26 mai 2014
Le rendez-vous n'a pas été manqué ! [ Journal post-électoral (II) ]
La NVA a gagné les élections que le vote électronique a perdues !
OK, le commentaire est laconique et un tantinet réducteur. Une accroche dirait un journaliste. En réalité, les enseignements du scrutin d’hier sont beaucoup plus complexes et il faudra plusieurs jours pour les intégrer pleinement.
Aujourd’hui, nous sommes seulement le lendemain de la veille, et un bug informatique a joué les éléments perturbateurs.
En attendant de pouvoir disposer d’un peu plus de recul, un petit inventaire rapide.
Ne boudons pas plus longtemps notre plaisir et commençons par souligner le succès du PTB-GO ! Celui-ci progresse dans tous les cantons de Wallonie et de Bruxelles ! Le quotidien Le Soir a beau tenter de minimiser cette avancée en affirmant que le « tsunami » a été évité, la percée est réelle.
2 élus à la Chambre, 2 à la Région wallonne et 4 à la Région bruxelloise : il ne s’agit pas d’une péripétie anodine. Il y a bien longtemps que des représentants de la « gauche de gauche » ne siègent plus dans les assemblées parlementaires en Belgique ; cette lacune est maintenant comblée.
C’est une très bonne nouvelle pour toutes celles et tous ceux qui luttent quotidiennement contre les politiques d’austérité et de destruction des écosystèmes. Leurs voix seront maintenant relayées et amplifiées dans les institutions.
Un regret, toutefois : le siège loupé de peu par le PVDA à Anvers.
Pour le reste, à gauche du PS et d’Ecolo, Vega et le MG se limitent à des scores symboliques, sauf peut-être à Liège pour ce qui concerne les amis de Vincent Decroly. Sans vouloir déjà anticiper, il est à souhaiter que ceux-ci tirent le bilan de leur aventure solitaire, et se montrent à l’avenir plus ouverts à un rassemblement large de la gauche radicale…
De son côté, la « gauche de gouvernement », -gauche avec de gros guillemets de circonstance !- , a connu des fortunes diverses : le PS sauve les meubles là où Ecolo se prend une claque.
Le parti de Paul Magnette reste le premier de la Fédération Wallonie-Bruxelles, et le premier dans les deux régions, malgré quelques pertes notoires, dans le Hainaut, notamment.
Ecolo recule pratiquement partout. Son basculement progressif dans la politique politicienne a fait oublier le slogan sur « l’autre manière de faire la politique », qui est devenu platement la même manière de faire la même politique ! Ainsi, Ecolo n’a aucune exclusive en termes d’alliances, et est même prêt à donner la priorité au MR sur le PS, comme les dernières élections communales l’ont encore démontré. C’est vrai aussi pour ce dernier, mais lui dispose d’un imposant réseau clientéliste qui lui permet de s’en tirer sans trop de mal ! De surcroît, la politique à géométrie variable des Verts, suivant qu’ils sont aux affaires ou dans l’opposition (voir le triste épisode de la ratification du TSCG), brouille constamment une image pourtant devenue floue avec le temps, et l’arrogance de leurs porte-parole Deleuze et Hoyos ont fait le reste…
A droite, clairement, la NVA triomphe, mais sa victoire s’opère principalement au détriment de l’extrême-droite : le Vlaams Belang est, en effet, réduit à la portion congrue.
La tripartite CD&V-Open VLD-SPA est soulagée et redevient (légèrement) majoritaire en Flandre ! La NVA a donc la main en tant que premier parti de Belgique (33 députés), mais elle pourrait vite la perdre, car pas elle n’est pas incontournable. Bart De Wever l’a d’ailleurs bien compris, lui qui dans ses premières déclarations a adopté un ton plus modéré que d’habitude !
Dans le sud, le MR progresse en Wallonie, ce qui n’est jamais une bonne nouvelle, et se place également en deuxième position dans la capitale, derrière le PS. Le CDH, pour sa part, se comporte mieux en Région wallonne qu’en Région bruxelloise ; le survol de Bruxelles par les avions n’a assurément pas augmenté la sympathie de l’électorat à son égard…
Un danger potentiel, enfin : la droite-extrême et l’extrême droite qui étaient éparpillées. Mais tous ensemble, PP- Debout les Belges- P+ - Nation- La Droite, etc., obtiennent des résultats inquiétants, à Charleroi, par exemple. Bonne nouvelle cependant : l’infâme Laurent Louis passe par-dessus bord et dissout son parti.
Il faudra compléter ce bilan succinct par les chiffres exacts des abstentionnistes. Patience…
Alors, quoi demain ?
Au Fédéral, ce sera compliqué comme toujours, avec ou sans NVA. Le CD&V dispose probablement de quelques clés à ce sujet.
En Flandre, une coalition articulée autour de ces deux formations, arrivées en tête ce 25 mai, est probable.
En Wallonie et à Bruxelles, l’Olivier régresse et le MR est en embuscade. Le PS va-t-il suivre l’exemple des villes de Mons et de Charleroi, en concluant un deal avec son meilleur ennemi ?
A l’heure présente, tout ceci est forcément de la spéculation. Laissons par conséquent les observateurs se perdre en conjectures.
Une certitude : quelles que soient les prochaines coalitions, le cap infernal de l’austérité et de la régression sociale seront maintenus.
Seules les mobilisations sociales pourront contester ces orientations austéritaires, et les premiers élus du PTB-GO seront des points d’appui à ne pas négliger dans les combats à venir.
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