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10 décembre 2018

"Grand baromètre" : quel scénario pour la Wallonie, demain ?

 

Le «Grand baromètre» du Soir fournit également des indications intéressantes concernant la région wallonne,  même si évidemment ce ne sont pas les sondages mais les résultats électoraux du 26 mai 2019, et eux seuls, qui détermineront les rapports de force entre partis !

Dans l'attente d'une confirmation dans les urnes, voici quelques enseignements qui peuvent être tirés sur la base de la projection en sièges réalisée par Pascal Delwit, politologue à l'ULB (voir ci-dessous).

La majorité actuelle, MR/CDH, chute lourdement et n'est pas reconductible en l'état : 29 sièges sur 75 !

Pour le reste, tout est ouvert et plusieurs majorités alternatives sont possibles :

 

  • Une coalition PS/MR (40 sièges sur 75), à l'image des majorités à la ville et à la province de Liège. Avantage pour le PS : ne plus braquer le MR comme en 2014 et préserver une réelle opportunité de monter au Fédéral. Avantage pour le MR : rester aux affaires en Wallonie ! Inconvénient : ce serait une « coalition de battus»...

  • Une tripartite traditionnelle, PS/MR/CDH (50 sièges sur 75), qui serait largement majoritaire. Inconvénients : ce serait également une « coalition de battus » ; de plus, ces partis sont gourmands en mandats et le partage du gâteau en trois pourrait créer quelques tensions. Et puis, le PS pardonnera-t-il aussi rapidement la «trahison» de Lutgen ?

  • Une coalition « Arc-En-Ciel », PS/MR/Ecolo, qui disposerait d'une majorité encore plus confortable : 52 sièges sur 75 ! Avantage pour les perdants -car pour rappel, dans cette projection PS et MR perdent des députés régionaux- : prendre en compte le signal des électeurs et intégrer les Verts, vainqueurs du scrutin. Mais ceux-ci forts d'un succès ne seront-ils pas trop gourmands ?

  • Un «Olivier», PS/Ecolo/CDH, avec 43 sièges sur 75. Mais avec le même questionnement sur les rapports entre PS et CDH, et sur les exigences d'Ecolo face à des partis en recul !

  • Une «coalition des gauches», telle que souhaitée par la FGTB, qui verrait donc s'associer PS, Ecolo et... PTB ! Avec elle aussi 43 sièges sur 75. Mais les récentes élections communales ont démontré toute la difficulté de conclure des accords entre ces formations, car le PTB exige -légitimement- une vraie rupture politique avec les choix du passé, et il n'est pas certain qu'Ecolo et PS soient favorables à un authentique changement de cap politique !

  • Mathématiquement possible aussi (41 sièges sur 75), une coalition MR/CDH/Ecolo, soit la majorité sortante (en recul) avec un net vainqueur. Politiquement, on voit moins ce que les Verts pourraient en retirer, mais ils ont démontré dans les communes qu'ils pouvaient s'allier sans problème avec la droite. Dès lors...

  • Mathématiquement possible encore, mais politiquement exclue, une coalition des droites (MR/CDH) avec... le PTB : 39 sièges sur 75 ! Ou tout autre regroupement avec le parti de la gauche radicale et un parti de droite : MR/PS/PTB (50 sièges sur 75) ; PS/CDH/PTB (41 sièges sur 75).

     

J'ai écarté délibérément le PP et ses trois sièges de ces différentes extrapolations en terme d'alliances, car il semble vraiment improbable qu'il soit associé à la formation d'un Exécutif wallon !

Ce que ces spéculations chiffrées démontrent surtout  -sur base d'un sondage ponctuel et donc à prendre avec de grandes réserves d'usage-, c'est la grande variété de coalitions possibles lorsque deux partis tournent autour des 20 élus et trois autour des 10 !

En cas de confirmation de ces coups de sonde médiatiques, le soir du 26 mai, ce sera donc bien les choix politiques des uns et des autres qui seront déterminants, pas la fatalité des mathématiques !

Et dans ces choix, un facteur important jouera : des majorités doivent être constituées à différents niveaux de pouvoir, Etat fédéral et entités fédérées. Avec un inévitable effet domino.

Bref, de grandes manoeuvres en perspective...

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Et en Flandre ?

 

C'est simple : droite et extrême-droite totalisent 86 sièges sur 118 (près de 73 % des députés régionaux) ! La "gauche" devant se contenter de... 31 sièges ! No comment...

 

 

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09 décembre 2018

Chronique d'une crise gouvernementale annoncée (II)

 

Le gouvernement MR-NVA a vécu. Inutile de s'attarder ici sur les implications technico-constitutionnelles engendrées par cette crise : les ministres du parti nationaliste officiellement «démissionnaires» plutôt que «révoqués», Michel en visite au Palais pour confirmer la formation d'un «gouvernement minoritaire», les astuces pour maintenir la fameuse «parité linguistique» en son sein, la nouvelle répartition des «portefeuilles ministériels», etc.

 

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Ce qui importe, c'est la signification politique de ces événements qui se déroulent sous nos yeux et qui sont répercutés comme jamais, minute après minute, ère des «réseaux sociaux» oblige.

 

  1. La «Suédoise» trébuche sur un tard. Durant quatre ans, les quatre partis qui la composaient se sont parfaitement entendus pour concrétiser leurs objectifs nuisibles, unis par une commune adhésion à la doctrine néo-libérale, et soutenus inconditionnellement par un patronat particulièrement agressif. Un inventaire à la Prévert n'est pas nécessaire car personne n'a oublié le saut d'index et le blocage des salaires, les augmentations de la fiscalité indirecte qui ont provoqué une hausse substantielle du coût de l'énergie -comme la fameuse TVA sur l'électricité, repassée de 6 à 21 % !-, les «économies» dans la Sécu au détriment des malades et des chômeurs, l'affaiblissement continu du secteur public ou le détricotage forcené de notre système des retraites ! Dans le même temps, les cadeaux aux entreprises sont restés la règle : baisses des cotisations sociales, réductions fiscales diverses, complaisance persistante envers la grande fraude fiscale et la fuite des capitaux. Et bien sûr, pas question d'impôt sur la fortune !

  2. Cette coalition des droites n'a pas focalisé son action uniquement sur le «socio-économique». Au delà de quelques frictions sémantiques, la politique xénophobe de Théo Francken en matière d'asile et de gestion des migrations, n'a jamais été remise en cause par ses partenaires ! Et dans le domaine «environnemental», l'Exécutif fédéral a failli dans la «lutte contre le réchauffement climatique» : il n'a rien entrepris de sérieux pour réduire les émissions de CO2 de la Belgique ; il s'est abstenu d'investir dans des énergies renouvelables ; il n'a pas favorisé des solutions alternatives comme la consolidation d'une véritable offre quantitative et qualitative dans le domaine des transports collectifs, afin d'éviter le recours massif aux véhicules privés ; et il a délibérément pataugé sur la «problématique du nucléaire». Enfin, sur le «plan démocratique», la dérive «sécuritaire» a été accélérée, le «terrorisme islamiste» servant entre autre d'alibi pour renforcer un «arsenal juridique répressif» apte à se retourner contre les citoyens et les mouvements sociaux, et justifiant même la présence de l'armée dans nos rues !

  3. Ces précieux «acquis», soutenus et encouragés par les dominants, sont revendiqués aujourd'hui d'une même voix par les (ex- ?) comparses qui, comme Edith Piaf, ne regrettent rien ! Ce qui a été engrangé au profit de l'oligarchie ne sera pas contesté de sitôt car, si l'on est attentif aux discours actuels de l'opposition, il est peu probable que les mesures funestes adoptées au cours de cette législature soient réellement remises sur la table par les futures coalitions. Seul le PTB s'est engagé à cet égard, mais étant donné les rapports de force électoraux du moment, il existe très peu de chances de le voir intégrer une équipe gouvernementale fédérale dans un bref délai !

  4. Pourquoi de telles turbulences maintenant, alors que cette coalition avait affiché sa cohésion depuis 2014 ? Parce qu'en politique, aucun « déterminisme » -fut-il économique- ne peut totalement évacuer «l'événementiel», aucune « rationalité » n'est à l'abri de l'irruption du «symbolique». Or, les élections (communales) ont récemment livré leur verdict, et l'on sait que celles-ci constituent le seul «sondage» qui compte pour les partis. Comme le scrutin du 14 octobre dernier a sanctionné un recul des formations gouvernementales, et en premier lieu un tassement significatif de la NVA et du MR, comme le prochain retour aux urnes est proche (le 26 mai 2019, au plus tard !), les états-majors se sont rapidement agités. Les progrès du Vlaams Belang, parti d'extrême-droite et parti raciste décomplexé, n'ont évidemment pas échappé à Bart De Wever et à ses amis. Et c'est à ce moment, électoralement délicat, que le «pacte mondial pour les migrations» onusien, destiné à encourager les Etats à coopérer plus, et qui ne semblait guère les émouvoir jusqu'ici, est revenu sur le devant de la scène. En effet, celui-ci doit être formellement «ratifié» le 19 décembre à New-York, et avant cette session, une réunion internationale, destinée à confirmer l'adhésion -non contraignante !- des différents pays à ce pacte, était planifiée ce lundi 10 décembre, à Marrakech. Il était donc devenu difficile pour la NVA, dans ce contexte post-électoral chahuté, de regarder ailleurs en se laissant fustiger par le VB. D'autant que d'autres pays, dans la foulée de l'inquiétant Donald Trump, comme l'Autriche et la Hongrie -dirigées par des forces «amies»-, ont annoncé qu'ils ne signeraient pas ce document ! Dès lors, plus question de tergiverser pour la direction nationaliste qui a mis son veto au respect d'un engagement pris, il y a quelques mois, par le premier ministre, au nom de la Belgique (et, par conséquent aussi, à l'époque, au nom de son gouvernement) ! Du côté du MR, une même obligation de se refaire la cerise auprès de l'électorat wallon et bruxellois. Lui qui avait déjà renié sa parole de ne jamais s'associer à la NVA, lui qui a souvent été dénoncé comme étant le bagagiste des nationalistes, dont la seule utilité était de servir de caution francophone dans l'Exécutif fédéral, ne pouvait perdre la face, une fois de plus. Chacun restant ferme sur ses positions, l'embardée était devenue inévitable et ce qui devait advenir est arrivé !

  5. Finalement, tout cette tragi-comédie n'a pas débouché sur une chute pure et simple de Michel 1er et l'organisation d'élections anticipées. Ni même sur la mise en route d'un gouvernement en «affaires courantes». Non, nous aurons bel et bien un gouvernement Michel bis, qui sera un «gouvernement minoritaire». Il ne s'agit pas d'un fait anodin, car les trois partis demeurés au pouvoir pourront continuer à concrétiser leur oeuvre néfaste. Pour autant, naturellement, qu'ils trouvent des appuis «extérieurs». Ce qui n'a rien d'extravagant : les ténors du parti démissionnaire ont d'ores et déjà annoncé qu'ils pourraient voter certaines «réformes», notamment celles qu'ils ont contribuées à élaborer durant les dernières années ! Il n'y aura donc pas de changement, si ce n'est un changement dans la continuité. Charles Michel vient d'ailleurs de le confirmer, au cours d'une conférence de presse : son deuxième gouvernement veut «une politique socio-économique forte». Une traduction de ce que cela signifie dans la bouche d'un ultra-libéral est superflue...

  6. La gamelle prise par l'attelage des droites ne paraît pas donner beaucoup de tonus à ses adversaires. Certes, les principaux responsables politiques, relégués dans l'opposition depuis plus de quatre ans, y vont tous de leurs commentaires, parfois ironiques, parfois cinglants, parfois péremptoires. Mais curieusement, pas grand monde ne se positionne clairement pour une disparition immédiate du gouvernement sortant et, in fine, partiellement sorti ! Tout se passe comme si la capacité de nuisance de Michel et consorts était définitivement annihilée et, par conséquent, tout se passe comme si chaque parti allait maintenant pouvoir se consacrer tranquillement à la longue campagne électorale qui est devant nous !

  7. Comme analysé plus haut, rien n'est plus trompeur. Relever sa garde serait donc une erreur. Certes, il n'y a de toute façon aucune illusion démesurée à entretenir sur l'opposition parlementaire, ni au demeurant sur le PS ou sur Ecolo. Quant au PTB, avec ses deux élus (sur 150 !), il pèse trop peu pour infléchir quoi que ce soit à ce niveau. Reste le mouvement syndical et les mouvements sociaux. CSC et FGTB organisent dès demain une semaine «d'actions» avec comme apothéose des grèves ce vendredi 14 décembre. Un plan de mobilisation largement insuffisant et rituel. Chaque année, à quelques jours de la fête de Noël, les syndicats descendent dans la rue, et chaque année cette petite poussée de fièvre sociale reste sans lendemains ! J'ai suffisamment critiqué cette attitude et je n'y reviendrai pas ici. Mais, cette fois, les syndicats n'ont pas le monopole de la rue. Le mouvement des « Gilets jaunes », initié en France, a franchi la frontière et débordé en Wallonie. Certes, il n'est pas aussi massif chez nous, mais nul ne peut dire en cet instant quelle sera son évolution. Ce serait l'occasion pour les syndicalistes de se nourrir d'une combativité «spontanée», qui vient «d'en bas», pour établir une convergence qui pourrait servir de point d'appui pour développer une mobilisation bien plus ample, capable de chasser ce nouvel avatar d'un gouvernement Michel ! C'est urgent. Nous ne pouvons laisser aux gouvernants actuels six mois supplémentaires pour leurs mauvais coups, par exemple sur le dossier des pensions ! Mettons à profit les difficultés (passagères) de nos adversaires politiques.

  8. Et la «question nationale» dans cet embrouillamini ? Michel Ier et ses comparses avaient réussi à reléguer «l'institutionnel» au second plan, préférant mettre l'accent sur les «priorités en matière de redressement économique et des finances publiques». Avec le pas de côté forcé de la NVA, la boîte de Pandore pourrait à nouveau s'ouvrir. D'autant qu'un tassement éventuel de la NVA le 26 mai, au plus grand bénéfice du VB par exemple, conduirait immanquablement Bart De Wever à se recentrer sur le core business de sa formation. Il n'attendra d'ailleurs pas le résultat de ces élections ; dès la campagne électorale qui prendra rapidement son essor après la trêve des confiseurs, la question de l'indépendance (ou d'une autonomie renforcée) de la Flandre reviendra sur le devant de la scène. Et il n'est pas certain qu'un «donnant-donnant» avec le MR ne soit pas envisageable à ce niveau. En échange d'un appui sur le socio-économique ou la politique migratoire, la NVA pourrait avoir un droit de regard sur une éventuelle liste d'articles de la Constitution susceptibles d'être révisés lors de la législature à venir. En tout état de cause, ce serait une erreur de laisser encore et toujours l'initiative sur ce terrain à la droite nationaliste. Quand la «gauche wallonne» prendra-t-elle cette question à bras-le-corps ? Dans le cadre de l'Etat Belgique, même dans sa configuration fédérale actuelle, aucune «politique progressiste» n'est possible, tant le poids de la droite flamande est grand, et tant il détermine le centre de gravité politique de ce pays ! Il est temps de donner à la Wallonie les moyens de changer vraiment de cap, soit par le confédéralisme, soit par l'indépendance si cela s'avère nécessaire !

 

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Chronique d'une crise gouvernementale annoncée (I)

Charles Michel a donc perdu sa majorité et confirme ainsi qu'il est bien un «premier ministre à titre personnel». Il peut désormais se rendre à Marrakech comme touriste politique pour confirmer l' «adhésion» de la Belgique au «pacte migratoire» de l'ONU.

Et ensuite ?

Il vient d’annoncer la nomination de « secrétaires d’Etat » pour remplacer les ministres NVA qui seront vraisemblablement « révoqués » . Ce futur « gouvernement minoritaire » aura sans doute comme principal objectif d’assurer la transition jusqu’aux élections du 26 mai 2019.

A noter qu'il a remercié la NVA pour le travail accompli durant les 4 dernières années. Il est vrai, qu'en matière socio-économique, ces deux partis s'entendaient comme larrons en foire pour imposer au plus grand nombre leurs orientations austéritaires.

Et puis, ne dit-on pas qu’il ne faut « jamais insulter l’avenir» ? Car ce clash n’exclut évidemment pas une nouvelle alliance entre les deux (ex-) partenaires, même si une reconduction pure et simple de la « suédoise » semble maintenant difficile. D’autant que ces péripéties pourraient affaiblir l’un ou l’autre de ces partis, amplifiant ainsi une trajectoire négative annoncée par les derniers sondages.

Je renvoie ici à mon billet écrit hier, concernant le «grand baromètre» du quotidien Le Soir.

A suivre…

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08 décembre 2018

"Grand baromètre" du Soir : un éparpillement qui annonce de longues nuits de négociation !

Il est évidemment préférable de voir le PTB et Ecolo progresser, plutôt que le MR ou la NVA ! Toutefois, si les élections du 26 mai devaient confirmer ce sondage et cette projection en sièges au Parlement fédéral  -ce qui est loin d’être certain, car six mois c’est long et la campagne peut toujours être bousculée par l’imprévisible !-,  force est de constater que les négociations post-électorales seront mouvementées !

La coalition actuelle (NVA-MR-OPEN VLD-CD&V) perd sa majorité : 70 députés sur 150 ! Qu'elle pourrait regagner avec l’appui du CDH , qui jure pourtant ses grands dieux qu’il ne s’associera jamais avec le parti de Bart De Wever. Mais nous n'avons pas oublié que c’est exactement ce qu’avaient déclaré les ténors du MR avant les législatives de 2014 ! Avec le résultat que l’on sait…

Il n’existe cependant pas d’alternative «à gauche» : même si on considère que celle-ci comprend les écologistes, les socialistes et le PTB-PVDA, on arrive à… 59 sièges, moins encore que la majorité sortante !

Et une tripartite traditionnelle (socialistes, libéraux, CDH et CD&V) ? Elle aurait une courte majorité : 76 élus, ce qui est un peu juste pour une législature d’une durée de 5 ans !

Maintenant des formules « inédites » sont à nouveau possibles (socialistes avec la NVA, un scenario exclu par Paul Magnette  -également en désaccord avec son président sur ce point-  mais…) !

Et puis surtout, ne perdons pas de vue l’impact de la formation des coalitions dans les entités fédérées et ses inévitables effets collatéraux…

Bref, la constitution d’un prochain gouvernement fédéral s’annonce mouvementée. Comme toujours… Pas sûr que le peuple s’y retrouve. Comme toujours aussi…

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PS : l'extrême-droite (PP et VB) totaliserait pour sa part 11 sièges. Et si l'on devait suivre celles et ceux qui considèrent que la NVA est, aujourd'hui, également un parti de cette nature, l'on arrive à... 40 sièges de députés (38 pour la seule Flandre !). Pas de quoi pavoiser, naturellement !

 

 

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[Projection réalisée par Pascal Delwit, ULB]

 

 

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05 décembre 2018

Parfum de crise

 

Crise ou pas crise ? Gouvernement d’affaires courantes ou gouvernement de plein exercice ? Peu importe. Il y aura élections -au pluriel !- en mai 2019, et tous les partis sont en campagne (au moins) depuis le scrutin communal du mois d’octobre !

Celui-ci est d’ailleurs pour beaucoup dans les tensions actuelles car les quatre formations du gouvernement fédéral ont été sanctionnées, à commencer par la NVA et le MR. La fébrilité des uns et des autres est patente et leur volonté de se recentrer sur leur « core business » évidente.

Ainsi, la NVA, parti nationaliste, raciste et xénophobe, qui a souvent essayé de camoufler sa véritable nature, revient maintenant ouvertement à son ADN politique. Les progrès récents du Vlaams Belang ne sont pas étrangers à ce coup de barre, illustré hier par une campagne sur les réseaux sociaux aux visuels ouvertement fascisants ! Un positionnement que Bart De Wever estime sans doute payant dans la perspective de la grande joute du 26 mai prochain…

Le MR n’est pas en reste. Lui qui s’est perdu avec ce parti après avoir juré qu’il ne le ferait jamais, lui qui est le seul parti francophone dans ce gouvernement à large majorité néerlandophone, lui qui a pris un grand coup sur la tête le 14 octobre dernier, lui qui ne cesse de voir son image se dégrader -pas seulement à cause de cette association trouble mais aussi et surtout à cause de la politique de régression en matière sociale et environnementale endossée par son premier ministre !- doit d’urgence se refaire la cerise. Et il ne veut manifestement pas rater l’occasion de montrer qu’il reste un parti « humaniste », respectueux des « engagements internationaux » de la Belgique, et suffisamment viril pour résister politiquement aux diktats de la bande à Francken !

On doute cependant que cela soit suffisant. Car les dirigeants libéraux vont partout clamer que le bilan de cette majorité est quand même excellent et que les réformes qui devaient être menées ont bien été concrétisées ! Ils devront donc assumer la politique de Saint Nicolas en faveur des grandes entreprises, le saut d’index et la lourde fiscalité pour « ceux d’en bas »  -notamment le passage de la TVA sur l’électricité de 6 à 21 %, ou la hausse continue des prix des carburants !- , les économies dans la Sécu qui rendent plus chers les soins de santé, ou la poursuite du détricotage des services publics…

A voir comment le mouvement des Gilets Jaunes français a commencé à déborder nos frontières, pas sûr qu’il pourra gagner encore une adhésion suffisante à son maintien aux affaires !

Aux électeurs et aux électrices de ne pas avoir la mémoire courte dans quelques mois.

Et rien n’interdit au mouvement syndical d’enfin mettre son poids social dans le combat contre les politiques libérales que nous subissons depuis trop longtemps.

Peut-être que la mobilisation ascendante contre le dérèglement climatique observée dimanche dernier, et la colère « jaune » contre la dégradation des conditions de vie observée quotidiennement, « boostera » des élites syndicales en plein désarroi stratégique ?

Peut-être …

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02 décembre 2018

Marx dans le texte (19)

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« Nous avons vu comment l'argent devient capital, le capital source de plus-value, et la plus-value source de capital additionnel. Mais l'accumulation capitaliste présuppose la présence de la plus-value et celle-ci la production capitaliste qui, à son tour, n'entre en scène qu'au moment où des masses de capitaux et de forces ouvrières assez considérables se trouvent déjà accumulées entre les mains de producteurs marchands. Tout ce mouvement semble donc tourner dans un cercle vicieux, dont on ne saurait sortir sans admettre une accumulation primitive (previous accumulation, dit Adam Smith) antérieure à l'accumulation capitaliste et servant de point de départ à la production capitaliste, au lieu de venir d'elle.

Cette accumulation primitive joue dans l'économie politique à peu près le même rôle que le péché originel dans la théologie. Adam mordit la pomme, et voilà le péché qui fait son entrée dans le monde. On nous en expliqué l'origine par une aventure qui se serait passée quelques jours après la création du monde.

De même, il y avait autrefois, mais il y a bien longtemps de cela, un temps où la société se divisait en deux camps : là, des gens d'élite, laborieux, intelligents, et surtout doués d'habitudes ménagères; ici, un tas de coquins faisant gogaille du matin au soir et du soir au matin. Il va sans dire que les uns entassèrent trésor sur trésor, tandis que les autres se trouvèrent bientôt dénués de tout. De là la pauvreté de la grande masse qui, en dépit d'un travail sans fin ni trêve, doit toujours payer de sa propre personne, et la richesse du petit nombre, qui récolte tous les fruits du travail sans avoir à faire oeuvre de ses dix doigts.

L'histoire du péché théologal nous fait bien voir, il est vrai, comme quoi l'homme a été condamné par le Seigneur à gagner son pain à la sueur de son front; mais celle du péché économique comble une lacune regrettable en nous révélant comme quoi il y a des hommes qui échappent à cette ordonnance du Seigneur.

Et ces insipides enfantillages, on ne se lasse pas de les ressasser. M. Thiers, par exemple, en ose encore régaler les Français, autrefois si spirituels, et cela dans un volume où, avec un aplomb d'homme d'État, il prétend avoir réduit à néant les attaques sacrilèges du socialisme contre la propriété. Il est vrai que, la question de la propriété une fois mise sur le tapis, chacun se doit faire un devoir sacré de s'en tenir à la sagesse de l'abécédaire, la seule à l'usage et à la portée des écoliers de tout âge.

Dans les annales de l'histoire réelle, c'est la conquête, l'asservissement, la rapine à main armée, le règne de la force brutale, qui l'a toujours emporté. Dans les manuels béats de l'économie politique, c'est l'idylle au contraire qui a de tout temps régné. A leur dire il n'y eut jamais, l'année courante exceptée, d'autres moyens d'enrichissement que le travail et le droit. En fait, les méthodes de l'accumulation primitive sont tout ce qu'on voudra, hormis matière à idylle.

Le rapport officiel entre le capitaliste et le salarié est d'un caractère purement mercantile. Si le premier joue le rôle de maître et le dernier le rôle de serviteur, c'est grâce à un contrat par lequel celui-ci s'est non seulement mis au service, et partant sous la dépendance de celui-là, mais par lequel il a renoncé à tout titre de propriété sur son propre produit. Mais pourquoi le salarié fait-il ce marché ? Parce qu'il ne possède rien que sa force personnelle, le travail à l'état de puissance, tandis que toutes les conditions extérieures requises pour donner corps à cette puissance, la matière et les instruments nécessaires à l'exercice utile du travail, le pouvoir de disposer des subsistances indispensables au maintien de la force ouvrière et à sa conversion en mouvement productif, tout cela se trouve de l'autre côté.

Au fond du système capitaliste, il y a donc la séparation radicale du producteur d'avec les moyens de production. Cette séparation se reproduit sur une échelle progressive dès que le système capitaliste s'est une fois établi; mais comme celle-là forme la base de celui-ci, il ne saurait s'établir sans elle. Pour qu'il vienne au monde, il faut donc que, partiellement au moins, les moyens de production aient déjà été arrachés sans phrase aux producteurs, qui les employaient à réaliser leur propre travail, et qu'ils se trouvent déjà détenus par des producteurs marchands, qui eux les emploient à spéculer sur le travail d'autrui. Le mouvement historique qui fait divorcer le travail d'avec ses conditions extérieures, voilà donc le fin mot de l'accumulation appelée « primitive » parce qu'elle appartient à l'âge préhistorique du monde bourgeois.

L'ordre économique capitaliste est sorti des entrailles de l'ordre économique féodal. La dissolution de l'un a dégagé les éléments constitutifs de l'autre.Quant au travailleur, au producteur immédiat, pour pouvoir disposer de sa propre personne, il lui fallait d’abord cesser d'être attaché à la glèbe ou d'être inféodé à une autre personne; il ne pouvait non plus devenir libre vendeur de travail, apportant sa marchandise partout où elle trouve un marché, sans avoir échappé au régime des corporations, avec leurs maîtrises, leurs jurandes, leurs lois d'apprentissage, etc. Le mouvement historique qui convertit les producteurs en salariés se présente donc comme leur affranchissement du servage et de la hiérarchie industrielle. De l*autre côté, ces affranchis ne deviennent vendeurs d'eux-mêmes qu'après avoir été dépouillés de tous leurs moyens de production et de toutes les garanties d'existence offertes par l'ancien ordre des choses. L'histoire de leur expropriation n'est pas matière à conjecture - elle est écrite dans les annales de l'humanité en lettres de sang et de feu indélébiles.

Quant aux capitalistes entrepreneurs, ces nouveaux potentats avaient non seulement à déplacer les maîtres des métiers, mais aussi les détenteurs féodaux des sources de la richesse. Leur avènement se présente de ce côté-là comme le résultat d'une lutte victorieuse contre le pouvoir seigneurial, avec ses prérogatives révoltantes, et contre le régime corporatif avec les entraves qu'il mettait au libre développement de la production et à la libre exploitation de l'homme par l'homme. Mais les chevaliers d'industrie n'ont supplanté les chevaliers d'épée qu'en exploitant des événements qui n'étaient pas de leur propre fait. Ils sont arrivés par des moyens aussi vils que ceux dont se servit l'affranchi romain pour devenir le maître de son patron.

L'ensemble du développement, embrassant à la fois le genèse du salarié et celle du capitaliste, a pour point de départ la servitude des travailleurs; le progrès qu'il accomplit consiste à changer la forme de l'asservissement, à amener la métamorphose de l'exploitation féodale en exploitation capitaliste. Pour en faire comprendre la marche, il ne nous faut pas remonter trop haut. Bien que les premières ébauches de la production capitaliste aient été faites de bonne heure dans quelques villes de la Méditerranée, l'ère capitaliste ne date que du XVI° siècle. Partout où elle éclot, l'abolition du servage est depuis longtemps un fait accompli, et le régime des villes souveraines, cette gloire du moyen âge, est déjà en pleine décadence.

Dans l'histoire de l'accumulation primitive, toutes les révolutions qui servent de levier à l'avancement de la classe capitaliste en voie de formation font époque, celles, surtout qui, dépouillant de grandes masses de leurs moyens de production et d'existence traditionnels, les lancent à l'improviste sur le marché du travail. Mais la base de toute cette évolution, c'est l'expropriation des cultivateurs.

Elle ne s'est encore accomplie d'une manière radicale qu'en Angleterre : ce pays jouera donc nécessairement le premier rôle dans notre esquisse. Mais tous les autres pays de l'Europe occidentale parcourent le même mouvement, bien que selon le milieu il change de couleur locale, ou se resserre dans un cercle plus étroit, ou présente un caractère moins fortement prononcé, ou suive un ordre de succession différent. »

 

[Karl Marx, Le Capital, Livre 1, 1867 - Traduction Joseph Roy revue par l'auteur]

 

 

 

 

 

 

 

 

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02 novembre 2018

Le PS fidèle... à la droite !

drapeaurouge1.gifToutes les «négociations» pour constituer des «majorités de gauche», dans les communes où il était théoriquement possible d'aboutir, ont échoué !

Négociations avec des guillemets grands comme l'Atomium évidemment, car les dés étaient pipés dès le début. Le PS voulait la continuité avec ses pratiques et ses choix politiques passés. Il ne pouvait donc pas s'associer avec un parti exigeant des ruptures et tourné vers un autre avenir, comme le PTB. Ce dernier -lui- n'avait d'ailleurs pas l'intention d'abandonner ses engagements de la campagne et il ne souhaitait pas se perdre dans la traditionnelle tambouille politicienne qui sied tant aux vieilles formations, historiquement en déclin.

Dernière embardée en date : Liège ! Le bourgmestre sortant, Willy Demeyer, a joué son (mauvais) coup en deux temps : il s'est d'abord débarrassé de Raoul Hedebouw et ses camarades, à l'issue de trois «tours de table», avant de précipiter le CDH et Vert Ardent (Ecolo, relooké pour la circonstance) dans l'opposition, afin de pouvoir renouer avec ses vieux complices du MR ! L'équipe gagnante -de sous !- de Publifin est ainsi reconstituée, à l'image de l'habituelle majorité provinciale.

Le MR semble décidément être le «maître achat» du PS. A Molenbeek aussi, après les gesticulations médiatiques de Catherine Moureaux, seront célébrées les retrouvailles des deux partis. Bien que battue, la formation d'Olivier Chastel gardera donc de nombreux strapontins dans de nombreuses villes grâce à l'habileté manoeuvrière des troupes du madré Di Rupo.

Pour que rien ne change il faut... que rien ne change !

Cet épisode post-électoral illustre bien l'éternel jeu de dupes d'un petit monde où les renvois d'ascenseur sont fréquents et où les associations «contre nature» sont monnaie courante... Assurément, un avant-goût de ce qui risque de se produire après les élections du 26 mai 2019 !

Car, dans l'état actuel des rapport de forces -avec un PS avide de pouvoir et infecté par le libéralisme, et avec des amis syndicalistes qui grondent seulement le temps d'un buzz-, la politique de collaboration de classes a encore de beaux jours devant elle. A la plus grande satisfaction des dominants, faut-il le préciser !

Puissent les citoyens/électeurs en être conscients et tirer les conclusions qui s'imposent dans quelques mois...

 

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 DISCREDITER LE CHANGEMENT !

 

Parmi les reproches adressés au PTB figure le caractère «irréaliste» de son programme. Un grand classique des tenants du désordre établi, repris hélas par nombre de personnes intoxiquées par ce discours rituel matraqué à l'encontre de tout qui propose des changements.

Les «promesses» du parti de la «gauche radicale» seraient donc impossibles à mettre en oeuvre car elles coûteraient trop à la collectivité ! L'exemple de la «gratuité des bus» préconisée par le PTB est ainsi souvent brocardé par ses détracteurs...

C'est vraiment étrange. Dans cette société, mettre en avant des revendications favorables aux salariés, aux allocataires sociaux, aux plus pauvres est toujours une hérésie financière. Mais quand il s'agit de mesures en faveur des puissants, alors tout redevient miraculeusement possible. Des réductions de cotisations patronales ? No problemo ! Des mécanismes fiscaux profitables aux grandes entreprises, comme les «intérêts notionnels» ? No problemo ! Entraver la lutte contre la fuite des capitaux ou bloquer toute perspective d'un impôt sur la fortune ? No problemo ! Trouver des milliards pour acheter des engins de mort, avions ou blindés ? No problemo !

En réalité, il n'existe pas de problèmes de «moyens» dans un pays aussi riche. Il n'existe que des choix politiques ! Et, actuellement, ceux-ci correspondent le plus souvent aux intérêts des privilégiés de l'oligarchie !

Face aux donneurs de leçons qui ronchonnent quotidiennement, face aux admirateurs du système qui répètent en boucle qu'il faut être «raisonnable» et qu'il n'est pas sérieux de vouloir sortir des clous budgétaires -imposés notamment par l'Union européenne-, face aux larbins qui radotent au sujet de la mise en danger de «notre compétitivité», rien de doit être cédé !

L'art d'une politique alternative est précisément de rendre possible ce qui est indispensable, sur le plan social ou sur celui de la transition écologique. Ce qui nécessite de mettre fin aux décisions coûteuses en faveur d'une minorité de nantis ! Ce qui implique d'effectuer d'autres choix que ceux mis en oeuvre depuis des décennies !

Et c'est justement ce que propose le PTB, ce qui explique sans nul doute l'opération de dénigrement orchestrée de concert par les médias et le landerneau politique...

Autre grief : le PTB serait trop intransigeant et rétif à tout compromis. Une peu surprenante réprimande de la part des champions de la compromission et des arrangements entre petits amis pour se partager les avantages «du pouvoir» ! Qu'un parti s'efforce de rester fidèle aux engagements pris devant l'électorat, qu'un parti veuille mettre en adéquation ses paroles et ses actes, qu'un parti refuse de renier ses perspectives transformatrices, -patatras- voilà qui est inconcevable !

Il est maintenant urgent de mettre fin à la doxa thatchérienne du TINAThere is no alternative/ Il n'existe pas d'alternative» -au capitalisme, s'entend !-) et d'ouvrir la voie aux solutions de rechange. A tous les niveaux, naturellement : du régional à l'Europe, sans oublier le fédéral. Ce qui devra passer aussi par un renversement de table électoral.

Il n'y aura aucune raison de s'en priver en mai 2019...

 

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29 octobre 2018

La FGTB en quête d'un "débouché politique"

manif fgtb.jpgLa FGTB organisera une «journée nationale d'action» avant le 15 décembre.

Je vais me répéter -et cela devient lassant, j'en conviens-, cette traditionnelle mobilisation ponctuelle -à quelques jours de la fête de Noël, des congés scolaires et du passage à l'an neuf- ne fera pas frémir le gouvernement fédéral !

A l'évidence, le sommet du syndicat «socialiste» occupe le terrain à la «va comme je te pousse» en attendant que tombe le couperet du méga-scrutin de mai 2019. Tout en croisant les doigts pour que l'actuelle majorité, articulée autour de la NVA/MR, devienne minoritaire au lendemain de ces élections !

Avec quelle perspective en terme d'alternance (je n'ose écrire alternative) ? Cela reste nébuleux même si l'état-major syndical s'agite beaucoup, dans les médias, autour de la thématique d'un «gouvernement progressiste», c'est-à-dire une coalition rassemblant le PS, Ecolo et le PTB...

Thierry Bodson avait lancé des appels explicites en ce sens avant les «communales» du 14 octobre. Et maintenant, Robert Verteneuil tape du poing sur la table suite à l'échec -prévisible !- de la constitution de telles majorités dans un certain nombre de villes tests. Il exige même -en pure perte, faut-il le dire !- que les négociations reprennent entre ces trois familles, actuellement peu disposées à sceller leur union...

 

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Devant cette difficulté patente, Jean-François Tamellini, secrétaire fédéral, lance un ballon d'essai sur les réseaux sociaux. Construire une « liste citoyenne » qui s'appuierait sur une « plate-forme programmatique », à élaborer par toutes les volontés motivées qui ne se reconnaissent pas dans l'offre électorale actuelle !

Une telle initiative aurait sans doute été un peu plus crédible si elle avait été lancée au lendemain de la constitution du gouvernement Michel plutôt qu'à quelques mois d'une nouvelle campagne électorale ! Aujourd'hui, on ne sait trop s'il faut parler d'improvisation ou de diversion ...

Et puis, quel programme ? Jean-François Tamellini suggère quelques pistes en des termes si généraux qu'il est difficile de se prononcer en négatif. Il évoque la nécessité de «mettre la priorité sur l'humain et la planète» mais, de nos jours, c'est ce que préconisent tous les partis, ne fut-ce qu'en paroles !

Il avance quelques mesures comme la «réduction généralisée du temps de travail», l' «égalité hommes-femmes» ou la «transition énergétique», mais on ne comprend pas en quoi ce type de revendications se distingue du programme proposé par le PTB, par exemple !

Naturellement, il s'agit simplement d'amorcer la discussion. Mais pourrait-elle vraiment déboucher sur autre chose qu'un «programme commun minimum» qui laisse toutes les questions qui fâchent de côté ? Ainsi, la question européenne, une problématique essentielle car il est illusoire de vouloir mettre en oeuvre une autre politique dans le cadre du carcan néo-libéral actuel, sans rompre avec la construction européenne réellement existante, avec ses traités balisant une trajectoire austéritaire, avec ses pratiques bureaucratiques et avec ses dérives antidémocratiques.

Jean-François Tamellini insiste pourtant en brandissant un argument d'autorité : beaucoup d'électeurs ne votent plus ou ne sont pas disposés à soutenir des partis comme Ecolo, le PS ou le PTB ! C'est certain. Mais pourquoi ces personnes sortiraient-elles de leur abstentionnisme ou de leur scepticisme pour se rallier inopinément à un vote rêves.jpgmouvement surgi de nulle part, qui apportera sa contribution décomplexée à l'éclatement déjà grand de notre paysage politique, et qui par ailleurs défendra probablement des orientations politiques déjà développées par d'autres ?

En politique, il n'existe pas de raccourci. Il ne suffit pas d'un peu d'imagination, de beaucoup de volontarisme ou d'une poignée de poudre de perlimpinpin pour faire émerger d'un trou noir démocratique une solution de rechange rêvée !

En plus de temps et d'énergie militante, impossible de se passer d'un solide programme. Et ce sont précisément les divergences en matière de projets politiques qui ont empêché la concrétisation de «majorités de progrès» là où il était mathématiquement possible de tenter de les réaliser. Ensuite, comme il se doit dans le milieu politicien, cette perspective a été torpillée par des manoeuvres dont le PS et son futur président, Paul Magnette, ont le secret...

Forcément, ces péripéties n'incitent guère à l'optimisme. Mais inutile de se cacher derrière son petit doigt, inutile de se complaire dans une langue de bois éprouvée, inutile de se raconter des histoires : sauf un formidable renversement de table en mai 2019 (totalement improbable à cette heure), il n'existe pas d'issue enthousiasmante... à court terme !

Comme je l'ai déjà souligné sur ce blog, aucune majorité alternative n'est pour le moment envisageable à la Chambre. Sur la base des dernières projections, PS-SPA-ECOLO-GROEN-PVDA-PTB pourraient obtenir 55 sièges, sur un total de... 150 ! Même si les conditions politiques étaient réunies pour une association inédite, former un gouvernement fédéral «de gauche» serait donc impossible...

Ce qui n'est pas le cas au niveau de la Wallonie. Mais ici on en revient au scénario des lendemains de l'élection du 14 octobre, avec le risque identique d'un blocage persistant, pour cause d'incompatibilité programmatique et pour cause d'ostracisme d'Ecolo et du PS vis-à-vis des «extrémistes» du PTB (les quelques négociations en trompe l'oeil orchestrées habilement par Moureaux, Magnette and C° ne doivent pas nous leurrer).

RH.jpgSeul un véritable changement du rapport de forces en faveur du parti de Raoul Hedebouw pourrait commencer à changer la donne. Mais, et on en revient à la FGTB, une mobilisation sociale bien plus consistante et bien plus contraignante que celle que nous avons connue ces dernières années sera également indispensable. Car il n'y a pas que le MR ou la NVA qui méritent des coups de pied au c... Les camarades du Boulevard de l'Empereur ont également besoin d'être secoués par les camarades de l'Action commune socialiste, si celle-ci souhaite réellement soutenir un exécutif nouveau porteur de politiques de rupture.

A défaut, ce sera la relance des coalitions avec la droite, telles que nous les avons connues durant un quart de siècle, avec leur cortège de régression sociale, de reculs démocratiques et de choix productivistes désastreux pour l'espèce humaine...

Reste à déterminer maintenant -mais c'est un vaste débat que je n'engage pas ici, en tout cas pas pour l'instant- si un rassemblement d'étiquettes (parfois discréditées) ou la construction d'une variante d' «union des gauches» constituent bien -à long terme- une solution politique de rechange crédible et durable, alors qu'il y a un rejet grandissant du «système» et de toutes ses «élites»...

 

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