09 mai 2023
"BOUQUINAGE" - 233
"Le Dr Freud fit lentement le tour de son bureau et posa une main petite et douce sur l’épaule de mon ami.
– Je peux mettre fin à cette contrainte -du moins pour un moment. Asseyez-vous, je vous prie.
Il indiqua le fauteuil que Holmes venait de quitter et s’assit sur le bord du bureau. Holmes obéit sans dire un mot et attendit, l’air infiniment malheureux et désespéré.
– Connaissez-vous quoi que ce soit à la pratique de l’hypnotisme ? demanda Freud.
– J’en ai quelques notions, répondit Holmes d’un ton las. Avez-vous l’intention de me faire aboyer comme un chien ou marcher à quatre pattes ?
– Si vous acceptez de coopérer, dit Freud, si vous voulez bien me faire confiance, je peux atténuer cet irrésistible besoin pendant un certain temps. La prochaine fois qu’il se fera sentir, je vous hypnotiserai à nouveau. De cette façon, nous réduirons artificiellement votre toxicomanie jusqu’à ce que la chimie de votre organisme parachève l’opération.
Il parlait lentement, en s’efforçant d’atteindre et d’apaiser la vague de panique qui montait en Holmes.
Celui-ci l’observa un long moment lorsqu’il eut fini de parler puis, haussant brusquement ses épaules voûtées, il acquiesça, tout en feignant l’indifférence.
Le Dr Freud, me sembla-t-il, réprima un soupir, puis il s’approcha de la fenêtre en saillie et ferma les rideaux, plongeant ainsi la pièce dans la pénombre. Il se retourna alors vers Holmes qui n’avait pas sourcillé, et déclara, en attirant une chaise et en s’asseyant en face de lui :
– Maintenant je veux que vous vous redressiez et que vous ne quittiez pas ceci des yeux.
– Tout en parlant, il avait sorti de la poche de son gilet la chaîne de montre que j’avais aperçue plus tôt, et il se mit à la balancer lentement d’avant en arrière."
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