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23 janvier 2014

Engagement syndical et engagement politique

nous n'avons pas voté pour.JPGLes élections sont proches. A cette occasion, comme lors de chaque scrutin,  des syndicalistes seront candidats sur les différentes listes en concurrence.

Certains s’en offusqueront, au nom d’une stricte séparation entre « le social » et « le politique ». Comme si l’engagement syndical retirait à ses acteurs leur statut de citoyens, comme si cet engagement se situait en dehors du monde et du réel !  Il est en réalité très sain que des travailleurs et militants syndicaux prolongent leurs combats quotidiens sur le terrain institutionnel. Il n’y a aucune raison que la sollicitation des suffrages des électeurs soit une prérogative exclusive d’avocats, de notaires, d’universitaires ou de politiciens professionnels !

D’autres évoqueront « l’indépendance syndicale »,  comme si  ce principe (essentiel) devait être synonyme d’apolitisme !  Certes, l’autonomie implique qu’une organisation syndicale ne soit  pas  la courroie de transmission d’un parti. Ses prises de position ne peuvent donc être déterminées  par un état major politique quelconque. Mais cette « indépendance » ne signifie  pas le bannissement des discussions  politiques. Comment serait-il d’ailleurs possible que les syndicats  puissent ignorer les confrontations concernant la « vie de la Cité » , alors qu’ils se positionnent quotidiennement sur toutes les matières socio-économiques (emploi, salaires, fiscalité…), ou sur de nombreuses autres « questions de société », qui vont de la défense de l’environnement à la lutte contre le racisme ? 

Le mouvement syndical élabore son propre programme,  définit ses propres objectifs et avance ses propres revendications face aux partis politiques, à charge pour ces derniers d’entendre ses exigences.

 

austérité travailleurs ne paieront pas.jpg

 

Naturellement, dans le cadre du pluralisme démocratique,  chaque syndicaliste est entièrement libre d’adhérer ou d’appuyer  telle ou telle formation de sa préférence.

Pour autant, il n’y a pas de démocratie politique sans un débat politique, et celui-ci autorise à interpeller chacun sur ses choix. Car on s’étonne parfois de certaines démarches paradoxales.

En effet, comment peut-on, d’une part,  défendre chaque jour les intérêts collectifs des travailleurs et contester fermement les politiques « austéritaires » du gouvernement et, d’autre part, soutenir les partis gouvernementaux qui impulsent ces politiques de régression sociale qui frappent durement le monde du travail ?

Serait-il donc légitime de tenir des discours « à géométrie variable » en fonction du type de "casquettes" que l’on endosse à tel ou tel moment ?

Il n’est dès lors pas incongru  de questionner la cohérence des engagements des uns ou des autres.

 

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Concrètement :

·          On ne peut pas, en tant que syndicaliste, combattre la politique socialement régressive d’un gouvernement  en participant à des manifestations de masse ou à des grèves générales et, dans le même temps, soutenir cette même coalition gouvernementale ou des partis qui la composent !

·          On ne peut pas, en tant que syndicaliste, défendre le secteur public et, simultanément,  soutenir politiquement des partis favorables aux privatisations des entreprises publiques !

·          On ne peut pas, en tant que syndicaliste, défendre le système d’indexation des salaires et, simultanément, soutenir politiquement des partis qui le remettent en question !

·          On ne peut pas, en tant que syndicaliste, défendre la sécurité sociale et, simultanément, soutenir politiquement des partis qui souhaitent son démantèlement !

·          On ne peut pas, en tant que syndicaliste, défendre la nécessité d’un impôt sur la fortune et, simultanément, soutenir politiquement des partis qui ne veulent pas en entendre parler !

·          On ne peut pas, en tant que syndicaliste, défendre l’urgence d’une lutte radicale contre la fraude fiscale et, simultanément, soutenir politiquement des partis qui n’en ont que faire !

·          On ne peut pas, en tant que syndicaliste, défendre l’emploi et, simultanément, soutenir politiquement des partis qui organisent la chasse aux chômeurs et imposent une dégressivité accrue de leurs allocations !

·          On ne peut pas, en tant que syndicaliste, défendre les libertés syndicales et, simultanément, soutenir politiquement des partis qui veulent instaurer le service minimum, interdire les piquets de grève ou imposer la personnalité juridique aux syndicats !

·          On ne peut pas, en tant que syndicaliste, combattre le racisme et, simultanément, soutenir politiquement des partis qui propagent la haine et la xénophobie !

 

garder votre gauche.jpgOu plutôt, si, « on peut » !  Et beaucoup ne s’en privent pas. Mais ils fragilisent ainsi leur crédibilité, et peut-être aussi la crédibilité du mouvement syndical, tant les contradictions ici à l’oeuvre sont fortes !

A chacun, naturellement, de prendre ses responsabilités.

Mais il n’est interdit à personne d’éviter des choix qui relèvent de la schizophrénie...

 

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18 janvier 2014

Une vie dédicacée à la lutte des classes

 

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Combat. Ce mot résume toute la vie d’André Henry.

Délégué syndical et militant politique, André Henry est monté, avec ses camarades verriers du Pays Noir,  sur maintes barricades des luttes de notre Mouvement Ouvrier, dans les décennies qui ont suivi la seconde guerre mondiale.  Avec un même fil conducteur : la défense inconditionnelle des intérêts de classe des travailleurs, en prenant sans cesse appui sur un programme de revendications anticapitalistes, et en privilégiant toujours la méthode de la démocratie ouvrière. Une démocratie directe où ce sont les salariés en action qui prennent en mains leur propre destinée, contestant toutes les tentatives d’instrumentalisation ou de contrôle des bureaucraties et autres « représentants des travailleurs » auto-désignés !

André Henry parvient à nous tenir en haleine tout au long de ces pages pleines de convictions, souvent poignantes et parfois drôles. Il réussit même un tour de force : matérialiser dans l’imaginaire du lecteur ce qu’est réellement un syndicalisme de combat, mettre de la vie et de la chair sur des principes qui ont guidé l’activité de nombreux militants au cours de toutes ces années d’affrontement avec un patronat intransigeant.

Le temps n’a pas eu raison de son enthousiasme, de ses convictions, de sa volonté de transmettre aux nouvelles générations de précieux enseignements des grands combats du passé qui, finalement, n’ont rien perdu de leur actualité. C’est réjouissant !

André Henry démontre, au travers de ses précieux souvenirs, que les succès comme les revers peuvent être lucidement revendiqués ou assumés, à la condition de détenir (et de garder) une bonne boussole, celle de la lutte des classes !

Un livre pour tous les militants syndicaux, mais aussi pour tous ceux qui continuent à œuvrer pour l’avènement d’un monde meilleur et pour l’émancipation humaine.

 

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André Henry « L’épopée des verriers du Pays Noir »Epopée.jpg
Editions Luc Pire
204 pages

23:12 Publié dans Livre | Lien permanent |  Facebook | |