis le début de l’agitation orchestrée autour de ce « piège » [5] par le journal  Libération et les idiots utiles de service, tel l’inévitable Cohn-Bendit .  

Qui pouvait croire réellement que Jean-Luc Mélenchon, homme de principes et macron hollande.jpgporteur d’alternatives fortes, puisse soutenir   -le cas échéant-  un personnage soumis aux traités européens (qui enferment les peuples dans une camisole de force austéritaire !),  un triste laquais du patronat et des puissants,  un têtu démolisseur du « code du travail » et des conquêtes du mouvement ouvrier,  un « atlantiste » invétéré et un fidèle défenseur des intérêts impérialistes français ? [6] 

meluche.jpgJean-Luc Mélenchon, en militant politique averti,  a tiré lucidement  -avec ses amis-  les leçons des errements  du  Front de Gauche

Son échec est celui d’un cartel de partis hostile à l’adhésion de citoyen(ne)s  « non-encarté(e)s », incapable de s’élargir significativement, déchiré sur les choix électoraux à opérer, et rendant dès lors sa stratégie illisible pour le plus grand nombre ! Les tentatives d’instrumentalisation du rassemblement par l’une ou l’autre composante, désireuse de rejouer un nouvel épisode de « l’union de la gauche », excluant ainsi une partie considérable de la population ne se reconnaissant plus dans un concept dévoyé par le « pouvoir  socialiste », ont achevé de le discréditer.  

Jean-Luc Mélenchon est convaincu que l’acteur historique principal de ce XXIème siècle est le peuple dans sa multitude. C’est son engagement qui doit être gagné car il est la seule force crédible apte à initier un changement d’ampleur. Il faut donc pouvoir rencontrer ses préoccupations et proposer des solutions aux difficultés qui sont les siennes.  Parvenir à « fédérer » le peuple passe par une bataille politique et culturelle à vocation hégémonique. Il s’agit de lui prouver que ses ennemis sont la finance et l’oligarchie. Il s’agit de le persuader que les bulletins de vote constituent aussi une arme pour bousculer ce système et changer radicalement de cap politique !

 

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Jean-Luc Mélenchon et les « Insoumis » veulent avancer en prenant appui sur un programme élaboré collectivement. Un programme de rupture avec l’ordre établi, avec le despotisme de marché, avec les diktats du capital financier, avec la pensée unique néo-libérale . Un programme porté par une majorité qui ne se laissera par impressionner par l’arrogance des puissants et des importants. Un programme de dessin liberté.jpgcontestation des traités européens au service de la « concurrence libre et non faussée », du productivisme capitaliste, de l’austérité contrainte, de la 5ème  République, des processus bellicistes.

Pour une refondation de l’Europe. Pour la transition énergétique, la planification écologique, la règle verte, la sortie du nucléaire, l’éco-socialisme. Pour une constituante et la 6ème  République. Pour la paix .  [7] 

La « révolution citoyenne » sera populaire ou ne sera pas !

Elle passera nécessairement par une victoire de « La France insoumise » en avril-mai 2017.

Il reste 8 mois aux « Insoumis » et à Jean-Luc Mélenchon pour démontrer que cet objectif politique est à portée de main !

 

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[1] Toute ressemblance avec les premières lignes du Manifeste du Parti Communiste, rédigé par Marx et Engels, est purement… délibérée.

[2] Achille Chavée, poète surréaliste wallon.

[3] Naturellement,  Jean-Luc Mélenchon n’est pas un adversaire des partis politiques. Aujourd’hui encore il a sa carte au Parti de Gauche, formation qu’il a fondée !

[4] Un débat stratégique qui existe dans tous les pays européens, et au-delà bien entendu !

[5] Voir l’excellent opuscule de son porte-parole, Alexis Corbière, Le piège des primaires, les Editions du Cerf, Paris, 2016, 5 €

[6] Evoquant François Hollande, il constate : « c’est vrai, jamais je n’aurais pu imaginer dire un jour qu’il était pire que Sarkozy. Ce qu’il a été. Sur tous les plans, le plan social, le plan de la répression, le plan de la criminalisation de l’action syndicale, tout ce qu’on reprochait à Sarkozy, il a tout fait en pire. Tout n’aura été que reculs et duperies : les retraites, l’atlantisme absolument honteux dans lequel il se vautre… ». Jean-Luc Mélenchon,  Le choix de l’insoumission, Seuil, Paris, 2016, pages 317-318.

[7] Une convention de « La France Insoumise » consacrée au « programme » se déroulera à Lille le week-end des 15 et 16 octobre prochains.

 

 

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Soutenir Jean-Luc Mélenchon !

 

plan B.jpgMême en étant wallon ? Oui, car un basculement politique en France ouvrirait des perspectives pour l’Europe entière ! Oui, parce que suivre ce qui vit au-delà de « nos » frontières relève du plus élémentaire internationalisme ! 

 

Même en ne partageant pas totalement ses positions ? Oui,  s’il fallait être d’accord à 100 % avec quelqu’un pour l’appuyer, on ne soutiendrait plus personne car tout le monde a des divergences avec tout le monde !  Il n’est demandé à qui que ce soit coxy.gifd’abdiquer son esprit critique, mais il faut prendre ses responsabilités, en se positionnant en fonction d’un projet et d’un programme politiques globaux, pas en fonction de l’une ou l’autre problématique particulière ou périphérique. En ce qui me concerne, il n’y a donc aucune hésitation. Et puis, Jean-Luc Mélenchon a précisé  -non sans humour-  qu’il ne demandait personne en mariage. Ce qui tombe bien car je ne comptais pas l'épouser. Dès lors… 

 

 

Même si la probabilité d’une victoire est faible ? Oui, car aucun combat n’est perdu avant d’avoir été mené ! Certes, il faudra passer par un « trou de souris », mais c’est je vote utile.jpgpossible ! Et, encore une fois, un succès aurait un large retentissement et modifierait la donne dans l’Union Européenne ! 

 

 

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