06 décembre 2021
La FEB sort de ses gongs ?
Boucan patronal, objectifs de classe !
La Fédération des Entreprises de Belgique publie un communiqué rageur suite à la manifestation nationale de la CSC et de la FGTB organisée dans les rues de Bruxelles, ce jour de la Saint Nicolas. [1]
Les traditionnels cris d'orfraie de la FEB après la moindre initiative syndicale n'étonnent plus personne. Ni son mauvais cinéma : difficile de savoir ce que ces patrons fument pour affirmer que le pays était "à l'arrêt" (sic) suite à cette "manifestation de masse" (re-sic) !
Dès lors, pourquoi ce vacarme ?
D'abord parce qu'ils constatent que la crise sanitaire et des décisions unilatérales d'une justice de classe n'empêchent pas les mobilisations sociales, qui pourraient aller en s'amplifiant à l'avenir !
Ensuite, parce que la contestation du blocage salarial, imposé depuis 1996 par les différents gouvernements, persiste. Or, pour eux, cette digue qui empêche de véritables augmentations de salaire et, par conséquent, qui protège leurs profits et les dividendes des actionnaires, ne peut se fissurer !
Enfin, parce qu'ils craignent une remise en question du système de la "concertation sociale" qui a toujours, in fine, servi leurs intérêts !
Attention, non seulement le patronat et les possédants se montrent bruyants, ce qui fera peut-être hausser quelques épaules, mais ils sont passés à l'offensive.
Comment ?
En essayant de profiter de la crise sanitaire, des dérives autoritaristes qui l'accompagnent, et des appels à "l'union sacrée anti-pandémique", pour imposer à nouveau leur agenda et leurs exigences : remise en cause du droit de grève et des libertés syndicales ("aucun droit n'est absolu") ; offensive contre le système d'indexation (qui a pourtant déjà été largement tripatouillé !) et les revenus des travailleurs avec ou sans emploi, au nom de la sempiternelle "compétitivité des entreprises" ; volonté d'enfermer les syndicats dans une "paix sociale" (factice) qui les ferait abandonner leurs revendications les plus pointues, et les maintiendraient en état de léthargie.
Puisse le sommet syndical comprendre qu'une riposte face à l'arrogance de ces profiteurs des crises passe par un changement de rapports de forces, et donc par de vastes mobilisations, pour des objectifs clairs !
Puisse le sommet syndical comprendre aussi que le monde patronal a parfaitement intégré le paramètre de la "lutte des classes", qu'il veut maitriser pour la gagner, et que ce n'est pas en misant sur un système de "concertation sociale permanente" et sur un dialogue privilégié entre "partenaires sociaux" (!) que l'on pourra mettre en échec les troupes de la FEB !
Évidemment, il y a souvent loin de la coupe aux lèvres. Voilà des décennies que les responsables syndicaux annoncent des "plans d’action d'ampleur" contre les politiques austéritaires à répétition des différents gouvernements, et voilà des années que la montagne syndicale finit toujours par accoucher d’une souris peu combative !
Par conséquent, le moment est peut-être venu d’aligner les actes sur les paroles, non ? D’autant que certains "amis politiques" du PS et d’Ecolo siègent dans les différents exécutifs, et pourraient relayer les doléances syndicales !
J’ironise ? Un peu, je le reconnais...
Bon, je sors.
But I’ll be back !
[1] https://www.lesoir.be/410736/article/2021-12-06/totalement-irresponsables-les-syndicats-ignorent-la-realite-la-reaction-de-la
"Une manifestation syndicale nationale a rassemblé lundi plusieurs milliers de militants de la FGTB et de la CSC. Ils étaient 6.000 selon les organisations syndicales et 3.200 d’après la police dans les rues de la capitale pour protester contre la loi sur la norme salariale et demander le respect des droits syndicaux.
« La mise à l’arrêt du pays par des actions et des manifestations ne fait que compliquer la reprise économique et n’aide personne », s’est offusquée lundi la Fédération des entreprises de Belgique, en réaction à la manifestation nationale à Bruxelles de la FGTB et de la CSC. La FEB dit ne pas comprendre que les syndicats choisissent d’organiser une manifestation de masse et de repartir en guerre contre la norme salariale « qui protège notre compétitivité et nos emplois ».
Si la Fédération respecte l’autonomie syndicale d’organiser des actions collectives, ainsi que la liberté d’association et d’expression qui s’applique à tous les citoyens et organisations, elle rappelle toutefois que le droit de grève n’est pas absolu. « Aucun droit n’est d’ailleurs absolu », ajoute-t-elle en réponse à l’affirmation des syndicats selon qui le droit de grève est menacé.
Pour la FGTB et la CSC, il faut modifier la loi sur la norme salariale de 1996. « Dans les circonstances actuelles, c’est ignorer complètement la réalité. Les dernières décennies ont clairement montré que la combinaison de taux d’inflation élevés et du système d’indexation automatique des salaires constitue un cocktail particulièrement explosif », répond la FEB. « Nous nous trouvons à nouveau aujourd’hui dans une situation dangereuse où la spirale auto-renforcée et néfaste salaires-prix (une forte inflation entraîne une forte indexation des salaires, qui entraîne à son tour une inflation plus élevée, et ainsi de suite) menace d’apparaître », met en garde la fédération patronale. Elle a d’ailleurs appelé la semaine dernière les partenaires sociaux et le gouvernement à revoir ce système d’indexation." (Le Soir)
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