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16 septembre 2025

POLARS EN BARRE [51]

 

"Tous ces individus avaient des ambitions personnelles qui faisaient d’eux des personnages exemplaires, des défauts personnels qui faisaient d’eux des criminels, ou des instincts fâcheux qui les amenaient devant la cour d’assises. Le reporter se contentait de les coucher tels quels dans les colonnes de son journal. Le reporter est un être sans passion, qui évite de prendre parti ou de se laisser entraîner par des sentiments violents ― sauf lorsqu’il s’agit de son journal. Il se ferait tuer pour son journal. Avec son journal derrière lui, il se sent la force, la bravoure et l’audace d’un paladin. Sans son journal, il est aussi vulnérable qu’une méduse échouée sur la plage.

— Je suis M. Ross de la Planète.

Ces paroles magiques vous permettaient d’entrer sans crainte dans des bouges qui suaient le crime, de franchir les barrages d’incendie, de pénétrer dans des palais, des tribunaux ou des commissariats de police, de bavarder aussi bien avec le président qu’avec le marchand de pommes du coin, de fréquenter des loges d’artistes ou des taudis…

— Je suis M. Ross…

Cela ne vous menait nulle part. Personne n’avait envie de bavarder avec un quelconque M. Ross. Mais M. Ross de la Planète, c’est tout différent. Bavarder avec lui, c’était s’adresser au monde entier. Les gens s’inclinent devant l’opinion publique, qu’ils soient princes ou clochards, honnêtes ou escrocs. Pas étonnant, songeait Barry, si les vrais reporters regardent de haut toute activité humaine autre que le métier de journaliste."

 

Donald Henderson Clarke

 

 

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