01 juin 2014
On prend les mêmes et on recommence ? [ Journal post-électoral (III) ]
Je ne regardais plus depuis longtemps les débats dominicaux, que ce soit sur la RTBF ou sur RTL-TVI, mais aujourd’hui, exceptionnellement, j’ai suivi de près ce qui se disait sur la chaîne publique. Par simple curiosité post-électorale, pas dans l’attente de révélations politiques originales…
Que retenir, à part l’excellente intervention de Marco Van Hees, qui a confirmé que les élus PTB-GO seront des relais pour la lutte des classes quotidienne (car il n’y a pas « que la rue de la loi, mais il existe aussi la loi de la rue ») ?
Rien évidemment sur la composition des futures majorités, au fédéral ou dans les régions. On le savait, ce sera compliqué et cela prendra du temps. Tous les scenarii sont envisageables, et le décompte des jours de crise est d’ores et déjà enclenché, avec peut-être un nouveau « record » à la clé, l’avenir nous le dira.
Par contre, une certitude et une confirmation. Tous les partis traditionnels sont bien sur la même longueur d’onde : il faudra poursuivre la difficile politique d’assainissements budgétaires mise en œuvre par le précédent gouvernement, en d’autres termes l’austérité restera au cœur de l’action des prochaines coalitions gouvernementales !
Certes chacun garde ses propres accents. Du côté du PS, par exemple, Philippe Moureaux réaffirmait que la Sécu devait rester fédérale, que l’unité du pays était toujours un tabou et que l’on ne pouvait toucher à l’index. Mais, plus question d’impôt sur la fortune ou de remise en question des mesures prises contre les chômeurs. Il a même lancé cette formule, révélatrice : beaucoup risquent de devoir « manger leur chapeau » demain, en fonction de l’évolution de la situation, en ce y compris son… propre parti !
Et déjà l’éternel alibi est brandi par tous : chacun devra « mettre de l’eau dans son vin », coalitions obligent !
Une fois encore, nous étions beaucoup à le rappeler durant la campagne électorale, le seul rempart face à une nouvelle déferlante de mesures « austéritaires » sera la capacité des mouvements sociaux à se mettre en ordre de bataille !
La responsabilité du mouvement syndical sera ici très grande : véritable plan d’actions d’ampleur pour de vraies alternatives, ou simples communiqués de presse assortis de l’une ou l’autre gentille randonnée pédestre dans les rues de Bruxelles, entre Nord et Midi ?
En tout état de cause, pour les militant(e)s de gauche, les prochains mois et les prochaines années ne seront pas de tout repos ; il y aura un important travail de conviction et de mobilisation à effectuer !
Autant savoir…
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26 mai 2014
Le rendez-vous n'a pas été manqué ! [ Journal post-électoral (II) ]
La NVA a gagné les élections que le vote électronique a perdues !
OK, le commentaire est laconique et un tantinet réducteur. Une accroche dirait un journaliste. En réalité, les enseignements du scrutin d’hier sont beaucoup plus complexes et il faudra plusieurs jours pour les intégrer pleinement.
Aujourd’hui, nous sommes seulement le lendemain de la veille, et un bug informatique a joué les éléments perturbateurs.
En attendant de pouvoir disposer d’un peu plus de recul, un petit inventaire rapide.
Ne boudons pas plus longtemps notre plaisir et commençons par souligner le succès du PTB-GO ! Celui-ci progresse dans tous les cantons de Wallonie et de Bruxelles ! Le quotidien Le Soir a beau tenter de minimiser cette avancée en affirmant que le « tsunami » a été évité, la percée est réelle.
2 élus à la Chambre, 2 à la Région wallonne et 4 à la Région bruxelloise : il ne s’agit pas d’une péripétie anodine. Il y a bien longtemps que des représentants de la « gauche de gauche » ne siègent plus dans les assemblées parlementaires en Belgique ; cette lacune est maintenant comblée.
C’est une très bonne nouvelle pour toutes celles et tous ceux qui luttent quotidiennement contre les politiques d’austérité et de destruction des écosystèmes. Leurs voix seront maintenant relayées et amplifiées dans les institutions.
Un regret, toutefois : le siège loupé de peu par le PVDA à Anvers.
Pour le reste, à gauche du PS et d’Ecolo, Vega et le MG se limitent à des scores symboliques, sauf peut-être à Liège pour ce qui concerne les amis de Vincent Decroly. Sans vouloir déjà anticiper, il est à souhaiter que ceux-ci tirent le bilan de leur aventure solitaire, et se montrent à l’avenir plus ouverts à un rassemblement large de la gauche radicale…
De son côté, la « gauche de gouvernement », -gauche avec de gros guillemets de circonstance !- , a connu des fortunes diverses : le PS sauve les meubles là où Ecolo se prend une claque.
Le parti de Paul Magnette reste le premier de la Fédération Wallonie-Bruxelles, et le premier dans les deux régions, malgré quelques pertes notoires, dans le Hainaut, notamment.
Ecolo recule pratiquement partout. Son basculement progressif dans la politique politicienne a fait oublier le slogan sur « l’autre manière de faire la politique », qui est devenu platement la même manière de faire la même politique ! Ainsi, Ecolo n’a aucune exclusive en termes d’alliances, et est même prêt à donner la priorité au MR sur le PS, comme les dernières élections communales l’ont encore démontré. C’est vrai aussi pour ce dernier, mais lui dispose d’un imposant réseau clientéliste qui lui permet de s’en tirer sans trop de mal ! De surcroît, la politique à géométrie variable des Verts, suivant qu’ils sont aux affaires ou dans l’opposition (voir le triste épisode de la ratification du TSCG), brouille constamment une image pourtant devenue floue avec le temps, et l’arrogance de leurs porte-parole Deleuze et Hoyos ont fait le reste…
A droite, clairement, la NVA triomphe, mais sa victoire s’opère principalement au détriment de l’extrême-droite : le Vlaams Belang est, en effet, réduit à la portion congrue.
La tripartite CD&V-Open VLD-SPA est soulagée et redevient (légèrement) majoritaire en Flandre ! La NVA a donc la main en tant que premier parti de Belgique (33 députés), mais elle pourrait vite la perdre, car pas elle n’est pas incontournable. Bart De Wever l’a d’ailleurs bien compris, lui qui dans ses premières déclarations a adopté un ton plus modéré que d’habitude !
Dans le sud, le MR progresse en Wallonie, ce qui n’est jamais une bonne nouvelle, et se place également en deuxième position dans la capitale, derrière le PS. Le CDH, pour sa part, se comporte mieux en Région wallonne qu’en Région bruxelloise ; le survol de Bruxelles par les avions n’a assurément pas augmenté la sympathie de l’électorat à son égard…
Un danger potentiel, enfin : la droite-extrême et l’extrême droite qui étaient éparpillées. Mais tous ensemble, PP- Debout les Belges- P+ - Nation- La Droite, etc., obtiennent des résultats inquiétants, à Charleroi, par exemple. Bonne nouvelle cependant : l’infâme Laurent Louis passe par-dessus bord et dissout son parti.
Il faudra compléter ce bilan succinct par les chiffres exacts des abstentionnistes. Patience…
Alors, quoi demain ?
Au Fédéral, ce sera compliqué comme toujours, avec ou sans NVA. Le CD&V dispose probablement de quelques clés à ce sujet.
En Flandre, une coalition articulée autour de ces deux formations, arrivées en tête ce 25 mai, est probable.
En Wallonie et à Bruxelles, l’Olivier régresse et le MR est en embuscade. Le PS va-t-il suivre l’exemple des villes de Mons et de Charleroi, en concluant un deal avec son meilleur ennemi ?
A l’heure présente, tout ceci est forcément de la spéculation. Laissons par conséquent les observateurs se perdre en conjectures.
Une certitude : quelles que soient les prochaines coalitions, le cap infernal de l’austérité et de la régression sociale seront maintenus.
Seules les mobilisations sociales pourront contester ces orientations austéritaires, et les premiers élus du PTB-GO seront des points d’appui à ne pas négliger dans les combats à venir.
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25 mai 2014
Les dés et les luttes [ Journal post-élections (I) ]
Les dés sont jetés. Les électeurs ont accompli leur devoir, selon une formule consacrée.
Pour 5 ans. Car dans notre démocratie, on préfère ne pas trop solliciter les citoyens. On ne sait jamais : ils pourraient y prendre goût et vouloir donner leur opinion plus souvent.
Bien sûr il y a d’autres moyens de s’exprimer. Et aussi de contester les décisions prises par les professionnels de la politique, chaque jour, et sans consultation aucune. En manifestant ou en partant en grève par exemple, ce qui au demeurant sera inévitable dans les prochains mois et les prochaines années, tant la volonté de poursuivre dans la même voie est patente dans le chef des formations politiques dominantes !
Justement, revenons-en à l’élection du jour. Il est hautement souhaitable -à défaut d’être possible, réponse dans quelques heures !- que cette hégémonie des partis traditionnels, habitués à monopoliser les élus et le pouvoir, soit enfin battue en brèche, par le côté... gauche !
A cet égard, PTB-GO a bénéficié d’une réelle force propulsive. Encore faut-il qu’elle se soit concrétisée au dernier moment, dans les isoloirs...
En tous les cas, des parlementaires qui ne se contenteront pas de pousser sur un bouton, qui refuseront d’accepter les mesures socialement rétrogrades, qui ne continueront pas à ratifier des traités internationaux qui institutionnalisent l’austérité, qui serviront de porte-voix aux luttes, ne seraient pas du luxe !
Verdict imminent, suspens garanti !
Mais quel que soit le résultat, nous devrons préparer dès demain les combats futurs, car à ne pas douter ceux-ci seront rudes…
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