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10 juin 2024

SÉISMES

 
Comme on pouvait le craindre, les différentes élections de ce 9 juin ont matérialisé un glissement vers la droite et l’extrême-droite de l’échiquier politique. Il s’agit même d’un véritable basculement, tant les scores enregistrés par le MR et Les Engagés dans la partie francophone du pays, et par la N-VA et le VB dans la partie néerlandophone, dépassent largement les prévisions des sondages qui leur étaient les plus favorables. Même en Wallonie, les droites ont cartonné et toute perspective d’une majorité des "gauches" ou des "progressistes", peu importe la terminologie, est désormais hors d'atteinte !
 
Il serait vain de se cacher derrière son petit doigt ou d’essayer d’embrouiller la situation en ayant recours à la langue de bois. Ce séisme est le reflet d’un glissement très droitier de l’électorat : manifestement, les citoyen(ne)s sont aujourd’hui plus sensibles aux thématiques sécuritaires ou liées aux migrants qu’aux thématiques de justice sociale ou de justice climatique. Inquiétante aussi cette avancée dans l’imaginaire collectif des valeurs de la compétition et de "l’inégalitarisme " : les pauvres sont de plus en plus pointés du doigt et le discours sur les "assistés" répété en boucle par les ténors libéraux de toute obédience fait mouche. L’homophobie, la détestation de ce qui est différent et même le sexisme, par delà les grandes déclarations et en dépit du mouvement "Me Too", regagnent également du terrain.
 
Les reculs voire les déroutes spectaculaires des partis "socialistes" et "écologistes" ne sont pas le fruit du hasard, mais une conséquence de leur acharnement à se vautrer dans des alliances "contre-nature", leur abandon de toute perspective alternative et de tout combat pour un vrai changement de société, au profit d’une morne gestion du capitalisme. Leur discrédit est ainsi de plus en plus grand, et le désarroi que leur comportement génère s’accroît au fil des ans !
 
C’est dire si les prochains mois et les prochaines années vont être difficiles pour "ceux d’en bas", avec une nouvelle offensive austéritaire et de nouvelles remises en question des "conquis" historiques de la classe ouvrière. C’est dire aussi qu’il n’y aura aucune action vigoureuse pour enrayer la catastrophe écologique, tant les priorités des droites sont la défense des intérêts du capital et la garantie d’une "concurrence libre et non faussée", au détriment de la préservation de la planète. Le productivisme et l’extractivisme ont décidément de beaux jours devant eux, et les illusions d’un "capitalisme vert" des écologistes et sociaux-libéraux n’ont évidemment pas contribué à renverser les représentations dominantes véhiculées par notre mode de production et de consommation gangrené par le fric.
 
Il faudra également être attentif aux dérives "autoritaristes" des projets néo-libéraux et, en matière de politique internationale, ce ne sont pas les gouvernements qui se profilent qui agiront pour stopper le génocide à Gaza, ou édifier un monde plus juste et plus "humain" !
 
Seule (maigre) consolation dans cette dévastation, le maintien global du PTB : il progresse (un peu) en Flandre et nettement à Bruxelles, mais il recule en Wallonie où il n’avait par ailleurs pas déposé de listes dans la province du Luxembourg, faute de structuration suffisante...
 
Et maintenant ? Il est un peu prématuré, quelques heures après ce coup de massue, d’élaborer de grandes stratégies sur papier ! Il est certain qu’il y aura un difficile travail de construction et de reconstruction, avec au minimum un retour aux "fondamentaux" de gauche. Il est certain également qu’il faudra tenter de reconstruire un rapport de forces en s’appuyant prioritairement sur les luttes et des formes d’auto-organisation par "en bas". Et il serait sot de ne pas travailler à une plus grande unité des "forces de progrès".
 
Mais à chaque jour suffit sa peine et l’heure est maintenant à la réflexion critique en s’appuyant sur un bilan lucide et sans concessions de ce dimanche noir !
 
NB : à de rares exceptions près, les tendances au niveau de l’UE sont évidemment semblables aux nôtres. Mais la complexité de l’échafaudage communautaire européen et les spécificités nationales nécessitent une analyse ad hoc approfondie...

09:01 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) |  Facebook | |

Commentaires

Brillante analyse, Alain. J’aimerais pouvoir contredire tes propos en m’assurant du contraire ; d’y garder confiance et espoir, mais hélas…

Écrit par : Thibault | 10 juin 2024

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