01 octobre 2020
HIER OU DEMAIN : TOUJOURS LA MEME DEFENSE DE LEUR MEME VIEUX MONDE !
Le nouveau gouvernement est constitué.
Il sera dirigé par un libéral -Alexandre De Croo-, qui succède ainsi à une libérale -Sophie Wilmès-, qui avait elle-même pris le relais du tout aussi libéral Charles Michel.
Cette continuité dans la continuité est plus qu’un symbole ou un hasard : c'est la reconnaissance de l’absence de rupture entre la nouvelle coalition "Vivaldi" et la "Suédoise" de triste mémoire.
L’accord conclu entre les 7 partis ne laisse pas de place au doute : il n’y a aucune remise en cause fondamentale des mesures mises en œuvre par l’Exécutif fédéral sortant, ni retour de l’âge légal de la retraite à 65 ans, ni rétablissement de la TVA sur l’électricité à 6 %, ni impôt sur la fortune, ni abandon d’une politique fiscale favorable aux grandes entreprises…
Demeure une promesse de relever le montant minimum des pensions à 1.500 €… brut, mais ce sera pour la fin de la législature (2024) et uniquement pour une minorité de travailleurs qui pourra justifier une carrière de 45 années !
Pour le reste, les zones d’ombre et la perspective d’innombrables coups tordus pullulent dans le texte laborieusement négocié par les nouveaux mariés.
Premières victimes, les femmes. Et notamment la liberté de disposer de leur corps, sacrifiée sur l’autel d’un marchandage avec le CD&V. Le projet de loi sur l’IVG, qui était sur le point de faire l’objet d’un vote parlementaire favorable il y a quelques semaines, est maintenant renvoyé en Commission de justice de la Chambre et il faudra un consensus au sein du gouvernement pour progresser. Bref, les sociaux-chrétiens disposent dorénavant d’un droit de veto qu’ils utiliseront immanquablement. Un jeu de dupes assumé avec beaucoup de complaisance par le PS et Ecolo !
Ensuite, les salariés. La loi de 1996, adoptée par un gouvernement à "participation socialiste" et qui emprisonne les augmentations salariales dans un carcan, n’est pas remise en question. Une fois de plus. La CSC et la FGTB continueront donc à négocier des miettes dans le cadre des leurres de la "concertation sociale", notamment à l’occasion des discussions visant à conclure des "accords interprofessionnels". La perspective de relever le salaire horaire minimum à 14 €/heure, revendiqué par les syndicats, est aussi renvoyée aux calendes grecques.
En ce qui concerne la "lutte contre la pauvreté", beaucoup de phrases pompeuses, comme toujours. Mais une mesure indispensable pour gagner ce combat, la suppression du sous-statut de "cohabitant", n’est même pas évoquée dans un document pourtant fort de 85 pages !
En matière d'action contre le désastre écologique, nous apprenons que le climat sera sauvé par "l’innovation et la technologie" ! Naturellement, il était inutile d’attendre de la part de défenseurs d'un "capitalisme vert " une remise en cause tranchante d’un mode de production et d’échange tout entier dédicacé à l’accumulation sans fin du capital !
Dans le domaine de l’international, sans surprise, est réaffirmée une ligne européiste et atlantiste. Tous et toutes derrière la construction européenne néo-libérale avec ses projets militaristes, son partenariat avec l’OTAN et les Etats-Unis.
Concernant le nucléaire, la fermeture des centrales reste prévue en 2025… sous réserve d’un "monitoring" concernant la "sécurité de l’approvisionnement". En d’autres termes, si celle-ci n’est pas garantie, le calendrier légal sera "ajusté" !
Autre dossier, réputé sensible par les élites, l’immigration : "Nous mènerons une politique humaine pour les personnes qui ont besoin de protection et une politique de retour déterminée". Une formule qui pourrait être avalisée sans problème par un Théo Francken ! Pour une approche réellement humaniste de cette question, il faudra encore attendre… Et dans l'immédiat, aucune régularisation est prévue pour les dizaines de milliers de personnes qui vivent sans titre de séjour sur le territoire !
Par ailleurs, des moyens supplémentaires sont prévus pour la "Justice". Fort bien. Mais derrière cette carotte se cache un gros bâton sécuritaire, avec l'annonce de "procédures de jugement accélérées" et le renforcement des effectifs de la police. Afin de pouvoir faire face de manière musclée à la contestation sociale prévisible, comme en France ?
Manifestement, le fameux "signal de l’électeur", sans cesse brandi par les "responsables politiques", n’a pas été entendu. Pour rappel, le gouvernement sortant et les partis traditionnels ont été lourdement sanctionnés le 26 mai 2019 ! Qu’à cela ne tienne : les politiques contestées hier resteront d’actualité demain. Après 40 années d’austérité ininterrompue, le cap de la prochaine décennie est d’ores et déjà balisé : revenir à "l’équilibre budgétaire" à l’horizon 2030 ! Et les 55 % de réduction de CO2 annoncés pour cette même échéance ne permettront pas de relever le défi climatique et environnemental !
Dès lors, nul besoin d’être Nostradamus pour comprendre que la facture de la collaboration des "familles socialistes et écologistes" avec le trio CD&V, MR-Open Vld sera pesante pour la majorité de la population.
Soupe à la grimace garantie !
Il est vrai que ces partis ont définitivement renoncé à défendre une véritable alternative au capitalisme qu’ils considèrent comme un "horizon indépassable" de l’histoire.
C’est d’en bas que devra venir la réponse car c’est le peuple qui doit être la solution !
Dans le cas contraire, l’avenir risque d’être bien sombre, ici et ailleurs...
Et ce casting ?
A lire ou à écouter certains "grands médias", on a vraiment l’impression que celui-ci est plus important que le programme et les orientations politiques annoncées !
Je n’épiloguerai pas longtemps à ce sujet.
Quelques drôleries.
Mathieu Michel, frère de Charles et autre fils de Louis, devient secrétaire d’Etat. Evidemment, dans un gouvernement qui sera dirigé par le fils d’Herman, le népotisme ne pose guère de problèmes…
Zakhia Katthabi devient ministre pour Ecolo. Pas vraiment une pote de Bouchez qui avait (minablement) manœuvré pour empêcher sa nomination à la Cour Constitutionnelle. Allo, Georges-Louis, pourquoi tu tousses ?
Frank Vandenbroucke, ancien président des socialistes flamands, qui dut démissionner suite à l’affaire Agusta et à un sombre autodafé de billets de banque, redevient ministre ! Un signe encourageant du "renouvellement de la politique", peut-être ? Ironie mise à part, le SPa avait sans doute besoin de cet idéologue expérimenté du "social-libéralisme" et grand "chantre de l’Etat social actif", qui n’est pas à une entourloupe près…
A noter également que tous les postes ministériels "régaliens" seront détenus par des ministres du Nord du pays. Mais rien d’étonnant dans un "Etat Belgique" dominé par la Flandre où la droite est largement hégémonique.
Et la "réforme de l’Etat" ?
Aucun article de la Constitution est aujourd’hui soumis à révision et aucun grand changement est, par conséquent, à l’ordre du jour.
Mais deux ministres sont chargés de préparer un nouveau chambardement institutionnel pour la prochaine législature, en principe en 2024.
Et si on laissait la parole aux deux peuples pour déterminer leur destin ?
14:01 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
Les commentaires sont fermés.