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18 mars 2020

Sidération

 

"Les sociétés en état de choc abandonnent des droits que, dans d'autres circonstances, elles auraient défendus jalousement" [Naomi Klein]

 

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Démocratie et pandémie

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La lutte contre la pandémie du coronavirus est évidemment une priorité, mais les discours bellicistes des pouvoirs politiques et des médias dominants ne sont pas le fruit d’une étourderie !

Il s’agit de construire un récit, non dénué d’arrières pensées idéologiques (comme tout récit), celui d’une société ‘’en guerre’’ qui :

1°) nécessite des mesures d’exception ‘’verticalistes’’, c’est-à-dire des dispositions imposées du ‘’haut’’ (gouvernements et ‘’experts’’ qui les entourent) vers le ‘’bas’’ (la population ‘’ignorante’’ ou ‘’insouciante’’

2°) mobilise un discours impératif ‘’d’unité nationale’’ pour forcer une posture ‘’unanimiste’’ qui annihile, ou relègue à la marge, tout questionnement et toute démarche critiques concernant le traitement politique de cette inquiétante crise sanitaire.

Il est évidemment exclu pour les dominants d’encourager le moindre processus d’auto-organisation populaire, même si en dépit de consignes strictes, des actes de solidarité et d’entraide se déploient ‘’spontanément’’ dans les profondeurs de la société !

Aujourd’hui, au motif de se ‘’serrer les coudes’’ contre l’invasion du covid-19, les décisions antidémocratiques se banalisent : interdiction des rassemblements et des manifestations, interdiction d’activités publiques, ‘’pouvoirs spéciaux’’ accordés aux exécutifs et mise entre parenthèses des assemblées parlementaires, etc.

Dans le même temps, tout est mis en œuvre pour infantiliser et discipliner le corps social : l’heure n’est donc plus à l’exercice légitime des droits démocratiques des citoyen(ne)s, l’heure n’est donc plus aux revendications ou à la défense de ce qui a été conquis, l’heure est aux interdits et aux injonctions : restez chez vous !

Restez chez-vous, faites ce que bon vous semble  -ou presque !-, mais faites-le dans vos murs :  ressortez vos jeux de société, bricolez ou lancez-vous dans un nettoyage de printemps, regardez la télévision et/ou surfez sur votre terminal ! D’ailleurs, en guise de compensation pour votre nouvelle existence monacale, et afin de tuer ‘’l’ennui’’, vous bénéficiez même de certaines largesses : ainsi par exemple, Canal + propose dès maintenant ses programmes en clair 24h/24 ; ainsi les opérateurs téléphoniques vous offrent des ‘’accès illimités’’ au Net ou des GB de data supplémentaires pour vos mobiles ; ainsi des plateformes de streaming diffusant des programmes pour enfants sont mises à la disposition des familles…

Elle n’est pas belle la vie ?

Evidemment, il y a des exceptions à cet enfermement contraint généralisé. On ne peut laisser les gens mourir de faim ou sans soins. Ils sont donc ‘’autorisés’’ à se déplacer pour se procurer de l’alimentation, des médicaments ou consulter un médecin. Ils peuvent également prendre un bol d’air limité à… deux personnes ! Et pour faire respecter ces ‘’règles’’, la police veillera au grain et n’hésitera pas à verbaliser. Mieux vaut s’habituer immédiatement à la présence massive d’uniformes dans nos rues et au quadrillage serré du territoire !

On ne peut même pas exclure à l’avenir, en cas d’aggravation de la situation, une intervention de l’armée, comme lors des lendemains d’attentats terroristes !

Et puis surtout, le principal (pour les décideurs) :  il faut continuer à faire ‘’tourner l’économie’’, il faut continuer à travailler pour produire des marchandises et assurer la ‘’profitabilité’’ des entreprises !

Par tous les moyens possibles : le ‘’télétravail’’ pour toutes celles et tous ceux qui ont recours aux ‘’écrans’’ dans leur activité professionnelle, en prenant des mesures de ‘’social distancing’’ et d’hygiène pour les autres !

Mais en dépit de cette bienveillance vis-à-vis de l’activité économique, certaines entreprises devront néanmoins êtres mises à l’arrêt, pénalisant en premier lieu les salariés renvoyés au chômage !

Et puis, il y a les invisibles, les exclus du circuit économique, les chômeurs et les précaires, les pauvres et les SDF. Pour eux, ces temps de restrictions supplémentaires seront encore plus difficiles.

Enfin, à cette crise sanitaire viendront inévitablement se superposer d’autres crises, économique et financière. Sans oublier, chez nous, la ‘’crise de régime’’ qui reste pendante et qui gardera sa complexité malgré l’actuelle ‘’union nationale’’ de façade !

Bien entendu, tout ceci aura un coût.

Enorme.

Se posera à ce moment la question du paiement de cette lourde facture, et il ne faut pas être un prophète pour deviner que les forces de droite mettront tout en œuvre pour présenter l’addition à celles et ceux qui subissent pourtant déjà des cures ‘’austéritaires’’ depuis des décennies !

C’est dire si cette ‘’union sacrée’’ que d’aucuns s’efforcent de bétonner à l’occasion de l’actuelle pandémie ne doit pas faire illusion.

Le mouvement syndical, les mouvements sociaux, les mouvements de lutte contre le ‘’réchauffement climatique’’ ont grandement intérêt à ne pas se laisser anesthésier et à préparer la reprise des mobilisations dès la fin de la crise du coronavirus, car aucun répit ne sera accordé par les possédants et les gouvernants à leur service, qui n’ont que faire de la ‘’justice sociale’’ ou de la ‘’justice climatique’’ 

 

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