01 mai 2019
Le 26 mai, je vote PTB !
Depuis la fin de la période d'expansion économique de l'après guerre, au milieu des années 70 du siècle dernier, l'austérité et la régression sociale sont devenues le quotidien des peuples.
Depuis la victoire de Ronald Reagan aux Etats-Unis et l'arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher en Grande Bretagne, avec le déferlement de la vague «néo-libérale» au tournant des années 80, l'offensive du capital contre le travail n'a cessé de s'amplifier.
La Belgique n'y a pas échappé. Depuis 40 ans, tous les gouvernements qui se sont succédé, tous les niveaux de pouvoir, toutes les majorités -quelles que soient leur composition-, ont repris en long et en large les mêmes recettes austères : blocage des revenus du plus grand nombre au nom de la course à la «compétitivité» ; déséquilibre organisé du système fiscal ; flexibilité sans cesse accrue du travail ; déréglementation et privatisations ; désagrégation des protections sociales; inertie coupable face aux restructurations d'entreprises massives et à la transformation de l'emploi en «variable d'ajustement»...
Avec les mêmes conséquences directes : déstructuration du tissu économique, chômage de masse, croissance des inégalités, pauvreté persistante.
Avec les mêmes dégâts collatéraux, en termes de recul des libertés démocratiques et de perte de souveraineté populaire.
Et sans la moindre remise en cause de notre modèle de production et d'échange, dévastateur pour nos écosystèmes, et menaçant pour l'avenir des êtres vivants de notre planète !
Tous les partis traditionnels portent une lourde responsabilité dans cette inquiétante trajectoire sur les plans social et environnemental. Les trois familles historiques, bien sûr : «socialistes», «chrétiennes» et «libérales». Mais aussi les «écologistes», rapidement fascinés par l'exercice du pouvoir et régulièrement en phase avec leurs adversaires/partenaires, qui ont métamorphosé l'«autre manière de faire la politique» en une autre manière de s'accommoder du capitalisme et de la doxa (néo-)libérale !
Il n'est pas fortuit que tous sont acquis à la construction d'une Union européenne où «la concurrence est libre et non faussée». Ils n'ont d'ailleurs pas contesté les «traités» qui figent dans le marbre étoilé les orientations libérales. Maintenant encore, aucune de ces formations ne revendique la sortie de ces traités qui constituent pourtant un obstacle à la mise en œuvre de toute réelle politique alternative !
A moins d'un mois de la triple élection du 26 mai se pose donc à nouveau, et avec acuité, la question du choix d'une voie radicalement différente.
Bref, l'audace ou l'enlisement !
Les grandes mobilisations de la jeunesse «contre le réchauffement climatique» ont popularisé la notion d'«urgence». Le temps presse, en effet ! Une rupture est nécessaire, un changement de cap est indispensable : en faveur d'une autre politique économique et sociale, en faveur d'une autre politique sociétale, en faveur d'une autre politique environnementale, en faveur d'autres choix démocratiques.
Inutile de tourner autour du chaudron électoral : c'est impensable avec les mêmes partis dans le cadre des mêmes configurations politiques ; c'est illusoire avec les mêmes combinaisons politiciennes «droite/gauche-gauche/droite» et la même vieille «politique de collaboration de classe» ; c'est irréaliste en continuant à respecter religieusement le capitalisme !
Dès lors, que faire dans 26 jours ?
Pour ce qui me concerne, il est exclu que je vote pour le PS ou Ecolo qui, dès le lendemain de l'élection, en fonction des résultats, n'hésiteront pas à discuter, avec des représentants de la droite, la constitution de majorités aux différents niveaux de pouvoir...
Il reste donc le PTB !
Certes, je reste critique vis-à-vis du parti de Raoul Hedebouw, un parti pour lequel je n'ai pas de connivence idéologique particulière, lui qui est issu d'une tradition maoïste qui n'est pas la mienne, et lui qui reste parfois ambigu concernant l'histoire du XXème siècle. Néanmoins, il a évolué et on ne peut amalgamer la formation qui était dirigée hier par le stalinien revendiqué Ludo Martens et la formation présidée aujourd'hui par Peter Mertens.
Certes, le fonctionnement de ce parti est toujours caractérisé par une certaine opacité, et les quelques dérapages récents en matière de casting interpellent, même si des «erreurs de jeunesse» sont inévitables à ce niveau et à ce stade.
Certes, ce parti s'accroche au «belgicanisme», sous-estime l'existence d'une «question nationale» et ignore le principe fondamentalement démocratique du «droit des peuples à disposer d'eux-mêmes».
Certes, ce parti demeure focalisé sur sa seule construction et ne recule pas devant des manœuvres pour le moins discutables. En 2014, une «Gauche d'Ouverture» (GO), rassemblant des militant(e)s de différents horizons, avait activement soutenu la campagne du PTB -plus, elle y avait été associée !-, contribuant notamment à l'élection d'un député dans le Hainaut. Mais au lendemain du scrutin, les amis de Marco Van Hees ont vite tourné la page et cette initiative -qui aurait pu connaître des développements intéressants!- est restée sans suite. Toutefois, il faut être juste : de son côté, la GO -trop hétéroclite ?- fut incapable de s'organiser pour pérenniser son existence, facilitant ainsi sa propre disparition !
Certes, ses alliances au niveau international restent déterminées par la «priorité aux communistes». Ainsi, le PTB aurait pu se rapprocher plus nettement de la France Insoumise qui, avec Podemos (Espagne), le Bloco (Portugal) et trois formations de la gauche radicale nordique, a construit le mouvement européen « Maintenant le peuple ». Une indécision que je regrette et qui n'est sans doute pas étrangère à sa proximité affichée avec le PCF.
Mais ces réserves ne doivent pas cacher ce qui différencie le PTB d'avec la «gauche» engluée dans la gestion des intérêts du capital.
Le PTB continue à se positionner sur le terrain de l'anticapitalisme. Un exemple : dans le débat sur la «crise du réchauffement climatique », il est le seul (1) à expliquer que la perspective d'un «capitalisme vert» est un leurre et qu'une rupture avec ce système est indispensable. Ce qui a aussi des conséquences concrètes immédiates : ainsi, le PTB n'oppose pas le social et l'environnemental, et il refuse -entre autre- toute « taxation verte » (les fameuses « taxes carbone » et autres « écotaxes ») qui pénaliserait injustement la population, préconisant à juste titre de faire payer les véritables responsables, en premier lieu les multinationales et les grandes entreprises...
Il faut d'ailleurs souligner que le programme du PTB est un programme très consistant, sur le plan qualitatif et... quantitatif (une «brique» de près de 250 pages !). Je ne partage pas nécessairement toutes les analyses et toutes les mesures énumérées dans ce long document, mais j'ai finalement très peu de divergences sur l'essentiel.
Le PTB est un parti combatif, présent dans toutes les luttes, et ses députés sont de précieux relais de celles-ci dans les enceintes parlementaires. Par ailleurs, durant toute la législature, et souvent seuls contre tous, ils ont combattu pied à pied la politique gouvernementale dans ses différents aspects, et ils ont fait entendre pendant 5 ans une voix radicalement discordante dans les institutions.
Enfin, sur la problématique européenne, à mes yeux décisive, le PTB est également le seul à se montrer tranchant et à annoncer clairement la couleur : il faut briser les traités d'austérité européens !
Un dernier point. La FGTB souhaite un «rassemblement des gauches», probablement difficile à matérialiser au niveau fédéral mais sans doute possible en Wallonie. En théorie tout au moins. Car dans la pratique, l'absurde posture du «ni... ni...» d'Ecolo, les exclusives répétées de sa direction (2), la frilosité du PS concernant un tel débouché, les incompatibilités programmatiques des uns et des autres, rendent peu vraisemblable la concrétisation de ce scénario !
Il sera difficile d'avancer dans cette voie sans une modification du rapport des forces et sans une gauche radicale qui devienne incontournable !
Une raison supplémentaire de voter massivement pour le PTB. Une multiplication par 4 ou par 5 du nombre de ses députés représenterait déjà un pas en avant appréciable dans cette longue marche.
Dès lors, sans hésitation, le 26 mai, je voterai PTB !
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Lorsque j'écris qu'il est «le seul», je parle uniquement des partis politiques qui disposent d'une force de frappe et d'une représentativité large, y compris au niveau parlementaire. Je ne parle pas des petits groupes d'extrême-gauche qui revendiquent un plus grand « révolutionnarisme » mais qui pèsent très peu dans la vie politique à cause de leur réalité marginale. On peut le regretter, mais c'est un fait !
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Jean-Marc Nollet a répété que cela n'irait pas, ni avec la N-VA, ni avec le PTB. Et de fanfaronner, lors d'un débat avec... Bart De Wever: «je suis vacciné contre le communisme» ! Voir : https://www.lecho.be/dossiers/elections-2019/les-13-phrases-a-retenir-du-debat-de-wever-nollet/10113431.html
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