20 juin 2019
26 mai, les jours d'après (V)
Essayer d'expliquer de manière rationnelle la position adoptée par le PTB, quant à la formation de majorités dans les différents «Exécutifs» de l'Etat fédéral, est extrêmement ardu tant les clichés ont la vie dure, tant la fébrilité des tenants d'un «rassemblement à gauche» est grande et tant les experts en tambouille post-électorale sont frustrés par le refus d'obscures compromissions de la part de l'un des acteurs !
Impossible dès lors d'appuyer le positionnement du parti de la «gauche radicale» sans être aussitôt taxé de «crypto-gauchisme» ou de soutien inconditionnel et aveuglé au «communisme».
Naturellement, dans bien des cas, cette incompréhension est feinte et permet essentiellement d'esquiver tout débat de fond.
Pour ma part, je ne suis ni membre ni «compagnon de route» du PTB.
Je ne suis pas «PRO-PTB» ; je suis «PRO-rupture avec les politiques libérales» et donc je suis «PRO-rupture avec les carcans de l'UE» !
Or, dans l'état actuel des rapports de forces, ces ruptures sont exclues car seul le PTB-PVDA les revendique !
Le résultat du triple scrutin du 26 mai était pourtant clair, mais -curieusement- beaucoup l'escamotent : bien qu'en net progrès, le PTB reste largement minoritaire !
Je rappelle les chiffres : 12 députés (sur 150 !) à la Chambre des représentants ; 4 députés (sur 124 !) au Parlement flamand ; 11 députés (sur 89 !) au Parlement bruxellois ; et 10 députés (sur 75 !) au Parlement wallon...
Difficile dans ces conditions de détenir la main et difficile d'être incontournable ! Juste de quoi jouer un «rôle d'appoint» dans une coalition dominée par d'autres, avec la possibilité d'être «débarqué» à n'importe quel moment !
Alors, comment expliquer la mauvaise foi ambiante ?
PS et Ecolo ne remettent pas en cause les traités européens qu'ils ont ratifiés ! PS et Ecolo n'ont pas d'exclusives vis-à-vis des partis de droite ! PS et Ecolo s'accommodent du logiciel politique rétro-libéral ! Tout le cinéma orchestré pour culpabiliser le PTB vise à occulter une âpre réalité : PS et Ecolo ne veulent pas gouverner avec les «communistes», contre lesquels Jean-Marc Nollet affirmait gaillardement être «vacciné» ! Il s'agit de se procurer un alibi pour justifier leur entrée prochaine dans des majorités, qui avec le MR, qui avec l'Open Vld, qui avec le CD&V, qui avec Défi... On ne peut même pas exclure qu'ils finissent par s'associer avec la N-VA, une décision qui serait alors présentée comme «exceptionnelle» et dictée «par le sens des responsabilités», afin de sortir le pays d'une «crise de régime» !
A ne pas douter, les futurs «programmes de gouvernement» s'inscriront dans la continuité des politiques mises en oeuvre depuis des décennies. Il n'y aura ni changement de cap, ni rupture, ni réponses à la hauteur des défis et des enjeux de l'époque.
Mais les éminences «vertes» et «social-démocrates» viendront tranquillement expliquer qu'il n'y a pas d'autre alternative, coalitions larges et concessions inévitables obligent.
Et d'aucuns auraient voulu que le PTB monte dans ces embarcations instables, trahisse ses engagements et renie son programme, bref qu'il se comporte comme les partis traditionnels, histoire... de se discréditer d'emblée !
C'est raté !
Raoul Hedebouw et ses camarades rejettent le pouvoir pour le pouvoir et ne sont pas disposés à jeter par dessus bord quelques principes élémentaires !
On peut penser ce que l'on veut du PTB, cette bouffée d'oxygène sera précieuse à l'avenir, n'en déplaise aux thuriféraires de l'establishment politicien...
13:37 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
Les commentaires sont fermés.