26 décembre 2020
IMAGINAIRE(S) [126]
"Avant que j’aie pu esquisser un geste, elle plongea la main dans son sac et en sortit un petit pistolet nickelé qu’elle dirigea sur moi.
Ma première impression ne m’avait pas trompé : cette femme était très dangereuse. Il faisait trop sombre pour que je puisse lire ses intentions dans son regard, mais son intonation laissait deviner une détermination farouche, quasi obsessionnelle, à la limité de l’hystérie.
– Je suis venue pour vous tuer, Baraudy. J’aurais pu le faire tout à l’heure, devant tout le monde, et c’était mon but. Ça m’aurait fait plaisir de vous vider mon chargeur dans le ventre et de vous voir vous tortiller sur ce parquet bien ciré, avec votre belle chemise et votre beau costume blanc souillés de sang et de vomissures, au milieu de vos invités en train de bouffer des petits fours et de boire du champagne…
Pas de doute, j’avais affaire à une cinglée."
[Gérard Delteil, La confiance règne, 1991]
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25 décembre 2020
IMAGINAIRE(S) [125]
"Faty hocha la tête d’un air à la fois grave et enfantin, et Teissère, attendri, songea : ‘’je t’aiderai, mon petit garçon. Parce que tu sais, tout est tellement crado. Des tueurs, des voyous, des pédés, des vicieux, du sperme, des putes, des macs, de la schnouf, du fric, des cons… Des coups de feu, de surin, d’acide, de rasoir, de pic à glace… Si tu savais ce que c’est qu’une vie de flic !’’
Son cadet passait près d’eux. Teissère le happa et le prit aussi par les épaules.
Il était un peu gêné, mais ce geste, il le retenait depuis des années.
Il les serra très fort, ses deux fils. Ils étaient tous trois épaule contre épaule. Heureux.
Et c’était Noël. Un Noël blanc, même !
Des minutes comme celles-ci, ça valait bien cinquante-cinq ans de merde, non ?"
[Frédéric H. Fajardie, Gentil, Faty !, 1981]
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24 décembre 2020
IMAGINAIRE(S) [124]
"Les cordes crissaient sur le bois du petit cercueil. Les deux employés municipaux se tenaient de chaque côté de la fosse et hissaient la charge en cadence. Après deux ou trois mouvements, le cercueil fut posé sur le sol, près de la plaque tombale de granit.
- Alors ? demanda l'un des employés. Il s'essuya le front du revers de la manche, rejetant sa casquette en arrière.
Roland Gabelou eut un instant de passage à vide."
[Thierry Jonquet, La Bête et la Belle, 1985]
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