01 octobre 2025
POLARS EN BARRE [66]
"Ce qui est capital, c’est que le roman policier se présente comme une fiction vraie. Il emprunte à la fiction ses protagonistes, ses décors, voire même ses passions ; mais il est vrai par sa méthode, puisque cette méthode ne doit rien à l’imagination, puisqu’elle est identique à celle du savant. En ce sens, le roman policier évacue tout romanesque, liquide l’imaginaire qui avait fait tout le prix du vieux roman noir de la fin du XVIIIè siècle, et triomphait encore sur le boulevard du Crime. (…) Le roman policier s’avance dur, viril, intelligent, fort de ses procédés qui lui permettent de tout expliquer. Ce qu’il sait dissiper, c’est le flou poétique, la convention littéraire, les clairs-obscurs du cœur. Tout faux-semblant disparaît devant le détective. Et la preuve que le roman policier est d’une autre nature que la pure fiction, c’est qu’il est capable non seulement de raconter une affaire criminelle authentique mais d’en donner une solution (Le mystère de Marie Roget). Par conséquent, lorsque le romancier invente une histoire (Double assassinat dans la rue Morgue), cette histoire, purement imaginaire, devient un vrai fait divers par la vertu du raisonnement. Il y a une équivalence absolue entre un récit créé de toutes pièces et une histoire vécue, dans la mesure où l’étude rationnelle des faits conduit à un dénouement nécessaire. Voilà pourquoi le roman policier a été considéré, tout d’abord, non pas comme une littérature marginale, mais comme une forme toute nouvelle de littérature."
Pierre Boileau et Thomas Narcejac
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