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14 juillet 2023

"BOUQUINAGE" - 299

"Toute cette histoire héroïque de l'armée rouge, dont je rapporte à peine les grandes lignes, Trotski me l'a contée pendant des heures, devant les cartes innombrables de son bureau.

Il me l'a contée avec cette simplicité que tous les Commissaires du Peuple ont si heureusement conservée au pouvoir, en s'interrompant pour me dire : “Comme vous avez bien fait de me demander tout cela ! Comme cela me fait plaisir de me rappeler ces choses !” jusqu'au moment où il terminait un chapitre en déclarant gentiment : “Maintenant, nous allons nous arrêter. Mon garçon joue au ballon sur la place du Kremlin. Nous allons aller le chercher.”

Ce qu'il ne m'a pas dit, ce qu'il ne pouvait me dire lui-même, c'est à quel point il a été l'animateur de la résistance aux cent actes que la création de l'armée rouge a permise.

D'autres me l'ont dit, à Petrograd (par exemple) en me parlant de l'attaque de Iudénitch contre la capitale, en octobre 1919. Les blancs arrivèrent alors jusqu'à la grande ville. Ils pénétrèrent dans les faubourgs et l'on croyait Petrograd perdue.

“Quand Trotski a débarqué à Moscou — me rapportait un camarade — la confiance est revenue en un clin d’œil partout. Les barricades sont sorties de terre comme d'elles-mêmes. En quelques jours, Iudénitch a été battu, écrasé, et son armée s'est évaporée littéralement.”

Trotski n'est pas qu'un organisateur, c'est un chef. Plus craint qu'aimé peut-être, c'est possible. Mais d'un ascendant prodigieux.

Il appartient à la race de nos grands Jacobins, dont on s'aperçoit souvent que les souvenirs le hantent. Il connait bien la Révolution française et l'amour qu'il lui porte est l'origine des sentiments francophiles qu'il confesse, malgré les événements de ces dernières années, comme beaucoup de communistes russes."

 

 

 

 

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