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24 juin 2017

Autour d'un centenaire (1)

Un révolutionnaire sans frontières

 

renouard.jpgFolio Biographies (Gallimard) publie un «Trotsky» de Michel Renouard [1]

Disons le sans détour, cette biographie n'apporte rien de vraiment neuf.

Utilisant abondamment les travaux de référence existants, notamment ceux d'Isaac Deutscher [2] et de Pierre Broué [3], et ayant largement recours à l'autobiographie de Trotsky lui-même [4], il s'agit d'un résumé correct de la vie du révolutionnaire assassiné en 1940.

Ni plus ni moins.

Mais aucune des questions politiques et théoriques liées à l'oeuvre et à l'action de Trotsky n'est sérieusement abordée et encore moins discutée : sa conception du parti, la théorie de la révolution permanente, ses analyses de l'ascension du fascisme et ses positions concernant le front unique ouvrier, la nature de l'URSS et le stalinisme, la fondation de la IVème Internationale, etc. [5]

Le lecteur en apprendra finalement plus sur sa vie privée ou les multiples péripéties d'une existence marquée par des emprisonnements, déportations, évasions ou exils forcés.

Nous sommes plus dans un récit d'aventures que dans un véritable essai sur l'une des grandes figures de la révolution d'octobre.

Les cyniques, ou celles et ceux qui sont revenus de tout, affirmeront que cela n'a guère d'importance car ce chapitre fait partie d'une histoire ancienne et n'intéresse plus personne aujourd'hui.

Soit. Ce discours est recevable. Mais sa pertinence reste sujette à caution.

Oui, les «10 jours qui ébranlèrent le monde» [6], et les personnalités qui ont joué un rôle dans ceux-ci, sont centenaires. Oui, la société évolue et il est illusoire de vouloir rejouer cet épisode de l'histoire du XXème siècle (une aspiration qui est toujours celle d'une certaine «extrême-gauche» qui a des difficultés à changer de logiciel politique).

Pour autant, le passé reste riche d'enseignements et il peut nous donner de précieuses indications sur les «impasses» à éviter dans l'avenir.

La compréhension d'événements historiques majeurs demeure utile pour redéfinir, ici et maintenant, un projet émancipateur renouvelé ; elle demeure nécessaire pour nous aider à relever les défis de notre époque, dominée par un large désenchantement et orpheline d'alternatives mobilisatrices...

Lire directement Trotsky dans le texte -ainsi que bien d'autres combattants pour la transformation radicale du monde, aujourd'hui disparus- demeure stimulant pour appréhender notre réalité dans le but de la changer.

Quant à ce petit ouvrage, il peut-être conseillé à tout qui connaît peu la période historique évoquée et voudrait en savoir un peu plus sur un militant dont le nom continue à susciter des réactions en sens divers.

A condition d'approfondir le sujet ensuite, bien sûr...

 

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trotsky1918.jpg

 

 

[1] Renouard Michel, Trotsky, Gallimard (Folio), Paris, 2017.

[2] Deutscher Isaac, Trotsky (I. Le prophète armé ; II. le prophète désarmé ; III. le prophète hors la loi), UGE 10/18 (6 tomes), Paris, 1972-1980.

[3] Broué Pierre, Trotsky, Fayard, Paris, 1988.

[4] Trotsky Léon, Ma vie, Gallimard (Folio), Paris, 1973.

[5] Sur ces questions, voir notamment : Mandel Ernest, Trotsky, Maspéro, Paris, 1980.

[6] Reed John, 10 jours qui ébranlèrent le monde, Editions sociales, Paris, 1974.

 

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20 juin 2017

Crise(s) gouvernementale(s)s dans les entités fédérées francophones !

 Que penser des  événements de ces dernières heures ?

 

  1. Le CDH est un vrai parti de droite. Il n'est pas un parti de « centre- droit » comme le répètent mécaniquement les journalistes dans leur inimitable langage euphémisé. S'il n'a pas sauté dans le train gouvernemental au fédéral, en 2014, ce n'est pas en raison de désaccords sur la politique libérale en matière économique et sociale, mais parce que le plus « belgicain » de tous les partis ne pouvait s'accommoder d'une alliance avec une NVA qui aspire à l'indépendance de la Flandre.

  1. Aujourd'hui, il opère un revirement total parce qu'une fenêtre de tir s'ouvre. Le PS, en grande difficulté, ne cesse de reculer dans les sondages au profit du PTB, un parti qui n'est d'ailleurs pas une menace immédiate dans la course à l'occupation du pouvoir. Et en France, la victoire de la droite « macroniste », abusivement habillée des oripeaux du « centrisme », crée un climat favorable à la constitution de gouvernements débarrassés de « la gauche », bien au delà des frontières de l'Hexagone. L'occasion fait le larron et le moment est donc idéal pour changer d'attelage, afin de pouvoir mener une politique encore plus au service des intérêts des grandes et petites entreprises, entièrement focalisée sur « la concurrence libre et non faussée », avec pour priorités l'affaiblissement de la Sécu et la remise en cause des services publics, au profit du secteur privé.

  1. Le CDH veut ainsi se positionner pour les prochaines échéances électorales, à commencer par les élections communales de 2018, et tenter de promouvoir des coalitions anti-PS partout où c'est possible.

  1. Pour autant, son pari n'est pas gagné. Si un accord avec le MR peut suffire en Wallonie, d'autres appuis sont indispensables à Bruxelles ou en Communauté Française. Pris de court, Ecolo et Défi ne semblent pas preneurs pour l'instant. La perspective de jouer un rôle d'appoint dans une opération de ravalement de la façade d'un concurrent ne les enthousiasme guère.

  1. Le PS est sous le choc et beaucoup de ses élus hébétés. Il est vrai que personne  n'avait vu venir le coup tordu de Lutgen, et il est évident que le parti du Boulevard de l'Empereur n'a pas beaucoup de solutions de rechange. Il met en oeuvre depuis tant années des politiques de droite avec ses partenaires, tantôt MR, tantôt CDH et parfois les deux simultanément, qu'il est incapable de changer d'option du jour au lendemain. Déchiré par des débats internes sur la ligne de conduite à adopter pour résoudre ses turpitudes affairistes, le PS ne va pas se transformer soudainement en parti conséquent « de gauche », décidé à rompre avec le néo-libéralisme, prêt à affronter les instances de l'UE, et disposé à envisager une alliance avec Ecolo et/ou le PTB.

  2. Dès lors, le PS est condamné à subir -pour le moment- les événements. Mais, il ne faut pas pour autant l'enterrer. Ce parti contrôle encore beaucoup de leviers, reste en position de force dans nombre de communes importantes ou au niveau provincial, et dispose sans doute aussi d'informations gênantes concernant ses rivaux. Les prochains jours seront mouvementés et pourraient encore réserver quelques surprises. Et puis, un « animal blessé » est toujours dangereux...

  3. Au delà des péripéties politiciennes et des véritables enjeux politiques de l'heure, tout ce « bazar » ne valorise pas un petit monde déjà largement discrédité aux yeux de l'opinion publique. L'opération mains propres du CDH risque même de s'avérer contre-productive, en alimentant une crise de la représentation politique qui rejaillira sur les différents acteurs.

  4. Cet épisode, qui ne grandit pas ses protagonistes, offre une perspective supplémentaire au PTB. Epargné par les affaires, refusant les compromissions avec les uns et les autres, défendant des propositions fortes en matière d'éthique politique, sa bonne dynamique actuelle (voir les « enquêtes d'opinion » des derniers mois) devrait être confortée. Pour autant, le PTB aurait tort de se contenter de « surfer » sur la vague de désapprobation des égarements des vieilles formations installées. Il doit continuer à présenter une alternative d'ensemble et travailler à la formation d'un « front social», à même de modifier des rapports de forces aujourd'hui défavorables aux « progressistes » de tous les horizons.

 

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19 juin 2017

Divorce entre le PS et le CDH ?

lutgen.jpgAinsi donc Benoît Lutgen (CDH) veut jouer les Thérésa May et dissoudre les majorités en place en Wallonie, à Bruxelles et en Fédération Wallonie-Bruxelles !

En cause, officiellement, les "affaires" qui collent au PS comme le sparadrap au doigt du Capitaine Haddock.

Ce qui est cocasse dans tout ce tohu-bohu, c'est évidemment que le CDH traîne lui-même des casseroles. On se souvient des péripéties autour des plantureux émoluments de la députée européenne Anne Delvaux ; on se souvient de Joelle Milquet obligée naguère à démissionner de sa fonction de ministre ; et on ne perd pas de vue que les trois partis traditionnels sont concernés par le "scandale Publifin" !

Et puis, vouloir soudainement s'allier avec le MR, parti des Serge Kubla et autre Armand De Decker, et allié direct de la NVA au fédéral, comment dire...

Mais ce n'est évidemment pas ce jeu de chaises musicales qui va permettre de renouer avec l'éthique sur le terrain politicien.

Ici comme ailleurs, un changement de cap radical passe par l'émergence et la consolidation de force(s) politiques(s) nouvelle(s).

En attendant, à force de creuser, ces "responsables" finiront par toucher le fond de l'abîme, à la grande satisfaction des humoristes sans doute, mais au plus profond désarroi de la population certainement.

La décomposition du système de l'argent roi s'accélère...

 

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