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21 septembre 2025

POLARS EN BARRE [56]

 

"Ellen garda le silence. Quelque part dans le voisinage, un chien hurla lugubrement à la lune pâle ou peut-être à quelque chose dans la nuit. Les criquets créaient une symphonie, tout autour d’eux. Finalement, elle avoua :

— Je voudrais que nous ne l’ayons jamais fait. Devant Dieu, je voudrais que nous ne l’ayons pas fait.

— Ellen, c’était vraiment le crime parfait.

— Vraiment ? Réellement ?

— Tu le sais bien.

— Je ne sais pas. Je n’en sais plus rien.

— Ah, bon Dieu, femme, cesse de parler comme ça !

— Je n’y peux rien. J’ai peur. Ça fait longtemps que j’ai peur.

— De quoi ? demanda George. Nous n’avons pas été pris, n’est-ce pas ? Et nous ne le serons jamais, maintenant.

— Pas par la police.

— Allons bon ! Qu’est-ce que ça veut dire, ça ?

— Le crime parfait n’existe pas, George, dit-elle. Je le sais et toi aussi.

— Je ne sais rien de pareil du tout.

— Si, tu le sais. Tout au fond, nous l’avons toujours su, tous les deux. Nous n’avons pas été impunis, pour ce que nous avons fait, mais nous n’avons pas non plus payé le prix total. Et nous allons avoir à le payer, ce ne sera pas long. Pas long du tout.

Ils retombèrent dans leur silence, car il ne restait plus rien à dire, avec le parfum sucré du chèvrefeuille dans leurs narines et le chant des grenouilles et des criquets à leurs oreilles. Ils restèrent assis sans se toucher, sans se regarder dans l’ombre profonde de la véranda… en se souvenant… en attendant.

Ellen et George Granger, âgés de 79 et de 81 ans, qui avaient commis le crime parfait en l’an de grâce 1931."

 

Bill Pronzini

 

 

 

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