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28 juillet 2025

POLARS EN BARRE [1]

  • 3539182806.3.jpg"Le roman noir est en effet constitutif de la notion de "critique sociale", et cela depuis son officielle création, aux États-Unis, dans les années 1920. Très vite, des auteurs, que l’on a appelés hard-boiled [dur à cuire], ceux qui ont connu la boucherie de la récente grande guerre et qui, de ce fait, n’ont plus beaucoup d’illusions, ne se contentent plus du "qui a tué ?", mais tendent plutôt à dire "pourquoi ?". A cette époque, aux États-Unis, la violence s’impose, surtout en milieu urbain, effet pervers de la Prohibition, formation des ghettos, misère et guerres sociales, corruption politique, gangstérisme. Ensuite, autour de la crise de 29, la pauvreté s’installe durablement chez les plus faibles (Les Raisins de la Colère de John Steinbeck, 1939), alors que le Capital se porte, quand même, assez bien, et que les riches en profitent de plus en plus cyniquement (de ce côté, ça n’a pas beaucoup changé). Le personnage prédominant du policier qui, jusqu’à présent, ne portait que peu de jugements sur ce qu’il représentait — l’ordre, la loi, la justice et la morale officielle — cède peu à peu le pas à celui du détective privé qui, lui, plus libre, et souvent en bisbille avec les policiers qui trouvent que c’est un "fouille-merde", ce qui dit tout, ce qui en dit long, devient une sorte de révélateur de l’état social et moral de la société. Il est généralement seul (souvent macho), dépressif, sans illusions, voire pessimiste actif, alcoolique et quelquefois violent (il sait se battre). Il est opiniâtre, puisqu’il s’intéresse plus aux faits qu’aux discours convenus et hypocrites. Il sait parler, discourir, tchatcher, vanner, manier la langue, s’imposer par la dialectique et surtout l’humour."

 

Jean-Bernard Pouy

 

 

 

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