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29 octobre 2018

La FGTB en quête d'un "débouché politique"

manif fgtb.jpgLa FGTB organisera une «journée nationale d'action» avant le 15 décembre.

Je vais me répéter -et cela devient lassant, j'en conviens-, cette traditionnelle mobilisation ponctuelle -à quelques jours de la fête de Noël, des congés scolaires et du passage à l'an neuf- ne fera pas frémir le gouvernement fédéral !

A l'évidence, le sommet du syndicat «socialiste» occupe le terrain à la «va comme je te pousse» en attendant que tombe le couperet du méga-scrutin de mai 2019. Tout en croisant les doigts pour que l'actuelle majorité, articulée autour de la NVA/MR, devienne minoritaire au lendemain de ces élections !

Avec quelle perspective en terme d'alternance (je n'ose écrire alternative) ? Cela reste nébuleux même si l'état-major syndical s'agite beaucoup, dans les médias, autour de la thématique d'un «gouvernement progressiste», c'est-à-dire une coalition rassemblant le PS, Ecolo et le PTB...

Thierry Bodson avait lancé des appels explicites en ce sens avant les «communales» du 14 octobre. Et maintenant, Robert Verteneuil tape du poing sur la table suite à l'échec -prévisible !- de la constitution de telles majorités dans un certain nombre de villes tests. Il exige même -en pure perte, faut-il le dire !- que les négociations reprennent entre ces trois familles, actuellement peu disposées à sceller leur union...

 

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Devant cette difficulté patente, Jean-François Tamellini, secrétaire fédéral, lance un ballon d'essai sur les réseaux sociaux. Construire une « liste citoyenne » qui s'appuierait sur une « plate-forme programmatique », à élaborer par toutes les volontés motivées qui ne se reconnaissent pas dans l'offre électorale actuelle !

Une telle initiative aurait sans doute été un peu plus crédible si elle avait été lancée au lendemain de la constitution du gouvernement Michel plutôt qu'à quelques mois d'une nouvelle campagne électorale ! Aujourd'hui, on ne sait trop s'il faut parler d'improvisation ou de diversion ...

Et puis, quel programme ? Jean-François Tamellini suggère quelques pistes en des termes si généraux qu'il est difficile de se prononcer en négatif. Il évoque la nécessité de «mettre la priorité sur l'humain et la planète» mais, de nos jours, c'est ce que préconisent tous les partis, ne fut-ce qu'en paroles !

Il avance quelques mesures comme la «réduction généralisée du temps de travail», l' «égalité hommes-femmes» ou la «transition énergétique», mais on ne comprend pas en quoi ce type de revendications se distingue du programme proposé par le PTB, par exemple !

Naturellement, il s'agit simplement d'amorcer la discussion. Mais pourrait-elle vraiment déboucher sur autre chose qu'un «programme commun minimum» qui laisse toutes les questions qui fâchent de côté ? Ainsi, la question européenne, une problématique essentielle car il est illusoire de vouloir mettre en oeuvre une autre politique dans le cadre du carcan néo-libéral actuel, sans rompre avec la construction européenne réellement existante, avec ses traités balisant une trajectoire austéritaire, avec ses pratiques bureaucratiques et avec ses dérives antidémocratiques.

Jean-François Tamellini insiste pourtant en brandissant un argument d'autorité : beaucoup d'électeurs ne votent plus ou ne sont pas disposés à soutenir des partis comme Ecolo, le PS ou le PTB ! C'est certain. Mais pourquoi ces personnes sortiraient-elles de leur abstentionnisme ou de leur scepticisme pour se rallier inopinément à un vote rêves.jpgmouvement surgi de nulle part, qui apportera sa contribution décomplexée à l'éclatement déjà grand de notre paysage politique, et qui par ailleurs défendra probablement des orientations politiques déjà développées par d'autres ?

En politique, il n'existe pas de raccourci. Il ne suffit pas d'un peu d'imagination, de beaucoup de volontarisme ou d'une poignée de poudre de perlimpinpin pour faire émerger d'un trou noir démocratique une solution de rechange rêvée !

En plus de temps et d'énergie militante, impossible de se passer d'un solide programme. Et ce sont précisément les divergences en matière de projets politiques qui ont empêché la concrétisation de «majorités de progrès» là où il était mathématiquement possible de tenter de les réaliser. Ensuite, comme il se doit dans le milieu politicien, cette perspective a été torpillée par des manoeuvres dont le PS et son futur président, Paul Magnette, ont le secret...

Forcément, ces péripéties n'incitent guère à l'optimisme. Mais inutile de se cacher derrière son petit doigt, inutile de se complaire dans une langue de bois éprouvée, inutile de se raconter des histoires : sauf un formidable renversement de table en mai 2019 (totalement improbable à cette heure), il n'existe pas d'issue enthousiasmante... à court terme !

Comme je l'ai déjà souligné sur ce blog, aucune majorité alternative n'est pour le moment envisageable à la Chambre. Sur la base des dernières projections, PS-SPA-ECOLO-GROEN-PVDA-PTB pourraient obtenir 55 sièges, sur un total de... 150 ! Même si les conditions politiques étaient réunies pour une association inédite, former un gouvernement fédéral «de gauche» serait donc impossible...

Ce qui n'est pas le cas au niveau de la Wallonie. Mais ici on en revient au scénario des lendemains de l'élection du 14 octobre, avec le risque identique d'un blocage persistant, pour cause d'incompatibilité programmatique et pour cause d'ostracisme d'Ecolo et du PS vis-à-vis des «extrémistes» du PTB (les quelques négociations en trompe l'oeil orchestrées habilement par Moureaux, Magnette and C° ne doivent pas nous leurrer).

RH.jpgSeul un véritable changement du rapport de forces en faveur du parti de Raoul Hedebouw pourrait commencer à changer la donne. Mais, et on en revient à la FGTB, une mobilisation sociale bien plus consistante et bien plus contraignante que celle que nous avons connue ces dernières années sera également indispensable. Car il n'y a pas que le MR ou la NVA qui méritent des coups de pied au c... Les camarades du Boulevard de l'Empereur ont également besoin d'être secoués par les camarades de l'Action commune socialiste, si celle-ci souhaite réellement soutenir un exécutif nouveau porteur de politiques de rupture.

A défaut, ce sera la relance des coalitions avec la droite, telles que nous les avons connues durant un quart de siècle, avec leur cortège de régression sociale, de reculs démocratiques et de choix productivistes désastreux pour l'espèce humaine...

Reste à déterminer maintenant -mais c'est un vaste débat que je n'engage pas ici, en tout cas pas pour l'instant- si un rassemblement d'étiquettes (parfois discréditées) ou la construction d'une variante d' «union des gauches» constituent bien -à long terme- une solution politique de rechange crédible et durable, alors qu'il y a un rejet grandissant du «système» et de toutes ses «élites»...

 

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20:44 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |

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