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21 janvier 2023

"BOUQUINAGE" - 125

"Qui dit fortune dit droit de polluer. Les 10 % des plus riches à l'échelle de la planète sont responsables de la moitié des émissions totales de gaz à effet de serre. La symétrie entre richesse et émissions est presque parfaite. Cette “élite de la pollution” pollue 4 fois plus que la moitié la plus pauvre de l'humanité.

L'injustice de cet “apartheid planétaire” est double : les riches polluent et les pauvres subissent. Le pêcheur somalien qui voit son poisson se raréfier et le niveau de la mer monter n'a probablement jamais pris l'avion ; il n'a participé ni au réchauffement dont il a hérité, ni à la surpêche. Pourtant, il en paiera pleinement le prix, et parmi les premiers. Ce sont les populations les plus vulnérables, à commencer par celles des pays les plus pauvres qui boivent l'eau polluée, respirent des fumées toxiques, vivent près des décharges, souffrent des inondations et des canicules, etc. La notion d'Anthropocène masque de profondes inégalités : même si nous sommes tous de la même espèce, nous ne sommes égaux ni en termes de responsabilité ni en dangers encourus face aux catastrophes écologiques d'aujourd'hui et de demain.

Disons-le clairement : l'effondrement écologique n'est pas une crise, c'est un tabassage. Le dérèglement climatique est une “violence lente” et diffuse, une usure qui s'exerce progressivement et hors de vue, aujourd'hui principalement contre les populations les plus paupérisées, mais qui va peu à peu remonter l'échelle sociale. Cette situation n'a rien à voir avec une supposée nature humaine, elle est plutôt le symptôme d'une organisation sociale spécifique, étroitement liée à une certaine vision politique du monde.

(...)

La cause première du déraillement écologique n'est pas l'humanité mais bien le capitalisme, l'hégémonie de l'économique sur tout le reste, et la poursuite effrénée de la croissance.

(...)

L'économiste Serge Latouche reprend dans ses écrits la terminologie de Hannah Arendt et parle de “banalité économique du mal” : un système qui orchestre le massacre du vivant tout en diluant les culpabilités de ceux qui en sont responsables.

(...)

Cette violence est un phénomène émergent, une sorte de désordre spontané que personne n'a directement anticipé et qu'entretiennent jusqu'à l'absurde nos comportements sociaux les plus anodins. Il faut rembourser un prêt, payer une facture, satisfaire les actionnaires, faire du chiffre ; nous sommes otages d'un système qui prédétermine en partie des comportements qui seraient autrement jugés immoraux.

(...)

Le problème n'est pas l'existence de l'économie en soi (toute société a toujours organisé d'une manière ou d'une autre ses activités productives), mais bien les règles que nous lui donnons aujourd'hui ainsi que l'objectif central qui l'anime: la croissance."

 

 

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