26 février 2017
Jean-Luc Mélenchon et Benoit Hamon ne sont pas interchangeables !
Benoit Hamon, ministre de François Hollande de 2012 à 2014, député socialiste qui a largement soutenu l’action du parti gouvernemental à l’Assemblée nationale, est le candidat du PS à la prochaine élection présidentielle.
Egalement candidat à la présidence de la République française, soutenu par un mouvement libéré de la tutelle des partis, Jean-Luc Mélenchon, lui, a combattu la politique de François Hollande et des gouvernements dirigés par Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls, tout au long du quinquennat qui se termine.
Aujourd’hui, des voix s’élèvent pour demander à celles et ceux qui étaient « in » de se regrouper avec celles et ceux qui étaient « out » !
Mais comment peut-on tenter d’associer -dans la précipitation- les représentants de choix politiques aussi divergents ? Comment peut-on sommer Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon de s’entendre, comme s’il s’agissait finalement de deux personnalités interchangeables, occupant la même position sur l’échiquier politique, que rien n’opposerait réellement si ce n’est une vaine « querelle d’égos » ?
L’agitation orchestrée dans la presse ou les réseaux sociaux concernant cette possible « unité » a manifestement pour but de faire beaucoup de bruit afin d’esquiver un indispensable débat de fond.
Et la menace du FN est brandie comme épouvantail pour forcer une « candidature unique » au détriment de la nécessaire clarté politique.
Il nous faudrait donc oublier. Oublier l’accumulation de turpitudes et de renoncements depuis la victoire de François Hollande en mai 2012. Oublier les capitulations devant le monde de la finance et les instances de l’Union européenne à son service. Oublier les dérives sécuritaires et l’état d’urgence permanent. Oublier le CICE. Oublier les lois Macron et El Khomri. Oublier que « la gauche » a mené sans complexe une politique de « droite »…
Oublier, encore et toujours. Oublier pour éviter d’affronter un légitime discrédit suscité par le cours social-libéral adopté. Oublier pour pouvoir repartir de l’avant avec une feuille de route vierge…
Le « corps électoral » est donc prié de faire preuve d’amnésie pour amnistier plus facilement les gouvernants actuels et passer l’éponge sur leur catastrophique bilan !
Les 9 millions de pauvres, les inégalités croissantes, le chômage de masse persistant, la destruction du code du travail, l’affaiblissement des services publics, le déficit démocratique, le soutien actif au capitalisme européen, l’engagement résolu dans les guerres impériales, l’atlantisme forcené, … tout serait dès lors à verser au compte « profits et pertes » de la République !
Les élections constitueraient ainsi le miraculeux sésame permettant de repartir de zéro, loin du trou noir de la période écoulée.
Il ne resterait plus alors qu’une cerise à poser sur le gâteau : gagner en avril-mai-juin, pour repartir avec les mêmes -ou à peu près- pour un tour de piste supplémentaire jusque 2022 !
Et c’est au nom de cette perspective ébouriffante que Jean-Luc Mélenchon est prié de s’effacer, que les « Insoumis » sont conviés à brader le projet politique sur lequel ils travaillent depuis un an, que le programme « l’avenir en commun » est poussé vers un rayon éloigné d’une poussiéreuse bibliothèque…
Plus aucune tête ne doit maintenant dépasser dans les rangs de la « gauche » en voie de « rassemblement », toutes et tous doivent s’aligner derrière le candidat du vieux parti de la rue de Solférino.
Il faut soutenir impérativement Benoît Hamon et croiser les doigts pour qu’il atteigne le second tour, exercice difficile tant le discrédit du PS est grand.
Naturellement, ce mauvais numéro de prestidigitation politicienne se heurte à un obstacle de taille, qui ne se revendique pas de l’ « insoumission » par hasard !
Jean-Luc Mélenchon et le mouvement qui le porte ne sont pas disposés à « bazarder » leur cahier des charges politique.
Un cahier consistant et cohérent.
Avec des exigences de rupture. Rupture avec l’Union européenne, ses commis dévoués à l’oligarchie financière, ses traités qui enferment les peuples dans une camisole de force. Rupture avec une 5ème République à bout de souffle, en pleine dérive autoritaire, submergée par les « affaires », profondément antidémocratique. Rupture avec le productivisme et le consumérisme capitalistes qui étouffent notre écosystème et mettent en péril l’avenir des êtres humains. Rupture avec les politiques « austéritaires » qui plongent le plus grand nombre dans des difficultés grandissantes et modifient la répartition des richesses en faveur du capital. Rupture avec les dérives bellicistes qui menacent la paix dans le monde.
Avec des perspectives fortes, à la hauteur des enjeux. Une assemblée constituante populaire pour redéfinir les règles du jeu collectives et pour fonder une 6ème République. La planification écologique, la transition énergétique et la sortie du nucléaire pour garantir un futur de qualité à l’humanité. Une politique « redistributive » et de relance économique, une fiscalité juste, la priorité au « social », pour le partage et la protection de toutes/tous et de chacune/chacun. Une refondation démocratique, sociale et écologique de l’Europe. Une politique indépendante de paix, non alignée, tournée vers des coopérations altermondialistes et internationalistes…
Il ne tient donc qu’à Benoit Hamon et à son parti de changer de logiciel stratégique et de sortir de leur enlisement politique, en faisant preuve d’audace et en rejoignant la « France Insoumise », car celle-ci n’est pas compromise par le quinquennat pourri qui agonise.
En matière de volonté de tourner la page et dans la perspective d’un véritable changement de cap, Jean-Luc Mélenchon -qui est resté fidèle à son orientation programmatique de 2012- est de loin le candidat le plus fiable.
Par conséquent, assez de tergiversations et de manœuvres dilatoires…
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