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07 février 2015

Difficultés

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Il se dit que le front commun syndical est toujours en vie et que des actions pourraient être décrétées de concert dès la semaine prochaine !

Le débat porterait essentiellement sur l’opportunité de nouvelles grèves, une perspective contestée par des responsables de la CSC et de la FGTB.

Mais au-delà de cette discussion tacticienne, l’important est sans doute ailleurs.

Il faut cesser, à gauche, de s’émoustiller à la moindre annonce d’une reprise de la lutte contre Charles Michel Ier, et dire clairement ce qui est : ce gouvernement ne reculera pas devant des pétitions, des « minutes de silence », des manifestations ponctuelles ou des grèves éparpillées ! Pour obtenir le retrait de sa politique musclée de régression sociale, il devra… chuter ! Et cet objectif, qui trouble un sommet syndical soucieux de ne « pas  faire de la politique », nécessitera une grève générale prolongée, un mode d’action qui ne sera jamais assumé par les Goblet, Leemans, Bodson, Ska et consorts !

Il n’est d’ailleurs pas certain qu’une telle visée recueille l’aval d’une majorité populaire, car le monde du travail est fortement affaibli par des décennies de crise, d’austérité, de défaites répétées et d’absence d’une perspective politique crédible.

En cas de crise gouvernementale et de retour aux urnes, il est en effet bien difficile de visualiser ce que pourrait être une solution de rechange. Il n’existe ni  Syriza ni  Podemos en Belgique, ni même en Wallonie.  Le PTB, qui a pourtant progressé, dispose de 2 élus sur 150 à la Chambre !  Toute la « gauche », dans le sens vraiment large du terme, c’est-à-dire avec les « écologistes » et les « socialistes », peut actuellement compter sur 50 députés, soit juste 1/3 de la représentation parlementaire fédérale !

C'est dire que le triomphalisme n'est pas de mise.

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Il n’est nullement défaitiste d’acter des faits et de prendre la mesure de la réalité des rapports de forces.

La lucidité commande,  dès lors, de comprendre qu’il reste un long chemin à parcourir pour se dégager du capitalisme et de ses recettes néo-libérales.

Et une alternative, à la hauteur des enjeux de notre monde et de notre société,  ne pourra prendre consistance  -ici et maintenant-   si la gauche de gauche persiste dans ses querelles et divisions, et si la gauche syndicale reste repliée sur elle-même et s’abstient de toute « audace politique ».

Reste à gérer la tension entre l’urgence d'un changement de direction et la lenteur des processus de recomposition politique.

Un difficile défi à relever pour celles et ceux qui ne renoncent pas à transformer radicalement la vie…

 

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05 février 2015

Démocratie atomisée

 

« Après ça, quand la sirène s’est arrêtée d’un coup, nous n’étions plus humains. Nous étions dans l’histoire »

 

 

bataille.jpgEn avril 1961, la France procéda à un essai nucléaire, à Reggane, dans le désert du sud de l’Algérie, une Algérie qui n’avait pas encore gagné son indépendance.

A cette occasion, La République n’hésita pas à utiliser  des militaires comme cobayes humains, suivant ainsi l’exemple des Etats-Unis, qui refusaient de communiquer les résultats de leurs expériences !

Christophe Bataille s’est appuyé sur ce fait historique pour écrire un court roman, véritable coup de poing qui laisse le lecteur abasourdi.

Dans ce récit, le narrateur est à la tête d’une patrouille de soldats « volontaires » qui vont devoir tester l’effet des radiations atomiques sur des corps humains proches de la déflagration.

La description  de l’essai et des premières minutes de dévastation qui suivirent le « grand flash »  est hallucinée et hallucinante.

Enterrés dans une tranchée à trois kilomètres du « Point Zéro », ces soldats, revêtus de combinaisons dignes de scaphandriers mais bien peu protectrices, ont du s’approcher du point d’impact  quelques secondes après l’explosion, avant d’être pris en charge par le corps médical pour un bilan matérialisé par une kyrielle de tests et d’examens. Lesquels ne pourront réparer l’irréparable. Car si la plupart de ces victimes échapperont à une mort physique directe, ils garderont des séquelles dans leur chair, et peut-être plus encore dans leur esprit,  tout le temps qu’il leur restera à vivre !

Celui qui témoigne se décrit d'ailleurs comme un vivant qui ne l’est plus, un vivant qui se regarde vivre de l’extérieur, aux côtés de sa femme et de sa fille, dans un monde qui préfère ne se souvenir de rien et ne rien savoir.

Ces pages sont aussi le prétexte d’une réflexion sur la « démocratie » qui… désespère le démocrate, « celui qui croit qu’il croit encore, et ne fait confiance qu’à sa déception ».

Une démocratie ensevelie  sous le despotisme de la raison d’Etat, du secret, de l’opacité, du mensonge et de la folle course à l’anéantissement.

A l’évidence, un livre qui bouscule.

Et une oeuvre de salubrité publique, à dévorer !

 

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Christophe Bataille, L’expérience, Grasset, 2015, 12 €

12:59 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |

31 janvier 2015

Cul-de-sac !

 

touchez pas index.jpgLe routinier « groupe des 10 » qui réunit les « partenaires ( !) sociaux » a finalement accouché d’un « accord ».

Minimaliste.

Il n’y aura pas d’augmentation des salaires en 2015 ! Mais en 2016, les secteurs pourront négocier une hausse maximale de 0,5 %. Brute. Soit plus ou moins 0,37 % nette !

Une revalorisation de 2 % des allocations  -chômage, pension et invalidité-  est également prévue.  Plus exactement, les « allocations les plus basses » !

Et la saut d’index ? Il est maintenu, les patrons refusant d’en discuter et le gouvernement réaffirmant qu’il était intangible !

Et la pension à 67 ans ? Pas un mot concernant ce tabou de la coalition des droites !

Le cap décrété par la NVA et le MR est maintenu. Avec sa politique fiscale injuste, mais aussi sa charge contre les services publics et la sécurité sociale !

Les négociateurs de la CGSLB et de la CSC ont cependant approuvé les très maigres « acquis » engrangés dans les discussions, tandis que ceux de la FGTB les rejettent, faute d’avoir pu obtenir une remise en question du choix gouvernemental concernant l’indexation.

A partir du moment où le sommet syndical a mis fin à la mobilisation pour s’engouffrer dans le tunnel de la « concertation sociale », le patronat (et le gouvernement derrière lui) étaient sur du velours.

Dès lors, le dénouement de ce (triste)  scénario était prévisible, et d’ailleurs anticipé par de nombreux militants qui connaissent la musique des compromissions délétères.

Foin de langue de bois, il faut donc appeler un chat un chat : il s’agit d’une défaite syndicale. Une de plus, qui vient s’ajouter à tous les revers subis au cours des trois dernières décennies !

C’est grave, car cet épisode consolide un rapport de forces déjà très favorable à la droite.

Demain, Charles Michel et ses pairs hésiteront encore moins à appuyer sur l’accélérateur de la régression.

Gare au prochain « contrôle budgétaire » !

Reste maintenant à vérifier si la « base » va se résigner,  ou au contraire taper le poing sur la table et exiger une relance des actions.

Mais rien n’est moins sûr, hélas.

 

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