28 avril 2017
L'intox du "moindre mal"
5 jours après le premier tour de l'élection présidentielle, l'obsession des médias reste Jean-Luc Mélenchon. Certes, il s'agit de salir et de nuire tant et plus. Mais ils confirment ainsi -à coup sûr involontairement- la place centrale du porte-voix de la France Insoumise dans la politique hexagonale !
Le nouveau cheval de bataille de la caste politico-médiatique est l'appel au vote pour son candidat, Emmanuel Macron. Ou plus exactement le refus de donner une consigne explicite en ce sens ! Un crime de lèse-oligarchie immédiatement amalgamé avec un soutien au FN ! Et l'occasion de continuer à stigmatiser les Insoumis qui refusent de s'aligner docilement derrière la bannière des « importants»...
On assiste ainsi depuis dimanche à une mise en scène hallucinante.
L'électorat est infantilisé. Il est bombardé d'injonctions et de recommandations impératives. Tout se passe comme si les citoyens étaient dénués de capacités réflexives et devaient être accompagnés jusque dans l'isoloir ! Pourtant, ils ont un cerveau au moins aussi développé que les donneurs de leçons d'une certaine presse, et sont donc parfaitement capables de se déterminer de manière autonome.
Rappelons que le corps électoral n'appartient à personne. Ni à Mélenchon ni à ses adversaires. A force de l'oublier et de considérer les électeurs comme des objets passifs et non des sujets actifs, ceux-ci -excédés- pourraient être tentés de voter finalement Le Pen, histoire d'adresser un bras d'honneur au système !
Dans une élection -il est utile de s'en souvenir!- on ne vote pas seulement «contre», on vote surtout «pour». Pour un projet et un programme politiques, pour une conception de la société, pour une vision du monde, pour un avenir souhaité.
Dès lors, lorsqu'il reste deux candidats en lice, pourquoi faudrait-il obligatoirement choisir l'un ou l'autre, par dépit ? Il est tout aussi légitime, en fonction des convictions de chacun(e), de préférer d'autres voies. Et donc aussi de ne soutenir aucun des prétendants à la fonction de monarque de la 5ème république !
Ceux qui prônent l'abstention (ou le vote blanc) renvoient «dos-à-dos Macron et Le Pen » affirment de belles âmes, les mêmes qui ont insulté Jean-Luc Mélenchon pendant des mois, les mêmes qui n'hésitent jamais à mettre dans le même sac la France Insoumise et le FN au nom du slogan foireux des «extrêmes qui se rejoignent», et les mêmes qui affirment que «leurs programmes sont similaires» ! Culotté...
Sauf que les Insoumis ne se contentent pas de discours et combattent de longue date les fascistes sur le terrain et dans les urnes . Si l'extrême-droite n'a pas réussi à atteindre le résultat qu'elle espérait et que lui promettaient certains sondages, c'est grâce au travail de reconquête de l'électorat ouvrier accompli par la France Insoumise et grâce à ses 20 % . Et le 23 avril, c'est Jean-Luc Mélenchon qui a obtenu le plus de suffrages dans la jeunesse, ce qui loin d'être anodin !
C'est le moment de rappeler que 5 années au pouvoir du PS ont débouché sur un gain d'1.200.000 voix pour Le Pen ! Et que son parti n'a cessé de progresser sous les quinquennats de Chirac, Sarkozy et Hollande ! Ceux qui prétendent dresser un barrage aujourd'hui contre le FN sont ceux qui ont contribué à le fortifier, en renforçant les inégalités, en laissant la pauvreté s'installer et le chômage s'envoler !
Le choix serait donc entre la bête immonde et des politiciens qui la nourrissent depuis tant d'années, l'alternative se résumerait à trancher entre le pire et ceux qui fabriquent en permanence ce pire !
Face à ce dilemme, la France Insoumise consulte ses 450.000 partisans conformément à l'engagement pris il y a plusieurs mois. L'objectif n'est pas d'aboutir à une décision contraignante ; il s'agit d'établir un état des lieux sur le positionnement du mouvement.
Il existe 3 options possibles : le bulletin Macron, le vote blanc, l'abstention.
Ma position : il faut éviter de tomber dans le piège tendu par les dominants et leurs affidés. Macron -qui bénéficie d'un large soutien du patronat, des médias, de la droite et du PS!- va l'emporter. Le Pen est utilisée comme repoussoir dans un jeu de rôle bien rôdé. Le but visé ? Le «candidat marcheur» doit obtenir un maximum de voix pour qu'il puisse gagner en légitimité, afin de pouvoir mettre en oeuvre demain une politique conforme aux intérêts du capitalisme financier, une politique autoritaire et austère dans la continuité de ses prédécesseurs, une politique respectueuse des choix ultra-libéraux des instances dirigeantes de l'UE ! Au passage, il s'agit également de jeter le discrédit sur la France Insoumise pour tenter de la briser, car les 7 millions de suffrages du premier tour leur restent en travers de la gorge...
Si j'étais Français, je m'abstiendrais. Car on ne peut vaincre l'extrême-droite en bradant son indépendance et en accrochant son wagon au train fou de l'oligarchie financière !
Maintenant, comme l'ont justement rappelé les porte-parole insoumis, les différentes alternatives proposées sont toutes estimables et défendables. Dès lors, la première priorité à ce stade est d'éviter des fractures internes et de rester groupé. Car dans 12 jours, la page présidentielle sera tournée et une autre bataille électorale sera immédiatement engagée, celle des élections législatives. Il sera alors crucial pour la France Insoumise d'envoyer un maximum de députés à l'Assemblée nationale pour s'opposer aux politiques mortifères qui seront déployées, et pour servir de relais aux inévitables luttes sociales du futur quinquennat.
Le long combat pour l'émancipation humaine a commencé il y a bien longtemps mais il est toujours à continuer...
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Les élections législatives : un défi périlleux
Il ne faut pas tourner autour du pot. Les 11 et 18 juin prochains, rien ne sera simple.
Une élection présidentielle est une élection nationale, avec une campagne centralisée et structurée autour d'un(e) candidat(e). Et pour ce qui concerne la France Insoumise, quel candidat !
Les élections législatives, ce sont des centaines de circonscriptions et des centaines d'affrontements électoraux avec des centaines de candidat(e)s. Même si la volonté est de mener une campagne autour d'un seul programme et de principes identiques, il sera difficile d'éviter les particularités régionales/locales, il sera difficile de ne pas tenir compte de l'existence de fiefs tenus par les partis traditionnels, il sera difficile d'éviter la confrontation avec des baronnies en place. Et puis, le système électoral à deux tours pose toujours la délicate question du report des voix, et donc d'éventuelles «alliances», durables ou de circonstance.
On le voit, les écueils seront nombreux et les excellents scores de Jean-Luc Mélenchon, dans une série de grandes villes et de régions, ne garantissent pas automatiquement un succès aux législatives. Il va falloir batailler âprement, loin de toute euphorie !
A suivre...
15:55 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook | |
Commentaires
J'abonde à 100% votre billet
Écrit par : nanougk33anne-marie.kleckne | 28 avril 2017
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