25 novembre 2020
IMAGINAIRE(S) [95]
"− Tu es cinglé, répondit Dolan. Je ne suis pas communiste.
− Tu es communiste, seulement tu l’ignores. Tu vomis la façon dont cette ville est administrée, tu vomis la façon dont le Petit Théâtre est dirigé -tu vomis toute cette publicité grotesque des postes de radio, tu vomis les curés et les prédicateurs qui rampent, qui quémandent, qui font la chasse aux fidèles, tu vomis le régime établi. Tu me l’as dit au moins cent fois, nom de Dieu !...
− Ecoute, dit Dolan en retirant son chapeau. Cette discussion pourrait durer toute la nuit. Il se peut que je sois communiste. Si je le suis, je n’en sais rien. Mais je déteste vraiment tout ce dont tu as parlé, et pas mal de choses dont tu n’as rien dit, telles que ces combines du Jour des Mères et du Jour des Pères, mais je hais tout particulièrement tous ces salauds qui s’affublent de robes noires et de cagoules et emmènent les gens dans le fond de la vallée pour les fouetter à mort, pour les châtrer et leur faire embrasser le drapeau. Il se peut que j’aie besoin de discipline et d’organisation ; il se peut que plus tard je demande à quelqu’un de m’initier. Mais je n’ai pas de temps à perdre, pour le moment. Tout ce qui m’importe, c’est de bousiller cette combine de Croisés, et je le ferai, quand bien même ça devrait être mon dernier acte sur terre…
− Tu t’enrichiras à ce jeu, répondit Bishop avec une trace d’ironie.
− Oh, je m’en fous, un linceul n’a pas de poches répliqua Dolan."
[Horace Mac Coy, Un linceul n’a pas de poches, 1937]
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