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07 mai 2017

Et maintenant ?

 

Sans surprise et sans problème, Emmanuel Macron est le nouveau monarque de la 5ème République. Et, faute de nouvelle constitution, il devrait le rester jusqu'à l'horizon 2022 !

 

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Marine Le Pen, battue sèchement, apparaît pour ce qu'elle était réellement dans ce second tour : un repoussoir valorisé par les faiseurs d'opinion pour effrayer les citoyens lambda, et un prétexte supplémentaire pour discréditer la France Insoumise et Jean-Luc Mélenchon.

Tout cette mise en scène est désormais derrière nous.

Dès demain, il faudra reprendre le chemin du combat, sous toutes ses formes.

Et tout va maintenant aller vite. Dans quelques jours, Macron formera un gouvernement pour quelques semaines et ce couple provisoire s'activera pour remporter une majorité à l'Assemblée nationale. Dans cette conquête, les alliés de poids ne manqueront pas. Toute une caste politico-médiatique, liée à l'oligarchie financière, va ainsi mettre ses immenses moyens à la disposition de ce président qu'elle a fabriqué.

C'est dire si les législatives organisées en juin seront déterminantes pour la suite.

Traditionnellement, les électeurs donnent au chef de l'Etat fraîchement élu les moyens de sa politique. Et les sondages indiquent -déjà!- que son mouvement En Marche devrait devenir le groupe parlementaire dominant.

Mais attention, la campagne va seulement commencer, et la situation est sensiblement différente des précédentes séquences élection présidentielle/élections législatives.

Auparavant, se retrouvaient face-à-face un «bloc de droite» et un «bloc de gauche». En 2007 Sarkozy contre Royal, en 2012 le même Sarkozy contre Hollande, avec leurs partis et leurs alliés respectifs rassemblés derrière eux.

Aujourd'hui, le premier tour a montré un paysage politique beaucoup plus éclaté, où 4 composantes assez proches ont totalisé plus de 80 % des voix des électeurs qui se sont exprimés ! Sans le PS, parti au pouvoir depuis 5 ans, exclu de ce groupe de tête et en pleine déroute électorale : 6,3 % !

La droite traditionnelle (LR et Fillon) a échoué. Elle n'a pu atteindre le tour décisif, ce qui n'était jamais arrivé dans l'histoire de cette République imposée par De Gaulle ! Un véritable séisme...

Naturellement, ce mauvais résultat a été largement compensé par l'irruption gagnante d'un autre candidat de la finance, confirmant le glissement à droite du centre de gravité politique.

D'autant que l'extrême-droite confirme sa forte implantation électorale, sans toutefois être en capacité de passer le palier de la victoire ultime, entravée cette fois par la percée du mouvement des Insoumis.

Phi rouge.jpgDes gravats d'une «gauche» laminée, seule a en effet émergé la France Insoumise, sans parvenir néanmoins à franchir l'obstacle. Elle a porté un projet politique inédit, refusant de privilégier les étiquettes et les logos, avec la volonté de «fédérer le peuple» autour d'un «programme conçu pour répondre positivement aux défis de notre temps», et avec l'ambition de conquérir le pouvoir par une «révolution citoyenne».

Cette configuration surprenante, où des piliers du système sont ébranlés et où du neuf commence à apparaître, annonce sans doute quelques bruyantes recompositions.

«Le PS d'Epinay est mort» ont proclamé sans tarder les Valls, Cazeneuve et autre Cambadélis. Mais par quoi vont-ils le remplacer, pour quelles perspectives et avec qui ? L'ombre d'un «parti démocrate» à l'américaine agite de longue date l'état-major social-libéral. Et on suivra avec curiosité les réactions des amis de Benoît Hamon, en mauvaise posture pour concrétiser leur installation à la rue de Solférino...

A droite et à l'extrême-droite, des «nuits des longs couteaux» ne sont pas à exclure.

Du côté du FN, il est cependant douteux que la dynastie Le Pen doive s'effacer. N'oublions pas que l'histoire récente démontre que ce ne sont pas les péripéties électorales qui déterminent sa prospérité, mais l'incapacité des partis au pouvoir à apporter des réponses aux problèmes des gens. Ce qui n'exclut pas des ajustements stratégiques...

Du côté des «Républicains», la bataille pour le leadership a commencé, si tant est qu'elle ait cessé un moment ! Avec à la clé un renouvellement des cadres et l'arrivée de figures plus jeunes, du style Baroin, d'ores et déjà désigné pour conduire la campagne qui vient. Dans le but affiché de permettre au parti actuellement dans les cordes de se refaire la cerise, voire de redevenir immédiatement un acteur incontournable pour la construction d'une prochaine majorité gouvernementale.

Et puis, il y a «En marche» qui va devoir se structurer. Apparemment, il se reconvertirait rapidement en parti politique, car Macron a besoin d'un appui durable et fiable, dans une période à venir qui sera marquée par l'instabilité et de probables troubles de toute nature.

Reste la France Insoumise. Certes, 7 millions de voix pour Jean-Luc Mélenchon -soit 3 de plus qu'en 2012 !- représentent un résultat prometteur. Surtout dans le contexte défavorable d'une déroute généralisée du «camp progressiste», lourdement sanctionné pour la présidence médiocre de François Hollande, combinaison de renoncements et de trahisons, alors que ses promesses de «changement» étaient pourtant à l'origine bien modestes !

 

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Les 19,6 % engrangés ne compensent évidemment pas l'effondrement du PS et la persistance du caractère marginal de l'extrême-gauche (moins de 2 % pour LO et le NPA !).

Bien sûr, les scores de la France Insoumise varient fortement d'une région à l'autre. Bien sûr, la France Insoumise est arrivée en tête dans de grandes villes (Marseille, Toulouse ou Lille). Les possibilités sont donc réelles d'obtenir un nombre significatif de députés.

Mais ici, pas d'élection unique avec un seul candidat, mais 577 batailles électorales avec des particularités propres, dans des circonscriptions découpées et taillées sur mesure pour les partis installés, avec des baronnies bien accrochées et des politiciens roublards qui connaissent «leur  terrain de prédilection». Et un scrutin qui n'est toujours pas proportionnel, mais à 2 tours, avec ce que cela entraîne en matière de réserve et de report de voix au moment décisif !

Une donnée loin d'être secondaire, d'autant que les rapports entre Insoumis et PCF restent tendus. On se souvient que l'engagement dans la bataille de la présidentielle annoncé par Jean-Luc Mélenchon, en février 2016, avait suscité peu d'enthousiasme dans les hautes sphères de la Place du Colonel Fabien. On se souvient des quolibets et invectives de certains dirigeants communistes, reprenant à leur compte les thématiques du «Mélenchon Bonaparte», de «l'ego démesuré de Mélenchon», du « Mélenchon homme seul», etc. Pendant des mois, ceux-là ont alimenté sans vergogne le «tout sauf Mélenchon». Pendant des mois, ils ont exigé que «Mélenchon participe à la primaire de la gauche». Pendant des mois, ils ont appelé au «rassemblement». Puis, en novembre 2016, l'appareil s'est majoritairement mobilisé contre un appui à la campagne de la France Insoumise et de son candidat. Ce sont finalement les adhérents qui ont tranché en faveur de ce soutien, mais à une courte majorité de 53 % ! Bref, le PCF a d'abord été longtemps réticent, avant de basculer dans la dernière ligne droite, lorsque la force propulsive des Insoumis était au rendez-vous. Et maintenant, certains de ses cadres essaient de récupérer le bon résultat obtenu, et on voit déjà des tracts et des affiches de candidats du PCF utilisant l'image de Jean-Luc Mélenchon sans son approbation ! Le climat n'est donc pas au beau fixe et des négociations n'ont d'ailleurs pas encore abouti. Il pourrait tout de même y avoir des accords de désistement réciproque limités à quelques dizaines de circonscriptions, faute de mieux. Réponse, en principe, le 9 mai au plus tard.

Indépendamment de ce paramètre, rien ne sera évident. Il faudra nécessairement miser sur une nouvelle campagne nationale forte, à même de prolonger la dynamique des dernières semaines et susceptible de remobiliser toutes celles et tous ceux qui s'étaient investis, afin de pouvoir convaincre les 7 millions d'électeurs du tour préliminaire -et même davantage !- de voter les 11 et 18 juin pour les candidat(e)s investis par la France Insoumise.

 

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Un défi ardu, mais à la portée d'un mouvement innovateur qui a démontré qu'il avait du caractère !

Cette échéance sera vraiment décisive car, sans une énorme performance des défenseurs d'un «avenir en commun», les Français vont devoir avaler -durant 5 ans de plus- de nouvelles louches de la potion amère de l'austérité, recommandée par les autorités européennes !

Comme tant d'autres peuples, ils devront alors se mobiliser pour limiter la casse, tout en ne perdant pas de vue la nécessité de construire une alternative politique car, sans relais sur le terrain institutionnel, les combats sociaux les plus âpres s'épuisent.

Dans 35 jours, nous aurons une précieuse indication concernant les rapports de forces politiques dans la France de 2017...

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Bas les masques !



65 % pour Macron, 35 % pour Le Pen !

Il n'y a pas photo.

Ce résultat a au moins un mérite : il met fin aux bavardages, au chantage et aux discours moralisateurs de la confrérie des donneurs de leçons, ressassés en boucle ces deux dernières semaines.

Entendons-nous bien : Il ne s'agit pas de sous-estimer le FN. 35 %, cela reste 35 % de trop !

Il s'agit de souligner l'hypocrisie d'un système. Car naturellement l'extrême-droite n'est pas apparue, inopinément, le 23 avril 2017 !

La fille double le score du père et les «éditocrates», toujours prompts à pourfendre les rebelles, évitent soigneusement d'élucider cette progression ininterrompue étalée sur 3 quinquennats !

Naturellement, ils devraient nous expliquer que leurs médias banalisent et dédiabolisent le FN à longueur de journée. La présidente de ce parti, et ses proches, sont régulièrement les invités des plateaux de télévision et des chaînes radio, ou sont fréquemment à la une de la presse écrite. Et quand ils sont absents, ce sont leurs thèmes de prédilection qui occupent le devant de la scène médiatique, telles la «menace islamique», «l'immigration» ou «l'insécurité» ! Un véritable matraquage nous est ainsi infligé, jour après jour, alors que ce parti prospère tranquillement sur les difficultés quotidiennes du plus grand nombre et sur un désarroi populaire grandissant !

En réalité, toute la logorrhée sur la nécessité de « faire barrage au FN» (en votant obli-ga-toi-re-ment pour Macron !) était de la poudre aux yeux.

La seule «digue» -qui intéresse les oligarques et leurs idiots utiles- est celle qui doit être érigée contre ce qui menace leurs intérêts. Clairement, la France Insoumise et son porte-parole Jean-Luc Mélenchon !

Tous les prétextes ont fait farine au moulin dans cette croisade. Que n'a-t-on entendu concernant le refus de donner une consigne ou la décision de consulter en interne le mouvement ! De grossières insinuations et des insultes répétées quotidiennement. Des propos calomnieux concernant une «complicité objective» entre Insoumis et «frontistes». Des accusations dénonçant la «complaisance» des uns envers les autres ! Des affirmations hasardeuses sur la «proximité» des programmes respectifs. Et bien d'autres délires du même tonneau...

premier mai fi paris.jpgAlors que c'est la France Insoumise qui combat pied à pied le FN sur le terrain et qui lui reprend des électeurs égarés au cours des dernières années. Alors que c'est Jean-Luc Mélenchon qui monte régulièrement en première ligne  (c'est lui qui a affronté directement Le Pen à Hénin-Beaumont, sous les feux de la critique de la presse !). Alors qu'il se retrouve régulièrement traîné devant les tribunaux par le parti xénophobe, qui essaie sans cesse d'intimider ses véritables adversaires !

Et rappelons également que Jean-Luc Mélenchon et Charlie Hebdo avaient demandé, dès les années '90 du siècle dernier, l'interdiction du FN ! Dans l'indifférence générale...

Car là est aussi la contradiction des belles âmes qui n'ont pas de mots assez durs pour dénoncer «le fascisme» ..., enfin juste le temps d'un scrutin. Le FN est un parti légal, qui se présente régulièrement aux différentes élections et qui -comme indiqué plus haut- occupe confortablement un siège permanent dans la sphère médiatique ! Dès lors, pousser des cris d'orfraie, à quelques jours d'un vote décisif, illustre seulement la duplicité et le caractère manoeuvrier des petits marquis de la caste.

Maintenant que Macron est élu comme prévu, quel autre cheval de bataille contre les «mélenchonistes» sortira du chapeau de tous ces charlatans ?

Réponse dans les prochaines heures...

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