30 janvier 2023
"BOUQUINAGE" - 134
"Pauvre Luke, il a bonne mine ! se dit Barron qui se marrait à l'idée que ces quatre types réunis dans une salle enfumée n'avaient qu'un mot à dire pour faire de lui un candidat présidentiel. S'ils savaient que Howards peut les acheter quand il veut un par un et à peu de frais ! Et Bennie n'est qu'un pauvre conard que je me charge de faire tourner en bourrique malgré ses cinquante milliards. Tout ça c'est du show-business, la politique c'est du show-business mais sans la classe, et toutes ces grosses têtes d'enflés sont des types comme vous et moi madame. Au jeu du Bug Jack Barron, même sans ma sellette magique, ils n'ont aucune chance contre moi parce qu'ils sont sérieux et que moi je ne joue que pour la galerie.
Ce fut Kaplan qui récupéra le premier.
— Toujours le même, hein, Jack ! fit le maire de Strip City avec comme un soupçon d'envie dans la voix. Mais ne te leurre pas, cette fois-ci ce n'est plus comme avant, toutes les billes sont en jeu.
— Toutes les billes à toi, peut-être, mais pas les miennes. Et vous feriez mieux de me croire, vous tous, parce que vous perdez votre temps si vous vous figurez que je vais dire amen à n'importe laquelle de vos élucubrations rien que pour avoir l'honneur de vous servir d'homme de paille. Vous avez votre tambouille à faire et moi la mienne. Si nous pouvons nous servir du même feu c'est très bien. Sinon au revoir.
— O.K., nous jouerons selon vos règles, fit Masterson. Je ne sais pas ce que vous voulez, mais moi c'est la tête de Russ Deacon qui m'intéresse. Et Woody veut la même chose. Livrez le morceau, et nous avons assez de voix aux Assises nationales pour vous faire passer.
Voilà donc l'explication, se dit Barron. Oui, ça se comprend. Pauvre Russ, c'est lui qui serait ici à jouer ce jeu dégueulasse si Luke pensait qu'il détenait les bonnes cartes. Ce n'est pas le pouvoir qui corrompt, ce sont les concessions qu'on fait pour l'avoir."
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29 janvier 2023
SFFF - 24 images par seconde [CXXVII]
1990
Misery
Film de Rob Reiner
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"BOUQUINAGE" - 133
"Succès d'édition immédiats, la trilogie de J.R.R. Tolkien mais aussi les romans de C.S. Lewis exercent une influence considérable dès leur sortie, notamment sur la génération contestataire des années 1960. La publication du Seigneur des anneaux correspond au moment où la plupart des pays occidentaux assistent, sous les effets conjugués de l'exode rural, de la mécanisation massive de l'agriculture et du remembrement, à la disparition des sociétés paysannes. Advenue en seulement quelques décennies, cette rupture fondamentale avec des structures sociales qui existaient depuis un millénaire crée un sentiment de vide qui pousse à la production d’œuvres célébrant les communautés rurales traditionnelles. Les historiens s'intéressent ainsi à ce “monde que nous avons perdu” pour reprendre le titre de l'ouvrage de Peter Laslett consacré à la paysannerie anglaise paru en 1965. En France et en Belgique, des bandes dessinées comme Les Schtroumpfs (1958) et Astérix (1959), deux œuvres que l'on peut inscrire dans la fantasy, publiées seulement quelques années après Le seigneur des anneaux, répondent également aux angoisses provoquées par l'urbanisation, l'artificialisation et l'industrialisation en mettant en scène des petites sociétés villageoises et magiques vivant au milieu d'une forêt. Celles-ci tentent de survivre face à un monde globalisant ou terrifiant, incarné soit par les humains dans l’œuvre de Peyo, soit par les Romains dans celle de Goscinny et Uderzo. Dans Le domaine des dieux (1971), le village gaulois où vivent Astérix et Obélix, nouveaux Wolfings, est par exemple confronté à un entrepreneur romain qui souhaite remplacer la forêt alentour par un complexe hôtelier et touristique. Ce récit fait écho aux premiers projets de centres commerciaux dans la campagne proche de Paris, comme Parly 2 ouvert en 1969 à côté de Versailles. La ville modèle pensée par l'architecte Anglaigus n'a en fait que pour but de détruire le mode de vie communautaire et solidaire des villageois en les transformant en petits entrepreneurs, vendeurs de souvenirs pour des touristes venus de la Cité éternelle. Au même moment, Le Hobbit puis Le seigneur des anneaux sont traduits et publiés en France, respectivement en 1969 et 1972-1973."
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