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18 décembre 2022

"BOUQUINAGE" - 91

"— Je suis Aycha, répondit-elle solennellement, cette Aycha à qui tu t'es consacré pour l'éternité.

— Elle ment, elle ment !... interrompit Atené. Si tu es cette immortelle, cette Aycha, fais-en la preuve à ces deux hommes qui t'ont connue autrefois. Arrache ces voiles qui gardent si jalousement ta beauté. Laisse cette forme divine, cette incomparable splendeur s'épanouir sur notre nuit et l'éblouir. À coup sûr, ton amant n'aura pas oublié de tels charmes ; à coup sûr, il te reconnaîtra et s'agenouillera en te disant : celle-ci est mon immortelle et pas une autre ! Alors, mais pas avant, croirai-je que tu es cet esprit malfaisant que tu as avoué être, cet esprit qui acheta d'un meurtre le don d'éternelle vie et usa de sa beauté infernale pour ensorceler l'âme des hommes."

 

 

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17 décembre 2022

SFFF - 24 images par seconde [LXXXIV]

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1967

Le bal des vampires

[The Fearless Vampire Killers]

Film de Roman Polanski

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"BOUQUINAGE" - 90

"Zvéréva le fit venir. Elle voulut donner à l’interrogatoire le ton d’une conversation familière.
 
“Vous écrivez, camarade Roublev ?
 
J’écris.
 
Un message au Comité central, n’est-ce pas ?
 
Pas précisément ? Je ne sais pas bien si nous avons encore un Comité central au sens où nous l’entendions dans le vieux parti.”
 
Zvéréva fut surprise. Tout ce que l’on savait de Kiril Roublev portait à le croire “dans la ligne”, soumis -non sans réserves intérieures-, discipliné ; et les réserves intérieures fortifient les acceptations pratiques. L’instruction risquait d’échouer.
 
“Je vous comprends mal, camarade Roublev. Vous savez, je pense, ce que le parti attend de vous ?”
 
La prison le marquait moins qu’un autre, puisqu’il portait la barbe auparavant. Il ne paraissait pas déprimé, quoique fatigué : le cerne des yeux. Une tête de saint vigoureux au grand nez osseux, telle qu’on en voit sur certaines icônes de l’école de Novgorod. Zvéréva cherchait à le déchiffrer. Il parlait calmement :
 
“Le parti… Je sais à peu près ce que l’on attend de moi… Mais quel parti ? Ce que l’on appelle le parti a tellement changé… Vous ne pouvez certainement pas me comprendre…
 
Et pourquoi, camarade Roublev, croyez-vous que je ne puisse pas vous comprendre Au contraire, je…
 
N’en dites pas plus, coupa Roublev, vous avez sur les lèvres une phrase officielle qui ne signifie plus rien. Je veux dire que nous appartenons probablement, vous et moi, à des espèces humaines différentes. Je le dis sans aucune animosité aucune, je vous assure.”
 
Ce qu’il pouvait y avoir d’offensant dans le propos s’atténuait par le ton objectif et le regard poli.
 
“Puis-je vous demander, camarade Roublev, ce que vous écrivez, à qui et à quelle fin ?”
 
Roublev hochait la tête en souriant, comme si une étudiante lui eût posé une question intentionnellement embarrassante.
 
“Camarade juge d’instruction, je songe à écrire une étude sur le mouvement des briseurs de machines en Angleterre au début du XIXème siècle… Ne vous récriez pas, j’y songe sérieusement.”
 
Il attendit l’effet de sa plaisanterie. Zvéréva l’observait aussi, aimable. De petits yeux sagaces.
 
“J’écris pour l’avenir. Un jour les archives s’ouvriront. On y trouvera peut-être mon mémoire. Le travail des historiens qui étudieront notre temps en sera facilité. J’estime que c’est beaucoup plus important que ce que vous êtes probablement chargée de me demander… Maintenant, citoyenne, permettez-moi à mon tour une question: de quoi exactement suis-je inculpé ?
 
Vous le saurez bientôt. Êtes-vous satisfait du régime ? De la nourriture ?
 
Passable. Pas assez de sucre, parfois, dans la compote. Mais beaucoup de prolétaires soviétiques, qui ne sont inculpés de rien, sont moins bien nourris que vous et moi, citoyenne.”
 
Zvéréva dit sèchement :
 
“L’interrogatoire est terminé.”
 
Roublev revint à sa cellule d’excellente humeur."
 
 
 

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16 décembre 2022

SFFF - 24 images par seconde [LXXXIII]

 

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1988

Le Blob [The Blob]

Film de Chuck Russel

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"BOUQUINAGE" - 89

 

"Le cercle est la forme la plus solide de l’univers. Rien ne peut le défaire, rien ne peut l’égaler, rien ne peut être plus parfait. Et c’est ce que nous voulons : être parfaits. Toute information qui nous échappe, tout ce qui est inaccessible nous empêche de l’être."

 

 

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15 décembre 2022

SFFF - 24 images par seconde [LXXXII]

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1978

Furie [The Fury]

Film de Brian De Palma

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"BOUQUINAGE" - 88

"Nous étions tous les sept silencieux, à écouter, si je puis dire, le silence du transistor, quand éclata un tapage dont je ne puis donner une idée que par des comparaisons qui, toutes, me paraissent dérisoires : roulement de tonnerre, marteaux pneumatiques, sirènes hurleuses, avions perçant le mur du son, locomotives folles. En tout cas, quelque chose de claquant, de ferraillant, de strident, le maximum de l'aigu et le maximum du grave portés à un volume de son qui dépassait la perception. Je ne sais pas si le bruit, quand il atteint un tel paroxysme, est capable de tuer. Je crois qu'il l'aurait fait s'il avait duré. Je plaquai désespérément les mains contre mes oreilles, je me baissai, je me tassai sur moi-même et je m'aperçus que je tremblais de la tête aux pieds. Ce tremblement convulsif, j'en suis certain, était une réponse purement physiologique à une intensité dans le vacarme que l'organisme pouvait à peine supporter. Car à ce moment-là, je n'avais pas encore commencé à avoir peur. J'étais trop stupide et pantelant pour former une idée. Je ne me disais même pas que ce fracas devait être démesuré pour parvenir jusqu'à moi à travers des murs de deux mètres d'épaisseur et à un étage sous le sol. J'appuyai les mains sur mes tempes, je tremblais et j'avais l'impression que ma tête allait éclater. En même temps, des idées stupides me traversaient l'esprit. Je me demandais avec indignation qui avait renversé le contenu de mon verre que je voyais couché sur le côté à deux mètres de moi. Je me demandai aussi pourquoi Momo était étendu à plat ventre sur les dalles, la face contre terre et la nuque recouverte de ses deux mains, et pourquoi la Menou, qui le secouait aux épaules, ouvrait toute grande la bouche sans émettre un seul son.

La transpiration continuait à jaillir de mon front et à couler le long de mes joues, sous mes aisselles et dans mes reins. Je souffrais d'une soif intense, mes lèvres étaient sèches et ma langue collait à mon palais. Je m'aperçus au bout d'un moment que je gardais la bouche ouverte et que je haletais comme un chien, à petits coups rapides, mais sans arriver à vaincre l'impression d'étouffement que je ressentais.

Je vis le visage de Thomas apparaître dans le champ de vision et se préciser peu à peu. Thomas était torse nu, pâle, couvert de sueur. Il dit dans un souffle: déshabille toi. Je fus stupéfait de ne pas y avoir pensé plus tôt. j'enlevais ma chemise et mon gilet de corps. Thomas m'aida. Fort heureusement, je n'avais pas mes bottes de cheval, car même avec son aide, je ne serais pas arrivé à les retirer. Le moindre geste m'épuisait. Je m'y repris à trois fois avant d'ôter mon pantalon et je n'y réussis que grâce à Thomas. De nouveau, il approcha sa bouche de mon oreille et j'entendis : -Thermomètre...au dessus du robinet...soixante-dix degrés."

 

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14 décembre 2022

SFFF - 24 images par seconde [LXXXI]

 

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1960

Psychose [Psycho]

Film d'Alfred Hitchcock

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