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19 octobre 2018

Le succès du PTB

Les soirées électorales ont une particularité en Belgique : beaucoup de responsables politiques sont invités à s'exprimer et, finalement, il en ressort que tout le monde a gagné ! Il faut croire que la totalité des votes exprimés n'égale pas 100 % mais 150 % ! Et puis, l'avantage d'un scrutin local est qu'il y a autant d'élections que de communes : 589. Il est donc toujours possible de s'appuyer sur tel ou tel «bon résultat » pour crier victoire...

Chacun a naturellement le droit d'avoir sa recette pour se remettre d'une gueule de bois post-électorale, méthode Coué y comprise. Mais les faits sont têtus : ce 14 octobre, les trois familles politiques traditionnelles se sont tassées, pour le dire gentiment. Et ce sont les écologistes et le PTB qui ont marqué des points en accumulant des voix et des sièges.

Certes, parler de «raz de marée», comme de nombreux commentateurs, est peut-être un tantinet exagéré. Ces formations n'ont pas obtenu la majorité absolue et ne sont pas les premières du pays ou des entités fédérées respectives. Mais leurs progrès sont nets et incontestables, et personne ne les conteste vraiment, pas même leurs concurrents.

Il faut toutefois établir une distinction entre le «succès» des «Verts» et celui des «Rouges».

Ecolo est un parti déjà «installé». Il était partie prenante de plusieurs majorités communales -et parfois non des moindres, comme à Namur «capitale de la Wallonie»- et il disposait même de bourgmestres. Ce n'est pas le cas du PTB, évidemment. De plus, ce dernier se présentait dans un nombre limité de villes. Dans bien des cas, les électeurs qui voulaient voter pour lui devaient donc choisir un autre parti, Ecolo y compris, voire s'abstenir ! Il est d'ailleurs à noter que, dans de nombreuses communes où le PTB avait déposé une liste, le progrès d'Ecolo est moindre. Le PTB devance même celui-ci dans les deux plus grandes villes de Wallonie, Charleroi et Liège : respectivement 15,73 % contre 7,39 % et 16,32 % contre 14,75 % !

 

PTB progression.jpg

 

La question centrale qui taraude maintenant un paquet d'observateurs et d'acteurs politiques est celle de savoir si le PTB va/veut entrer dans des majorités communales «progressistes». Par exemple à Molenbeek où le PS conquérant de Catherine Moureaux a d'emblée proposé une alliance aux amis de Raoul Hedebouw. Par exemple à Liège, Charleroi et La Louvière, où le PS -qui détient la main- a invité le PTB à des rencontres bilatérales.

Il est évident qu'il existe, derrière cette agitation, une volonté de piéger le parti de la gauche radicale, en voulant publiquement démontrer que celui-ci ne veut pas «prendre ses responsabilités» !

Mais le PTB n'est pas né de la dernière pluie ; il a répondu favorablement aux diverses invitations afin de discuter concrètement de la possibilité de constituer des majorités inédites en Wallonie et à Bruxelles.

Qu'en penser ?

Le PTB veut impulser des politiques de rupture avec le passé et il a raison.

Comme beaucoup, je n'ai pas voté pour ce parti afin qu'il contribue à mettre en oeuvre les mêmes orientations que celles des «écologistes» et des «socialistes», souvent dans le cadre de coalitions avec la droite ! Pour poursuivre dans la même voie, il suffisait alors de voter directement pour le PS ou Ecolo !

Néanmoins, ce serait une erreur de fermer, par principe, la porte à toute perspective de «majorité progressiste» ou d'entamer délibérément une partie de poker menteur dans le but de faire porter le chapeau d'un échec aux autres interlocuteurs !

Des compromis sur un projet socialement et écologiquement stimulant sont peut-être envisageables et doivent être tentés, notamment à Molenbeek où le rapport de forces est meilleur qu'à Charleroi où le PS a d'ores et déjà la majorité absolue en sièges !

Attention toutefois, il y a une différence entre compromis et compromissions, et on doute que le PTB s'engage plus avant s'il s'agit de prendre le contre-pied des objectifs qu'il a défendus pendant la campagne électorale, au risque évident de se décrédibiliser !

Les mouvements en cours sont donc particulièrement intéressants, pas seulement pour conclure éventuellement aujourd'hui, mais aussi dans une perspective future, après les élections régionales, fédérales et européennes de mai 2019.

Car sur la base des résultats engrangés ce 14 octobre, au niveau provincial, un «gouvernement des gauches» est mathématiquement envisageable en Wallonie.

Restera à vérifier la compatibilité programmatique indispensable pour une telle issue !

Mais à chaque jour suffit sa peine...

 

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12:31 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |

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