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23 avril 2023

"BOUQUINAGE" - 217

"L'extension moderne du marché unifie toutes les créations artistiques comme objets de consommation de masse. Dans les arts nobles, ça signifie que les pauvres accrochent dans leurs chiottes la reproduction des œuvres que les riches accrochent dans leurs chiottes sous leur forme originale. Pour les arts populaires, ça signifie qu'ils sont saisis par le marché et subissent le même sort : les pauvres lisent des bandes dessinées imprimées à des millions d'exemplaires, pendant que les riches spéculent sur des planches originales. La situation en est arrivée au point que certains dessinateurs réalisent des planches de BD qui ne font partie d'aucune histoire en BD effectivement réelle, et les vendent à la fois aux riches, comme planche originale, et aux pauvres comme reproduction d'une planche originale qui n'a à proprement parler ni queue ni tête, puisqu'elle ne fait partie d'aucune BD effectivement réelle. De même, une revue moderniste m'a demandé si je n'avais pas à lui fournir quelques pages d'un brouillon sans rapport avec aucun des mes ouvrages publiés, qu'elle se proposait d'imprimer. Un cadre de la Série Noire me disait très justement : “Votre problème, c'est que vous pouvez à présent écrire n'importe quoi, publier des pages blanches ou des reproductions photographiques de vos étrons, ça se vendra plus ou moins, mais ça se vendra.” Quand je dis que le mouvement du capital tend à valoriser tout, je ne rigole pas, parce qu'il n'y a vraiment pas de quoi rire.

Quant à la question d'une éventuelle littérature progressiste, elle est ridicule car, en supposant qu'un texte de gauche vaut mieux qu'un texte de droite, elle oublie que les textes, pas plus que les hommes, ne sont ce qu'ils disent être, c'est-à-dire qu'elle abandonne toute critique de l'idéologie et qu'elle se trouve donc en plein idéalisme, et en retrait sur ce que nos meilleurs porte-parole, Marx et Engels, écrivaient dès la première moitié du dix-neuvième siècle."

 

 

 

 

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