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06 décembre 2015

Il y a urgence et urgences !

tas d'urgence.jpg

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29 novembre 2015

Appel

appel resistance.jpg

 

De la peur à la résistance

Urgence démocratique !

 

 

Ces derniers jours la peur a envahi les rues. La peur après le choc des attentats, bien sûr, mais aussi la peur devant les mesures inouïes prises depuis le 13 novembre. Bruxelles, région-capitale du pays, a été mise en Etat de siège de fait, tandis que le reste du pays s’est retrouvé dans un Etat d’urgence de fait.

On ne peut s’empêcher de remettre en question l’efficacité de ces mesures, et d’en soulever les contradictions : les écoles, le métro, ont été fermés ; une quantité incroyable d’évènements culturels, mais aussi politiques, ont été annulés ou interdits et des camions blindés ainsi que des centaines de soldats ont pris possession des rues.

A côté de ça, il faudrait rester calme, et la centrale nucléaire de Tihange par exemple est restée sans protection. De même, le fameux niveau 4, supposé justifier ces mesures extrêmes, a été maintenu alors que progressivement les écoles, le métro, etc. rouvraient leur portes. Quelle cohérence dans tout ça ? Et quel contrôle démocratique sur ces décisions ?

La pauvreté aussi tue

En quelques jours, le gouvernement Michel a trouvé 400 millions pour le virage sécuritaire et promet des mesures d’Etat de choc (perquisitions de nuit, détention administrative de 3 jours, prison automatique pour les jeunes de retour de Syrie, etc.). L’argent qui n’existait pas pour les services publics et les pauvres apparaît comme par magie. C’est un choix désastreux. Avec ces 400 millions d’euros, on pourrait, entre autres, augmenter de 50% le revenu d’intégration sociale versé à 100.000 personnes par les CPAS.

Démocratie piétinée

Les conséquences de cet Etat d’exception ne se sont pas fait attendre. Les bavures se multiplient contre des présumés coupables, l’un étudiant à Anvers mis à terre au Quick avec deux fusils pointés sur sa tête, l’autre dans la très stigmatisée Molenbeek, un troisième qui voit la police débarquer chez lui en brisant portes et fenêtres à 5 heures du matin…

La peur gagne les quartiers populaires avec une forte présence musulmane. Nous voyons comment des bourgmestres, y compris du PS ou SP.a, tirent prétexte de l’alerte antiterroriste pour interdire de nombreuses manifestations ou débats publics, à Saint-Gilles sur la Syrie, à Molenbeek pour la solidarité et contre les divisions, à Bruxelles-Ville et Ostende pour la justice climatique. Même la livraison de repas chauds aux sans-abris dans les gares est interdite ! Pendant ce temps, l’ensemble des mouvements sociaux, syndicats en tête, sont priés d’obtempérer par le ministre de l’Intérieur N-VA, Jan Jambon, et le MR dépose une proposition de loi visant à interdire les piquets de grève.

Résistance!

Nous refusons de continuer à laisser la peur nous diriger. Nous refusons l’Etat autoritaire qui est en train d’être mis en place sous nos yeux. Nous refusons que des organes non-élus comme l’OCAM et le Conseil National de Sécurité (Nationale Veiligheidsraad) dirigent le pays. Nous voulons que toute la clarté soit faite, y compris par une commission parlementaire d’enquête, sur la façon dont un climat de peur a pu être créé délibérément. Nous refusons aussi une guerre qu’on prétend commettre en notre nom, et qui ne fera qu’ajouter des morts aux morts, de la barbarie à la barbarie.

Nous appelons l’opposition sociale et politique à ce gouvernement à marcher dans les rues et à montrer que non, nous n’arrêterons pas de vivre et de lutter pour un monde meilleur, et que nous n’accepterons pas d’être bâillonnés et réprimés « pour notre sécurité ».

Nos meilleures armes pour résister sont la solidarité et l’auto-organisation, pour décider de nos vies, de ce qui est bon pour notre sécurité, pour la planète. Avec nos ami.e.s en France et dans d’autres pays comme l’Espagne qui refusent l’autoritarisme, la guerre, le racisme et les interdictions de manifester, à l’instar du front commun syndical du Hainaut qui a maintenu sa grève le 23 novembre, nous appelons la population à ouvrir les yeux et à désobéir. L’histoire n’a jamais été faite par ceux qui demandent la permission.

Nous refusons de continuer à laisser la peur nous diriger. Nous abominons le terrorisme de Daesh, mais nous lutterons contre la politique sécuritaire et liberticide que nos gouvernements veulent imposer au nom de la lutte contre les terroristes, et qui fait le jeu de ceux-ci.

 

Premiers signataires (27-11-2015)

Sfia Bouarfa (ancienne sénatrice, députée honoraire), Paulo Charruadas (chercheur en histoire, ULB), Chloé Deligne (historienne, ULB-FNRS), Josy Dubié (sénateur honoraire), Anne Dubreucq, (Professeure de géographie ULB, Maître-assistant HEFF), Pauline Forges (CGSP Enseignement Ville de Bruxelles), Corinne Gobin (politologue ULB), Denis Horman (journaliste à La Gauche), Thibault Jacobs (doctorant en Histoire, ULB), Daniel Liebmann, Freddy Mathieu (ex-Secrétaire régional FGTB Mons-Borinage), Christine Pagnoulle, (chargée de cours à la retraite, ULg, présidente d’ATTAC Liège), Christian Panier (ancien juge et enseignant), Irène Pêtre (ex-secrétaire syndicale de la CNE), Daniel Piron (ex-secrétaire régional de la FGTB de Charleroi-Sud Hainaut), Daniel Richard (secrétaire interprofessionnel de la FGTB de Verviers), Marco Schmitt (Co-Président d’Inter-Environnement Bruxelles), Isabelle Stengers (philosophe, ULB), Daniel Tanuro (militant écosocialiste), Antoine Thioux (Jeunes FGTB Charleroi), Felipe Van Keirsbilck (secrétaire national de la CNE), Henri Wajnblum (UPJB), Grégoire Wallenborn (chercheur ULB), Isabelle Wanschoor (secrétaire de la CNE Hainaut), Irène Zeilinger (Garance)

 

Pour signer:

http://www.petities24.com/van_angst_naar_verzet

https://www.facebook.com/events/743806332387500/

 

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28 novembre 2015

L'ombre de l'Etat fort !

logo flics.jpgLe métro à l’arrêt, de nombreux spectacles annulés, les écoles fermées, les activités sportives perturbées, les commerces paralysés. Sur fond de roulement de tambours et d’appels répétés à la « vigilance ». Tel était le quotidien des Bruxellois il y a peu.

Aujourd’hui, le métro roule à nouveau, les écoles accueillent les enfants, la vie culturelle reprend lentement son cours et « Les plaisirs d’hiver » sont inaugurés en grande pompe par le gratin politique local.

Néanmoins, les militaires sont toujours dans la rue et la présence policière reste massive.

bruxelles militaires.jpg

Derrière cet embrouillamini, l’Ocam, organisme opaque chargé d’évaluer la « menace terroriste », qui a soudainement décrété que l’alerte était rétrogradée du niveau 4 à 3. Sans que l’on comprenne vraiment ce qui aurait changé en 24 heures, du mercredi 25 au jeudi 26 novembre !

Ce tohu-bohu généralisé prêterait à sourire ou à disserter sur l’éternel « surréalisme belge », sauf que…

Sauf que le tumulte sécuritaire généré par les attentats de Paris débouche concrètement sur la mise en place de nouveaux instruments (juridiques, notamment) destinés à renforcer la machine coercitive étatique au détriment de la vie démocratique.

En témoignent les mesures prises par le gouvernement pour « lutter contre le terrorisme » (voir ci-dessous), et qui illustrent parfaitement une dérive alarmante.

Voilà donc un exécutif fédéral qui prend appui sur des « experts » pour charger sabre au clair en marginalisant le parlement ; les députés ayant juste le droit à quelques interpellations mesurées, afin de ne pas mettre en péril « l’unité nationale ».

Et à côté de décisions viriles, la coalition gouvernementale NVA-MR s’évertue à créer un climat d’angoisse parmi la population, propice à l’asphyxie de tout esprit critique ou de toute velléité de rébellion intellectuelle.

En ces temps de crise profonde, dans une période où l’austérité reste l’alpha et l’oméga des politiques des gouvernants, l’occasion était belle de neutraliser la « riposte syndicale » (voir l’imbroglio autour des actions régionales planifiées par les syndicats), au demeurant déjà bien timide.

Inquiétante également, la limitation –de facto- de libertés constitutionnelles stop répression.jpgfondamentales comme la liberté d’expression au travers de manifestations publiques. Ainsi, les actions de rue prévues à l’occasion du sommet COP21 se voient purement et simplement interdites, à Bruxelles comme à Ostende !

L’ombre de « l’Etat fort » plane sur ce pays et il faut bien constater que la gauche peine à prendre toute la mesure de cette menace !

Ce n’est pourtant pas le moment d’adopter un « profil bas ».

Au contraire, l’urgence commanderait de porter les mobilisations pour d’autres choix de société au niveau supérieur.

A quand un "Ocam" du mouvement ouvrier ?

 

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michel tribune.jpg

 

Les 18 mesures prises par le gouvernement pour lutter contre le terrorisme

 

  1. Effort budgétaire additionnel - amendement au Budget 2016: 400 millions d'euros pour sécurité et la lutte contre le terrorisme (en complément des 200 millions d'investissements déjà réalisés en 2015, 40 millions prévus pour la sûreté de l'Etat et des 100 millions supplémentaires libérés pour la Défense).
  2. Renforcement des contrôles policiers aux frontières.
  3. Déploiement de 520 militaires pour renforcer la sécurité.
  4. Révision du code d'instruction criminelle - Méthodes particulières de recherche. Nouvelles technologies pour les services de renseignement (empreintes vocales, élargissement écoutes téléphoniques notamment trafic d'armes).
  5. Révision de la Constitution - garde à vue de 72 heures pour les actes de terrorisme. Modification de l'article 12 de la Constitution. Aujourd'hui 24h, après révision 72h.
  6. Perquisitions 24h sur 24h pour les infractions terroristes - modification de la loi. Fin de l'exception interdisant les perquisitions entre 21h et 5h du matin.
  7. Foreign fighters - privation de liberté. Principe: prison lors du retour en Belgique.
  8. Personnes fichées - bracelet électronique. Bracelet électronique pour les personnes fichées par les services d'analyse de la menace: une procédure contradictoire sera instaurée en vue d'imposer le port du bracelet électronique.
  9. PNR belge - enregistrement des données de tous les passagers dans les transports. Sans attendre le projet européen, la Belgique appliquera le contrôle systématique de l'enregistrement de tous les passagers dans les transports (avions et trains à grande vitesse).
  10. Exclusion des prédicateurs de haine. Screening de tous les prédicateurs en vue d'assigner à résidence, de priver de liberté ou d'expulser ceux qui prêchent la haine.
  11. Démantèlement des lieux de culte non reconnus qui diffusent le djihadisme.
  12. Fin de l'anonymat pour les cartes pré-payées.
  13. Plan Molenbeek - prévention et répression.
  14. Renforcement du screening pour l'accès aux emplois sensibles.
  15. Extension du réseau de caméras de reconnaissance des plaques minéralogiques.
  16. Fermeture des sites internet prêchant la haine.
  17. Evaluation en vue d'une adaptation des législations en lien avec l'état d'urgence. Possibilité de mesures temporaires et exceptionnelles garantissant la sécurité publique.
  18. Participation sur la scène internationale à la lutte contre Daesch. Frégate Léopold I: mission d'escorte du porte-avions français "Charles de Gaulle". Frappes aériennes en rotation avec les Pays-Bas.

 

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