03 décembre 2020
IMAGINAIRE(S) [103]
"Dans la rue, il commençait à crachiner. Deux cavaliers pressèrent le trot de leurs chevaux et dépassèrent une Ford bringuebalante. Executor ouvrit la porte de la Packard blindée et aida le journaliste à s’asseoir.
− Ça commence à bien faire. Il nous faut de l’action.
− La veuve m’a juré qu’elle et ses amis n’y étaient pour rien.
− Qui alors ?
− Pas la moindre idée. Mais tu as raison. Ça suffit comme ça.
− Personne ne proteste de son innocence tant qu’une accusation n’a pas été lancée. Personne ne donne de réponses si on ne lui pose pas de questions.
− Tu as raison. Il faudrait commencer par là.
− Hier, on a tiré sur le poète et on a failli le tuer. Mettons la pression et voyons si l’Ombre sort de l’obscurité et se montre, dit l’Executor en démarrant.
− L’Ombre ? Quelle Ombre ?
− L’ennemi. C’est comme ça que le poète l’appelle. Quant à notre club de joueurs de dominos, il lui a trouvé un nom encore plus lyrique : l’Ombre de l’ombre.
− Pas mal du tout. On pourrait l’embaucher au journal."
[Paco Ignacio Taibo II, Ombre de l’ombre, 1986]
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