21 novembre 2015
Bruits de bottes
Le jeudi 12 novembre, personne n’avait prévu les attentats qui allaient ensanglanter la capitale française le lendemain. Pas même le président de la République, qui est parti assister tranquillement à une rencontre de football au stade de France.
Les tragiques événements de ce funeste vendredi 13, qui ont touché dans leur chair des centaines de citoyens et qui, accessoirement, ont troublé la quiétude de François Hollande, constituent donc bien une preuve supplémentaire que le terrorisme peut frapper n’importe où n’importe quand !
Aujourd’hui, l’état d’urgence a été proclamé chez nos voisins du sud et Bruxelles est en état de siège. Les policiers et l’armée sont partout, dans les rues, dans les gares, à l’entrée des centres commerciaux ou a proximité de tous les lieux publics d’importance. La plus grande prudence est recommandée à la population. Les télévisions multiplient les émissions « spéciales » et ne lésinent pas sur les effets dramatiques. Tout est chamboulé et beaucoup sont ébranlés.
Mais pourquoi cette agitation martiale maintenant et cette frénésie médiatique quotidienne, alors que les islamistes intégristes nous menacent 365 jours sur 365 ?
Bien sûr, il y a la proximité dans le temps du bain de sang parisien et la nécessité de rassurer le plus grand nombre. Mais ce déploiement sécuritaire est surtout un révélateur politique.
L’actuelle mise en scène vise principalement à :
- Restaurer l’image de gouvernants que l’austérité rend impopulaire. Ceux-ci veulent mettre à profit le coup de tonnerre des kalachnikovs et des bombes pour consolider une image virile de dirigeants qui prennent leurs responsabilités, d’hommes providentiels qui se dressent devant l’adversité. Un paramètre qui peut toujours servir dans la perspective de prochaines élections.
- Créer un climat de stupeur pour faire accepter aux populations des mesures autoritaires vigoureuses qui représentent autant de pas vers un « Etat fort ». Une remise en cause des libertés individuelles et des droits démocratiques peut - à l'évidence - s’avérer utile en ces temps de contestation des politiques néo-libérales orchestrées par les puissants. Rien de tel pour museler un peu plus les mouvements sociaux, les organisations syndicales ou les forces politiques de gauche qui cherchent une alternative à l’ordre établi...
- Justifier la politique impériale des piliers de l’Union Européenne et de leur mentor Etatsuniens au Proche-Orient.
Nous voici concrètement confrontés à de multiples interdits, à commencer par le droit de manifester : ainsi, la grande manifestation planifiée à Paris à l’occasion du sommet sur le climat COP21 est purement et simplement prohibée. Et, par exemple, pas plus tard qu’hier soir, à Saint Gilles, un débat consacré à la situation en Syrie, organisé par la LCR (formation "anticapitaliste"), a été réprimé !
Le matraquage ininterrompu sur les « précautions indispensables » face au « danger terroriste » constitue le parfait alibi pour porter de mauvais coups à la vie démocratique.
Nous ne sommes qu’en 2015 mais il est parfois permis de se demander s’il n’est pas déjà minuit dans le (XXIème) siècle !
On ne pourra faire face aux bruits de bottes qui se font de plus en plus entendre que par une mobilisation sans concession pour d’autres choix de société.
Changer les rapports de forces ne sera pas simple et, dans cette perspective, le rassemblement de la gauche de gauche ne serait pas un luxe.
Un défi -parmi d’autres- à relever…
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