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03 février 2020

26 mai, les jours d'après (XIX)

 

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Après l’improbable duo Coens-Bouchez, voici maintenant l’entrée en piste de l’actuel vice-premier ministre  -et toujours CD&V-  Koen Geens. Avec le même objectif : associer coûte que coûte N-VA et PS, au motif qu’une majorité est indispensable en Flandre (pour mémoire, ce ne fut pas du tout le cas en Wallonie lors de la législature précédente, mais c’est évidemment le cadet des soucis de la droite flamande, qui utilise depuis des décennies l’Etat belge pour parvenir à ses fins !). 

Les champions de la dramatisation des deux côtés de la frontière linguistique affirment qu’il s’agit d’une dernière ‘’chance’’  -ou presque-  avant le retour forcé aux élections ! Un discours sans surprise destiné à mettre la pression sur les partis pour les contraindre à négocier une nouvelle ‘’coalition contre-nature’’, pour reprendre une expression utilisée naguère par Laurette Onkelinx… 

Problème pour tout ce petit monde avide de pouvoir : les viriles exclusives mutuelles lancées au lendemain du 26 mai 2019, par les principales formations, laissent des traces. Face à l’électorat et face à leurs militants, PS, N-VA et tutti quanti devront venir expliquer un éventuel revirement, ce qui ne sera pas évident pour ces partis traditionnels qui suscitent une méfiance croissante et qui ont d’ailleurs tous été sanctionnés dans les urnes !

 

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Le PTB-PVDA brandit une enquête d’opinion pour taper sur son clou favori : il est faux de parler de ‘’deux démocraties irréconciliables’’ (Flandre/Wallonie) et il convient de combattre la ‘’prise d’otage nationaliste’’ post-électorale ! Et de répéter sa litanie sur ‘’l’unité’’ du pays qui sera par ailleurs l’un des thèmes principaux de la manifestation nationale qu’il organise le 1er mars ! 

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Il y a les sondages et il y a les résultats des élections : ceux du 26 mai dernier sont clairs.  

Parlement flamand : NVA, 35 députés ; VB, 23 députés ; CD&V, 19 députés ; Open Vld, 16 députés ; Groen, 14 députés ; SPA, 13 députés ; et… PVDA, 4 députés. Sur les 7 partis représentés, les 4 premiers sont de droite et d’extrême-droite, et ils regroupent ensemble 93 parlementaires sur 124, soit 75 % des mandats ! La ‘’gauche’’ (Groen-SPA-PVDA) est limitée à 31 élus (sur 124), soit 25 % des parlementaires ! Est-il vraiment indispensable de faire un dessin sur le véritable rapport de forces en Flandre ? 

Parlement wallon : PS, 23 députés ; MR, 20 députés ; Ecolo, 12 députés ; PTB, 10 députés ; et Cdh, 10 députés. PS-Ecolo-PTB disposent donc de 45 sièges sur 75, soit 60 % des mandats ! Pour 30 sièges aux partis de la majorité de droite sortante (MR-Cdh) !  

Les faits sont décidément bien têtus : le centre de gravité politique en Flandre se situe nettement ‘’à droite’’ tandis qu’il est beaucoup plus ‘’à gauche’’ en Wallonie ! Et en Wallonie, contrairement à la Flandre, il n’existe pas d’extrême-droite implantée au niveau institutionnel (le dernier scrutin a vu la disparition du PP et le flop des différents groupuscules fascistes qui tentaient une percée) ! 

Le PTB-PVDA est dès lors de mauvaise foi lorsqu’il minimise les contradictions entre le Nord et le Sud de l’Etat Belgique, ou lorsqu’il affirme  -n’étant pas économe en généralités-  que ‘’les gens’’ ne sont pas différents. A l’évidence, il existe des points communs entre tous les êtres humains, mais cette banalité n’épuise pas la question ! 

Aucun groupe social, aucune classe sociale n’est homogène. Il y a  -malheureusement-  un important électorat populaire qui penche et qui vote ‘’à droite’’, partout. Mais beaucoup plus en Flandre qu’en Wallonie ! Ce ne sont pas seulement les patrons du BEL 20, du VOKA et leurs proches qui soutiennent la N-VA et le VB ! Une fraction significative de la population est raciste/xénophobe et est favorable à des politiques néo-libérales privilégiant l’individu au détriment du collectif ! Ce serait illusoire de croire qu’elle vote par distraction et que le verdict du dernier scrutin législatif était un simple ‘’accident’’… 

Le PTB-PVDA affirme que beaucoup ont choisi le VB ou la N-VA (ou les autres formations de droite) pour obtenir une pension à 1.500 € ou une augmentation des salaires, promises par ces partis. Ah bon ! Pourquoi ces électeurs si préoccupés de ‘’social ‘’ n’ont-ils pas voté massivement pour le PVDA qui a mené une campagne électorale sur un thème central : ‘’le social, c’est phénoménal’’ ? Comment se fait-t-il que la (ou les) ‘’copie(s)’’ a(ont) été préféré(e)s à ‘’l’original’’ ? ‘’Intoxication idéologique’’ vont sans doute répondre les dirigeants du PTB-PVDA ? Sauf que cette ‘’intoxication idéologique’’ (le poids de l’idéologie dominante, les manipulations médiatiques, la propagande mensongère) existe dans tous les pays capitalistes et… en Wallonie aussi. Or, malgré celle-ci, le PTB est à 13 % de la représentation parlementaire en Région wallonne et le PVDA est à 3 % de la représentation parlementaire au Vlaams Raad ! Il y a donc bel et bien deux configurations distinctes, qui sont  -notamment- la conséquence de la naissance et du développement d’un ‘’mouvement flamand’’ dominé par la droite car, historiquement, la ‘’gauche socialiste’’ n’a pas suffisamment pris en compte le légitime combat pour la reconnaissance de la langue flamande ! 

En fait, le problème du PTB-PVDA est qu’il pratique, depuis sa création, la politique de l’autruche devant une ‘’question nationale’’, matérialisée par l’existence et la cohabitation de deux peuples dans un même cadre étatique (au demeurant ‘’bourgeois’’ et monarchique !). Dès lors, il refuse obstinément de prendre en considération les deux réalités politiques fortement contrastées et il s’entête à ne pas abandonner sa posture ‘’belgicaine’’ (nationaliste ‘’belge’’),  ! 

Or, tant que l’Etat ‘’unitaire’’ (quand bien même sous une forme ‘’fédéralisée’’) persistera, c’est la Flandre, et les partis de droite qui y sont hégémoniques, qui imposent  -et imposeront-  leurs exigences à la Wallonie, quelles que soient les aspirations majoritaires des Wallons ! 

En ne changeant pas son approche, en n’assumant pas la complexité et les contradictions de ce pays, en rejetant une réponse institutionnelle à la hauteur de notre ‘’défi national’’, le PTB-PVDA pénalise(ra) indéfiniment les travailleurs wallons ! 

Et il handicape aussi les travailleurs flamands qui cherchent la protection des droites nationalistes parce qu’ils sont inquietés par l’épouvantail de la ‘’Wallonie profiteuse qui vit aux crochets de la Flandre’’ sans cesse agité par d’aucuns. 

Seule une indépendance de la Flandre et de la Wallonie pourrait éliminer les manoeuvres de diversion facilitées par le maintien d’un leurre, celui d’un royaume devant demeurer  obligatoirement ‘’uni’’ !

 

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Jeudi dernier, le Roi s’est adressé aux ‘’corps constitués’’, composés des autorités politiques, juridiques, économiques ou académiques en Belgique. Il y a notamment abordé l’avenir de notre pays et il a martelé que les ‘’exclusives’’ des uns et des autres devaient être jetée par-dessus bord afin de pouvoir former rapidement un gouvernement fédéral !  

Bref, il n'est élu par personne mais il est le "chef de l'Etat" (et accessoirement ‘’le chef des armées’’), et il interfère régulièrement dans la vie politique ! Il est toujours beaucoup question de '’l'institutionnel" dans ce pays -et pour cause !-, mais il serait temps de sortir de ‘’l'Ancien régime’’ et de se débarrasser une fois pour toutes de cet archaïsme que constitue un régime dynastique, où un individu dispose d'un statut et d'une fonction grâce à son hérédité et à sa place dans un ‘’ordre de succession’’ ! Vite, une République, voire deux... en cas d'implosion de la Belgique !

14:18 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |