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23 avril 2023

"BOUQUINAGE" - 217

"L'extension moderne du marché unifie toutes les créations artistiques comme objets de consommation de masse. Dans les arts nobles, ça signifie que les pauvres accrochent dans leurs chiottes la reproduction des œuvres que les riches accrochent dans leurs chiottes sous leur forme originale. Pour les arts populaires, ça signifie qu'ils sont saisis par le marché et subissent le même sort : les pauvres lisent des bandes dessinées imprimées à des millions d'exemplaires, pendant que les riches spéculent sur des planches originales. La situation en est arrivée au point que certains dessinateurs réalisent des planches de BD qui ne font partie d'aucune histoire en BD effectivement réelle, et les vendent à la fois aux riches, comme planche originale, et aux pauvres comme reproduction d'une planche originale qui n'a à proprement parler ni queue ni tête, puisqu'elle ne fait partie d'aucune BD effectivement réelle. De même, une revue moderniste m'a demandé si je n'avais pas à lui fournir quelques pages d'un brouillon sans rapport avec aucun des mes ouvrages publiés, qu'elle se proposait d'imprimer. Un cadre de la Série Noire me disait très justement : “Votre problème, c'est que vous pouvez à présent écrire n'importe quoi, publier des pages blanches ou des reproductions photographiques de vos étrons, ça se vendra plus ou moins, mais ça se vendra.” Quand je dis que le mouvement du capital tend à valoriser tout, je ne rigole pas, parce qu'il n'y a vraiment pas de quoi rire.

Quant à la question d'une éventuelle littérature progressiste, elle est ridicule car, en supposant qu'un texte de gauche vaut mieux qu'un texte de droite, elle oublie que les textes, pas plus que les hommes, ne sont ce qu'ils disent être, c'est-à-dire qu'elle abandonne toute critique de l'idéologie et qu'elle se trouve donc en plein idéalisme, et en retrait sur ce que nos meilleurs porte-parole, Marx et Engels, écrivaient dès la première moitié du dix-neuvième siècle."

 

 

 

 

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22 avril 2023

"BOUQUINAGE" - 216

"Les enfants vinrent à notre rencontre. Ils avaient bien l'air de pensionnaires d'une institution, dans leur uniforme, les garçons en chemise de coton bleu et pantalon de flanelle grise, les filles en jupe courte, plissée et grise, et blouson jaune clair.

Jusqu'alors, je n'avais vu que de loin les visages des deux Enfants qui se tenaient devant la salle.

 

À leur approche, je trouvai la ressemblance entre eux plus grande encore que je ne m'y attendais. Tous les quatre avaient le même teint bronzé. La luminescence de leur peau, qu'on avait pu remarquer à leur naissance, était fortement diminuée par le hâle du soleil, mais il en restait assez pour attirer l'attention. Ils avaient les mêmes cheveux blond foncé, les mêmes nez droits et minces, et les mêmes petites bouches. Ce qui leur donnait le plus l'aspect d'“étrangers” était sans conteste la façon dont leurs yeux étaient disposés, qui ne rappelait en rien une race déterminée habitant une région précise. C'était une simple impression. Rien ne me permettait de distinguer un garçon d'un autre, et, n'étaient les cheveux, je n'aurais pas pu distinguer avec certitude un garçon d'une fille.

Bientôt, je pus voir leurs yeux. J'avais oublié qu'ils étaient déjà extraordinaires quand ils étaient bébés, et je me les rappelais comme étant jaunes. Mais ils étaient plus que cela : l'or de leurs yeux était étincelant. Étrange en effet. Mais si on mettait de côté cette notion d'étrangeté, ils étaient d'une étonnante beauté : ces yeux avaient l'air de gemmes vivantes.

Je continuais à les regarder, fasciné, pendant qu'ils parvenaient à notre hauteur. Ils ne faisaient guère attention à nous, et étaient encore moins embarrassés par nos regards. Ayant accordé à la voiture un bref coup d’œil, ils s'engagèrent sur le chemin d'Hickham."

 

 

 

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21 avril 2023

"BOUQUINAGE" - 215

"En ne proposant que la dévalorisation du travail et la mise en coupe réglée de la nature, le capitalisme est dépourvu de tout projet émancipateur, de toute capacité de compromis, et ce n’est pas la multiplication des smartphones et des tablettes, dont l’obsolescence est encore plus rapide que l’innovation technique, qui peut redonner du sens. Pas de projet, pas de sens, même si le capitalisme avait encore un avenir, il n’y a plus d’avenir dans le capitalisme."

 

 

 

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00:00 Publié dans Livre, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |