05 juillet 2023
"BOUQUINAGE" - 290
"Elle s'arrêta de marcher pour rajuster son chemisier. “On m'a demandé ma démission. Je n'ai pas eu le choix. À cause de mes opinions politiques. C'était en 1948. Pendant les élections. J'avais adhéré au Parti progressiste, je militais beaucoup pour Henry Wallace. C'est quand la question du renouvellement de mon contrat s'est posée qu'ils m'ont mise au courant. Bien sûr, je leur ai demandé des explications.” Elle se mit à gesticuler. “Ils me les ont données. Je n'ai donc pas fait d'histoires. C'était ma faute. Et plus tard, j'ai signé cette maudite pétition pour l'Appel de la paix de Stockholm. C'est Walt qui m'y a poussée. Lui aussi était très actif au sein du Parti progressiste. Bien sûr, c'est du passé tout ça.
— Je n'en ai jamais rien su, dit-il.
— Des parents se sont plaints que j'enseignais ce qu'ils appelaient le ′mondialisme’ en classe. J'avais des documents des Nations unies. Et quand ils ont mené leur enquête, ils ont découvert que j'étais inscrite à l'International People Party. Et voilà ! C'est comme si je parlais d'une autre époque, celle de Hoover et du Work Projects Administration. J'en ai souffert quelque temps, mais c'est du passé à présent. Je suppose que je pourrais me remettre à enseigner. Peut-être pas en Idaho, mais dans un autre État, comme la Californie. Ils ont tellement besoin de professeurs de nos jours. C'est tout le système scolaire qu'ils ont détruit avec leurs chasses aux sorcières... Ils ont rendu les enseignants si timides, ce n'est pas étonnant qu'on enseigne plus rien. Un professeur qui osait ouvrir la bouche sur l'éducation sexuelle, la contraception ou la bombe atomique se faisait renvoyer."
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