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30 décembre 2020

IMAGINAIRE(S) [130]

 

tardi.jpg"Au milieu de la rue, à la sortie du bourg, cerné par les corbeaux déchaînés, un corps. Un cadavre. Tressautant sous les coups de bec des charognards.

Albert s’est précipité pour consoler sa compagne. D’un regard, il me passa muettement son bâton de maréchal.

Le couteau à la main, j’ai gagné le milieu de la chaussée et j’ai progressé lentement, tout à fait comme le shérif, toujours dans le même western, avançant, inquiet, vers le lieu du duel final, regardant de tous côtés, marchant droit, sur ses gardes.

Vers les trois autres baraques, rien. Personne.

Le cadavre était déjà bien entamé. Les corbeaux se sont peu à peu éloignés. Mais pas très loin.

J’ai alors reconnu le jogging et, au milieu de la bouillie du crâne écrasé, les petites tresses africaines de ce jeune homme parti, déjà des siècles, avec la jeune fille au pull rouge et trois autres types dont je ne me souvenais qu’à peine…

– C’est le jeune, le type en jogging, j’ai annoncé en rejoignant le groupe.

Nadine pleurait doucement dans les bras de son mec.

Nous avons décidé de ne pas traîner, d’agir vite. Avec méthode. Un tracteur, une voiture ; il y avait donc de l’essence pour continuer notre minable périple ; et plein d’objets et d’outils qui pouvaient se transformer en armes de défense.

Il devenait flagrant que, désormais, nous en aurions besoin."

 

[Jean-Bernard Pouy, Train perdu wagon mort, 2003]

 

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