10 septembre 2025
POLARS EN BARRE [45]
"Manchette va remettre la contestation sociale au centre du polar. (…) Pour Manchette, l’une des causes de l’émergence du roman noir ― cause que l’on a d’ailleurs pas assez soulignée ―, c’est la fin des utopies, la fin des idéaux révolutionnaires au crépuscule des années vingt. Quarante ans plus tard, le néo-polar ― et c’est Manchette qui invente le terme ― utilise le polar avec un recul critique. Le néo-polar, c’est un peu comme le western spaghetti, c’est-à-dire qu’il y a un produit de base qui est authentique, et qu’en y superposant notre culture ça devient autre chose. Manchette révolutionne ― il n’y a pas d’autre mot ― le paysage du roman noir français. Moi je trouve qu’avec Nada, Manchette fait du Nizan-polar. C’est La Conspiration en polar. Il ramène la politique au premier plan. Et il va faire école.
[…]
Je pense que l’on reste encore sur l’héritage Manchette. (…) L’héritage Manchette, c’est une dénonciation de la corruption, un constat lucide sur le monde. C’est ― aussi ― un esprit militant. (…) Bref, Manchette, qu’il l’ait voulu ou pas, a été un virage absolument essentiel. Manchette est toujours là. Et la plupart des polars possèdent un arrière-plan politique précis. Maintenant c’est explicite, tu fais un roman noir, c’est un roman engagé."
François Guérif
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