23 décembre 2020
IMAGINAIRE(S) [123]
"Comment s’en débarrasser ? Il avait lu des tas de bouquins, vu des tas de films sur ce genre de problème. Martin s’imaginait mal, il en sourit presque, découper le corps à la scie pour fondre ensuite les morceaux dans sa baignoire préalablement remplie de chaux vive ou d’acide sulfurique. Pas question non plus de l’enterrer dans le jardin, ou de creuser une fosse dans la cave, qu’il cimenterait ensuite. Il savait d’instinct que ces solutions harassantes qui exigent bien des allées et venues suspectes débouchent toujours sur des échecs. Pendant quelques minutes, il joua avec l’idée de jeter le corps, préalablement lesté, dans la Marne toute proche. C’était faisable, pas très compliqué. Il eut cependant la vilaine image du corps en décomposition s’évadant peu à peu des entraves le retenant au fond, remontant à la surface, vilain spectre.
Martin grilla plusieurs Gitanes, but quelques verres, pas beaucoup et prit doucement sa décision. Sans l’avoir touchée, il savait que Leila était maintenant presque complètement raidie. Qu’elle serait difficile à transporter. C’était néanmoins ce qu’il allait faire."
[Jean-François Vilar, De parfaits petits crimes, 1986]
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