18 mars 2014
La lutte des classes au féminin
Le capitalisme broie les êtres humains, mais toutes et tous ne subissent pas l’exploitation et l’aliénation quotidiennes de manière passive ! C’est le propre des héroïnes/héros -c’est vraiment le mot – de Gérard Mordillat. Elles et ils, surtout elles, se révoltent et se battent avec les moyens du bord, souvent jusqu’au bout.
Xenia se situe dans la même veine que la trilogie « Les vivants et les morts/Notre part des ténèbres/Rouge dans la brume ».
Pour autant Mordillat se contente-il de faire du Mordillat ? Non, car chaque personnage de ses récits a son propre vécu, sa propre personnalité, sa propre trajectoire, son propre destin.
Ainsi, au fil de ses livres, nous découvrons une palette de plus en plus large de la classe ouvrière de notre époque, cette classe que d’aucuns ont un peu rapidement promis à la disparition.
Ici, Xenia (« l’étrangère », en grec !), est une jeune femme de 23 ans, abandonnée par son compagnon et mère d’un petit garçon ; elle galère comme« technicienne de surface » et survit dans une cité. A ses côtés, sa voisine et meilleure amie, Blandine, caissière dans un hypermarché. Toutes deux doivent bosser selon des horaires hyper-flexibles pour un salaire dérisoire. Et tout est mis en œuvre par leur employeurs respectifs pour accentuer toujours plus la pression selon le principe patronal : travailler plus pour gagner moins ! Autour de ces deux femmes qui oscillent entre désespoir et hargne, une galerie de personnages poignants, pour la plupart des prolétaires
Il y a de l’action (sociale) - car Xénia et Blandine se retrouveront successivement sans travail !- mais aussi des sentiments et de l’amour, comme toujours chez l’ami Mordillat, qui n’a jamais caché sa tendresse pour les femmes.
Les 370 pages se lisent d’une traite, tant la lutte de ces damnés de la terre contre les contraintes du système, le combat de ces victimes du capitalisme contre leurs bourreaux ordinaires, est prenante.
De la bonne littérature, même si la fin du roman est quelque peu expéditive, et même si l’on ne retrouve pas tout-à-fait le souffle épique des « Vivants et les morts » ou de « Notre part des ténèbres ».
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Gérard Mordillat, Xénia, Calmann-Lévy, 18,5 €
19:06 Publié dans Livre | Lien permanent | Facebook | |