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17 juin 2019

26 mai, les jours d'après (IV)

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Je comprends parfaitement l'impatience exprimée par beaucoup concernant la possibilité de l'avènement d'un «gouvernement des gauches».

Il n'est pas interdit de prendre ses rêves pour des réalités.

Mais il n'est pas interdit non plus de se livrer lucidement à une «analyse concrète d'une situation concrète» !

Un «gouvernement des gauches» n'est pas un gouvernement qui va automatiquement impulser une politique réellement «de gauche», surtout quand la «gauche» est dominée par le PS, un parti qui a toujours gouverné avec la droite et qui assume sans état d'âme les politiques libérales préservant les intérêts du capital. Ecolo n'est d'ailleurs pas en reste, lui qui s'associe plus souvent qu'à son tour avec les libéraux de tous les horizons chaque fois qu'il en a la possibilité, lui qui ne veut pas se situer clairement sur l'échiquier politique et qui entretient volontairement la confusion avec sa phraséologie du «ni... ni...» ( ni à droite ni à gauche), lui dont certains dirigeants jettent à leur tour l'anathème contre les «communistes»...

Constituer un «gouvernement des gauches» ne se décrète pas. Il ne suffit pas d'incantations répétées sur les réseaux sociaux ou de publications de «cartes blanches» dans la presse pour matérialiser un désir ! Un «gouvernement des gauches» nécessite une modification des rapports de forces. Or, aujourd'hui, c'est encore le PS qui conserve la main, malgré un score électoral historiquement bas. Et, au delà de discours de circonstance, ce parti n'est guère enthousiaste devant une telle perspective car, fondamentalement, il ne veut pas rompre avec le cours libéral préconisé par les instances de l'UE et gravé dans le marbre étoilé des traités européens, garants de la «concurrence libre et non faussée» ! Un PS irrité par l'émergence sur le terrain électoral d'une «gauche radicale» qui conteste son hégémonie politique dans le «mouvement ouvrier». Et un PS pressé de revenir au Fédéral par la grande porte -avec dans son collimateur un poste de «premier ministre»!-, convaincu qu'une alliance avec «l'extrême-gauche» est un handicap dans cette reconquête !

Les résultats du triple scrutin du 26 mai sont pourtant sans appel : le PTB a progressé nettement et il est assurément l'un des grands «vainqueurs» des élections. Mais il partait de loin et il reste donc un parti minoritaire ! Ainsi, par exemple, en Région wallonne, avec 10 députés sur 75, il se situe seulement en... quatrième position (avec le Cdh) ! Cette donne indique clairement que le PTB n'est pas en état de décider la distribution des cartes post-électorales. Par conséquent, il est parfaitement contournable et il sera contourné ! Dans la capitale, le PS n'a guère tergiversé et a d'ores et déjà engagé la négociation pour une nouvelle majorité avec Ecolo et... Défi (ex-FDF, cette ancienne fraction du MR est tout aussi libérale. Le parti de Maingain a notamment proclamé haut et fort qu'il était partisan du maintien de l'âge légal de la retraite à 67 ans !). En Wallonie, les vieux roublards sociaux-démocrates jouent un peu plus la montre et occupent le terrain dans l'attente d'une décantation de la situation au niveau fédéral. Ici, Elio Di Rupo vient encore de réaffirmer ses intentions : un gouvernement s'appuyant sur les trois familles politiques traditionnelles et sur les écologistes. Bref, le PS veut nouer une alliance avec trois des quatre partis de la «Suédoise» sortante, le CD&V, l'Open Vld et... le MR !

Difficile, dans ces conditions, d'emboîter le pas à de nombreux syndicalistes et progressistes qui mettent la pression sur Raoul Hedebouw et ses amis pour qu'ils montent «au pouvoir» ! Vivent-ils dans un monde parallèle pour ignorer la véritable configuration politique issue des urnes ? Pensent-ils réellement que le PS va soudainement s'engager dans une voie «anticapitaliste» qui n'a jamais été la sienne ? Pourquoi cette ambiguïté persistante vis-à-vis d'un parti qui a été aux commandes durant 25 années consécutives et qui a endossé sans sourciller des politiques très dures contre le monde du travail ?

La détestation légitime du MR et de ce qu'il représente ne doit pas occulter les impossibilités actuelles. Une alternative ne pourra prendre forme au niveau des différents «exécutifs» sans la poursuite d'une large recomposition «à gauche», c'est-à-dire sans dépassement de la domination «social-démocrate», et ce processus devra s'appuyer sur de vastes mobilisations sociales, qui brisent le carcan et l'instrumentalisation imposés par des bureaucraties dont l'horizon se limite au «modèle belge de la concertation permanente», un mécanisme décomplexé de connivence avec le monde patronal et son personnel politique qui s'accommode de «l'horizon indépassable du capitalisme» !

Il sera impossible de répondre aux enjeux écologiques, sociaux ou démocratiques, sans un virage hautement conflictuel dans les «relations sociales» et sans un vigoureux changement de cap politique, en terme de programme comme en terme de prolongement «institutionnel» aux luttes.

Loin d'être un aboutissement, le 26 mai fut seulement une étape d'une route encore longue, très longue... sans raccourci possible !

 

 

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LA REALITE DES CHIFFRES

ET DES RAPPORTS DE FORCES

 

 

Chambre (Fédéral) - 150 sièges

 

NVA

 

PS

 

VB

 

MR

 

Ecolo

 

PTB-PVDA

 

Open Vld

 

CD&V

 

Spa

 

Groen

 

Cdh

 

Défi

 

25

 

20

 

18

 

14

 

13

 

12

 

12

 

12

 

9

 

8

 

5

 

2

 

 

Parlement wallon - 75 sièges

 

PS

 

MR

 

Ecolo

 

PTB

 

Cdh

 

23

 

20

 

12

 

10

 

10

 

 

Parlement bruxellois – 89 sièges

 

PS

 

Ecolo

 

MR

 

PTB-PVDA

 

Défi

 

Cdh

 

Groen

 

Open Vld

 

N-VA

 

Spa

 

CD&V

 

VB

 

Agora

 

Dier Animal

 

 

17

 

15

 

13

 

11

 

10

 

6

 

4

 

3

 

3

 

3

 

1

 

1

 

1

 

1

 

 

Parlement flamand – 124 sièges

 

N-VA

 

VB

 

CD&V

 

Open Vld

 

Groen

 

Spa

 

PVDA

 

35

 

23

 

19

 

16

 

14

 

13

 

4

 

00:11 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |

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