25 octobre 2022
"BOUQUINAGE" - 37
"Le football spectacle planétaire −avec ses coupes, ses championnats, ses rencontres télévisées, ses golden stars, ses “fêtes” et son matraquage publicitaire omniprésent− n'est que la face visible de l'Empire football. Pour comprendre ce “milieu”, ses règles opaques, ses magouilles et tripatouillages, sa corruption endémique, ses “affaires”, il faut évidemment l'inscrire dans son environnement réel, presque toujours occulté par les zélateurs du ballon rond : l'affairisme capitaliste. Le football est en effet l'un des dispositifs les plus puissants et les plus universels de la logique du profit. La marchandisation et la monétarisation qui ont transformé le football en une immense machine à sous avec ses parrains, ses intermédiaires, ses sponsors, ses opérations financières douteuses, ses salaires mirobolants ne sont pas, comme se l'imaginent encore certains “humanistes”, les déplorables effets de l'argent, mais la finalité même du capitalisme sportif contemporain. Le but unique du football est bien de brasser de l'argent comme le destin du prunier est de produire des prunes. Le “jeu” sur la pelouse verte n'est que le prétexte visible pour d'autres jeux, autrement plus sérieux, qui stimulent en coulisses toutes les opérations effectives de la corporation −de “l'honorable société”− football : les investissements bancaires, les droits de retransmission télévisée, les recettes, les contrats de sponsoring, les chiffres d'affaires, les bénéfices d'exploitation, les produits dérivés, les budgets, les subventions, les transferts, sans compter les “primes”, les dessous de table, les doubles billetteries, les caisses noires, les détournements divers qui accompagnent depuis toujours le football professionnel, voué à baigner dans l'oseille comme les requins croisent en eau trouble."
(...)
"Le football n'est évidemment pas un élément de la “culture humaine” ni une pratique “aussi vieille que le monde”, mais une institution capitaliste dont la genèse, la structure et le fonctionnement ne peuvent se comprendre que dans le cadre de l'avènement et de la consolidation du mode de production capitaliste. La naissance, l'extension et l'implantation du football sont en effet totalement déterminés par le développement du capitalisme, puis de l'impérialisme en tant que conquête du marché mondial, et ses cycles d'expansion ont toujours été liés aux grandes périodes d'évolution de l'économie capitaliste ainsi qu'aux rapports de forces politiques sur l'arène diplomatique internationale. De nos jours, c'est bien entendu dans le cadre de la mondialisation libérale et de la domination sans partage du capital financier transnational que prospère le football et que prolifèrent ses organisations et ses lobbys : la FIFA, les fédérations nationales et l'UEFA notamment, mais aussi ses clubs, grands ou petits, professionnels ou “amateurs”. L'économie politique du football est donc de part en part une économie politique capitaliste −n'en déplaise à ses thuriféraires de “gauche”− parce que la logique du profit en a fait une entreprise comme une autre, avec ses employeurs, ses actionnaires, ses salariés, ses rapports d'exploitation, ses stratégies financières, ses conflits d'intérêts, ses licenciements, ses liquidations et son chômage. L'Empire football est même devenu au fil des ans une vaste multinationale bureaucratique gérant un énorme marché international où circulent des masses considérables d'argent et où s'opposent sans interruption de grandes fédérations dominantes avec leurs championnats réputés (Angleterre, Allemagne, Italie, Espagne, France, Brésil, Argentine), des clubs d'élite (en Europe : Réal de Madrid, Juventus de Turin, Manchester, Barcelone, Chelsea, Liverpool, Inter de Milan, Bayern de Munich, Ajax Amsterdam, Arsenal, Benfica, Eindhoven, CSKA Moscou) et des groupes capitalistes qui se disputent férocement l'hégémonie sur ce “marché porteur”."
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