04 novembre 2020
Etats-Unis : micmac post-électoral
Chaos annoncé, chaos confirmé !
Le jour d'après, la "plus grande démocratie du monde" (sic) a la gueule de bois.
Car il est actuellement impossible de connaître le nom du vainqueur de l’élection présidentielle, et cela devrait prendre des semaines étant donné que chaque "camp" fourbit déjà ses armes juridiques.
Pour le moment, Biden mène la course à la Maison Blanche d’une courte tête, mais il reste à attendre le verdict d’importants Etats, qui… sera contesté par les armées d’avocats mobilisées par les deux principaux protagonistes de cette prévisible saga !
Il est déjà certain, par contre, que les grands perdants de cette cuvée 2020 sont une fois de plus les instituts de sondage, qui avaient annoncé une victoire nette du candidat du parti de l'âne !
Visiblement, et c’est regrettable, les turpitudes de Trump, son attitude constamment hallucinante et hallucinée, ses positionnements ultra-réactionnaires, n’ont pas été sanctionné par le corps électoral, malgré une participation plus importante que précédemment ! Même s’il est finalement battu, force est de constater qu’il a pu s’appuyer sur une solide base à son image, et ce n’est guère rassurant, naturellement !
Ce matin, sur les antennes de la RTBF, le politologue François Gemenne, qui avait parié il y a un an sur la victoire du président-milliardaire, n’hésitait pas à dire ceci : "je crains avoir gagné mon pari. Je ne suis pas surpris par ce scénario. Donald Trump a tenu toutes ses promesses. Il a été un président raciste, misogyne, népotique, autoritaire, irréfléchi et complotiste. Or, nous vivons ici dans une bulle intellectuelle, et nous sous-estimons l'aspiration profonde de l'électorat à avoir un président raciste, misogyne, népotique, autoritaire, irréfléchi et complotiste !".
Et d'ajouter, à juste titre : "nous ne sommes pas à l'abri en Europe de ce type d’aspiration".
Au-delà de ces considérations "à chaud", la question centrale d’un pays comme les Etats-Unis reste l’absence d'une véritable alternative.
Les deux partis qui s’affrontent −en dépensant des centaines de milliards $ !− sont deux partis de l’establishment capitaliste et impérialiste. Fondamentalement, ils défendent les mêmes intérêts, ceux de l’oligarchie US, avec des différences qui sont souvent de simples nuances.
Certes, les "démocrates" sont généralement plus "progressistes" et les "républicains" plus "conservateurs". Mais il serait erroné de parler de "gauche", même si au sein du Parti Démocrate se lève une jeune génération qui se positionne plus clairement sur cet axe [1].
Néanmoins, comme de coutume, il y avait d’autres (petits) candidats, tel l’écologiste Howard Hawkins, ancien compagnon de route de Murray Bookchin [2].
Hélas, ceux-ci sont dépourvus de moyens financiers conséquents et bénéficient d’une visibilité médiatique réduite, dans un pays où les traditions politiques ne sont pas celles de l’Europe, par exemple. Dans ces conditions, il leur est très difficile de réaliser un résultat significatif. Sans oublier, évidemment, un type de système électoral très particulier qui favorise les deux grandes formations largement hégémoniques.
Il est déjà compliqué de construire une "alternative anticapitaliste et écosocialiste" chez nous, alors aux States !
Dans l’immédiat, avec le suspense qui risque de s’éterniser suite aux recours juridiques prévus, l’intrusion d’actes violents, orchestrés par l’extrême-droite et les sympathisants virils de Trump, constitue une menace réelle !
Un scénario de "guerre civile" loin d’être impensable et qui indique la profondeur de la crise du système de domination aux Etats-Unis, exacerbée par l’émergence de politiciens toujours plus à droite et toujours plus autoritaires.
Mais il serait incongru de se gausser de cette situation "Outre-Atlantique", car cette "dérive" est également observable sur notre "Vieux continent". Et il ne faut vraiment pas aller très loin pour s’en inquiéter, surtout en cette période de pandémie de SARS-COV-2 qui favorise les exercices de musculation de bon nombre de gouvernements et d’apprentis "hommes forts"…
[1] Ainsi, les quatre élues démocrates Ilhan Omar (Minnesota), Alexandria Ocasio-Cortez (New York), Rashida Tlaib (Michigan) et Ayanna Pressley (Massachusetts), issues de minorités ethniques et surnommées par la presse "The Squad" (la brigade), ont toutes été réélues au Congrès ! Avec d’autres, elles incarnent les nouveaux visages de la (nouvelle) gauche étatsunienne...
[2] Figure importante de "l'écologie libertaire", décédée en 2006.
"The Squad"
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