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04 juin 2023

"BOUQUINAGE" - 259

"Ceci constitue une aubaine pour le néolibéralisme des sociétés occidentales, qui requiert une soumission à l’ordre du marché et la fructification du capital à quoi chaque humain productif est réduit. L’engouement pour l’homme augmenté signale la dernière version de la servitude volontaire : réclamer toujours davantage de moyens technologiques pour être un animal laborans efficace, proactif et infatigable… Faute de vouloir imaginer ce qui serait le mieux, on préférera encourager la production de plus, toujours plus !"

[Jean-Michel BESNIER]

 

 

"L’homme augmenté est un grand classique de la littérature de science-fiction. Il y prend la figure du mutant, fruit de quelque accident ou évolution génétique lui donnant des capacités surhumaines, mais aussi de l’humain complété par de multiples technologies, juste à sa main, tel le smartphone, ou plus invasives, à la façon d’une puce implantée dans son corps, le rendant en théorie “meilleur”, plus “efficace” ou plus “intelligent”, lui permettant également d’accéder à d’autres réalités à même de l’enrichir. (…)

Dans les sociétés occidentales marquées, hier comme aujourd’hui, par un même credo dans la capacité des nouvelles technologies à nous rendre la vie meilleure, voire à nous changer en humains soi-disant  “supérieurs”, le livre de science-fiction fait plus que jamais fonction de paratonnerre. Par la puissance de ses récits, parfois indémodables, il nous permet de décrypter certains discours entre le marketing et une propagande ne pouvant s’avouer comme telle. Et il nous offre ainsi une salutaire prise de recul.

De fait les meilleurs textes sur l’humain augmenté le traitent sous l’angle de la critique sociale et politique."

[Ariel KYROU]

 

 

"On accepte qu’un roman traite de l’homme augmenté que dans les trois situations suivantes : qu’il soit classé comme un roman de science-fiction ; qu’il soit un essai ; qu’il soit le produit d’un écrivain augmenté dans le sens où l’écrivain utilise le roman, en totalité ou en partie, comme un prolongement de soi.

(…)

Pourquoi la littérature de l’imaginaire, et les dystopies en particulier, nagent-elles en pareille disgrâce dans le milieu de la littérature blanche française ? (…) Pourquoi le reste du monde juge-t-il avec une si grande légèreté les genres, tandis que nous, en France, on se pince le nez et on détourne le regard ?"

[Diana FILIPPOVA]

 

 

"Les métavers apportent l’espoir à tout un chacun de devenir un héros virtuel, mais ne promettent pas un nouveau monde.

Tel un Far West virtuel, les métavers prolongent la société occidentale, il s’agit d’une fuite en avant où la conquête des terres virtuelles est portée par l’espoir que rien ne change, et ce malgré l’urgence environnementale et la montée en puissance de préoccupations sociétales."

[Fanny PARISE]

 

 

 

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11 février 2023

"BOUQUINAGE" - 146

"Nous faisons partie d'un système clos, une bulle fragile dans l'espace. Tout ce que nous injectons dans ce système nous revient sous une forme ou sous une autre. Ce que ne réalisent pas ceux qui nient l'idée même d'un changement climatique est que notre planète ne court absolument aucun danger. Par contre, l'environnement qui a conduit à l'essor de l'espèce humaine, lui, est en péril, et en péril immédiat. Si nous n'agissons pas rapidement, le système naturel dans lequel nous vivons se réorganisera comme tous les systèmes le font : il trouvera un nouveau point d'équilibre dans lequel notre civilisation aura, ou n'aura plus, sa place."

 

 

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26 octobre 2022

"BOUQUINAGE" - 38

 

"1°. Il est vrai que les armes absolues font peser sur l’humanité une effroyable menace. Mais c’est dans la mesure où elles sont entre peu de mains qu’elles ne sont pas utilisées. La société humaine moderne ne se survit que parce qu’un très petit nombre d’hommes possède la décision.


2°. Ces armes absolues ne peuvent aller qu'en se développant. Dans la recherche opérationnelle d’avant-garde, la cloison entre le bien et le mal est de plus en plus mince. Toute découverte au niveau des structures essentielles est à la fois positive et négative.D’autre part, les techniques, en se perfectionnant, ne s’alourdissent pas : tout au contraire, elles se simplifient. Elles font appel à des forces qui vont en se rapprochant des élémentaires. Le nombre d’opérations se réduit, l’équipement s’allège. À la limite, la clé des forces universelles tiendra dans le creux de la main. Un enfant la pourra forger et manier. Plus on ira vers la simplification-puissance, plus il faudra occulter, hausser les barrières, pour assurer la continuité de la vie.


3°. Cette occultation se fait d’ailleurs elle-même, le véritable pouvoir passant entre les mains des hommes de savoir. Ceux-ci ont un langage et des formes de pensée qui leur sont propres. Ce n’est pas une barrière artificielle. Le verbe est différent parce que l’esprit se trouve situé à un autre niveau. Les hommes de savoir ont persuadé les possédants qu’ils posséderaient
davantage, les gouvernants qu’ils gouverneraient davantage, s’ils faisaient appel à eux. Et ils ont rapidement conquis une place au-dessus de la richesse et du pouvoir. Comment ? D’abord en introduisant partout l’infinie complexité. La pensée qui se veut directrice complique à l’extrême le système qu’elle veut détruire pour le ramener au sien sans réaction de défense, comme l’araignée enveloppe sa proie. Les hommes dits “de pouvoir”, possédants et gouvernants, ne sont plus que les intermédiaires dans une époque qui est elle-même intermédiaire.


4°. Tandis que les armes absolues se multiplient, la guerre change de visage. Un combat sans interruption se livre, sous forme de guérillas, de révolutions de palais, de guet-apens, de maquis, d’articles, de livres, de discours. La guerre révolutionnaire se substitue à la guerre tout court. Ce changement de formes de la guerre correspond à un changement de buts de l’humanité. Les guerres étaient faites pour “l’avoir”. La guerre révolutionnaire est faite pour “l’être”. Jadis, l’humanité se déchirait pour se partager la terre et y jouir. Pour que quelques-uns se partagent les biens de la terre et en jouissent. Maintenant, à travers cet incessant combat qui ressemble à la danse des insectes qui palpent mutuellement leurs antennes, tout se passe comme si l’humanité cherchait l’union, le rassemblement, l’unité pour changer la Terre. Au désir de jouir, se substitue la volonté de faire. Les hommes de savoir, ayant aussi mis au point les armes psychologiques, ne sont pas étrangers à ce profond changement. La guerre révolutionnaire correspond à la naissance d’un esprit nouveau : l’esprit ouvrier. L’esprit des ouvriers de la Terre. C’est en ce sens que l’histoire est un mouvement messianique des masses. Ce mouvement coïncide avec la concentration du savoir. Telle est la phase que nous traversons, dans l’aventure d’une hominisation croissante, d’une assomption continue de l’esprit."

 

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19 octobre 2021

Critique(s)

"Marx a sous-titré Le Capital, comme les Grundrisse, Critique de l'économie politique, et Lénine soulignait déjà que Marx ne se place jamais sur le terrain économique dans ses analyses, car il conçoit la production comme un acte biologique de métabolisme entre l'homme et la nature. Ainsi, écrivait Marx en 1844 dans ses Manuscrits parisiens, il pourra ne plus y avoir qu'une seule science sous le communisme, celles des sciences de la nature.
 
(...)
 
Cette critique de l'éducation  –comme l'a été celle de l'économie politique– est fondée essentiellement sur des critères de classe soulignant le caractère faussement impartial et objectif de toutes les institutions existantes qui trouvent finalement leur explication dans l'économie.
 
D'emblée, Marx ramasse en une synthèse formidable les caractéristiques de la bourgeoisie, qu'il définit d'une manière qui peut paraître paradoxale à certains : «l'argent et la culture en sont les deux critères essentiels» [Critique du droit politique de Hegel]
 
(...)
 
A mesure que se développe la division du travail, le savoir, l'art et la culture se séparent des producteurs, passent dans les superstructures et sont monopolisés par les classes dominantes"
 
 
[Roger Dangeville, Présentation de textes de Karl Marx et Friedrich Engels sur la Critique de l'éducation et de l'enseignement, Maspéro, 1976]
 
 
 

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