15 décembre 2020
IMAGINAIRE(S) [115]
"– Monsieur Marx, avant d’accepter de travailler pour vous, il me faut savoir jusqu’à quel point vos projets révolutionnaires risquent de s’opposer aux intérêts et à la sécurité de la Couronne.
Marx arrêta son va-et-vient et sourit :
– C’est donc cela qui vous préoccupe tant! J’aurais dû me douter qu’il fallait plus que quelques péripéties pour inquiéter un homme de votre trempe ! (Facile à dire, ce n’est pas lui qui avait été visé.) Je peux vous assurer, faire le serment si vous l’exigez, cher monsieur Holmes, que rien dans mes projets actuels n’est destiné à interférer, aussi peu que ce soit, avec le bien-être de l’Angleterre. Tout au contraire. Un de mes plus importants soucis est de préserver à tout prix la puissance de l’Empire britannique, seule force capable de contrebalancer l’hégémonie russo-allemande. Je puis vous affirmer que rien ne me révolte plus que le mépris avec lequel l’Angleterre est à présent traitée par la Prusse et la Russie. Vous voyez, je suis, comme disent les Français, plus royaliste que le roi, ou que la reine… Rien de ce que vous pourrez faire pour nous ne s’opposera à la grandeur de l’Empire britannique. Je vous en donne ma parole.
C’est tout ce que je voulais. Je n’avais pas compris grand-chose à son envolée de politique internationale, mais je résolus de lui faire confiance. Malgré sa tromperie de la veille, après tout bien innocente, quelque chose dans cet homme anesthésiait mes préventions, et c’est sans la moindre arrière-pensée que je me levai et lui serrai la main."
[Alexis Lecaye, Marx et Sherlock Holmes, 1981]
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