05 mai 2017
199 ème anniversaire de la naissance de Karl Marx
"Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé.
La tradition de toutes les générations mortes pèse d'un poids très lourd sur le cerveau des vivants. Et même quand ils semblent occupés à se transformer, eux et les choses, à créer quelque chose de tout à fait nouveau, c'est précisément à ces époques de crise révolutionnaire qu'ils évoquent craintivement les esprits du passé, qu'ils leur empruntent leurs noms, leurs mots d'ordre, leurs costumes, pour apparaître sur la nouvelle scène de l'histoire sous ce déguisement respectable et avec ce langage emprunté.
C'est ainsi que Luther prit le masque de l'apôtre Paul, que la Révolution de 1789 à 1814 se drapa successivement dans le costume de la République romaine, puis dans celui de l'Empire romain, et que la révolution de 1848 ne sut rien faire de mieux que de parodier tantôt 1789, tantôt la tradition révolutionnaire de 1793 à 1795. C'est ainsi que le débutant qui apprend une nouvelle langue la retraduit toujours en pensée dans sa langue maternelle, mais il ne réussit à s'assimiler l'esprit de cette nouvelle langue et à s'en servir librement que lorsqu'il arrive à la manier sans se rappeler sa langue maternelle, et qu'il parvient même à oublier complètement cette dernière"
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Deux jours avant de régler son compte à Le Pen
Note de Jean-Luc Mélenchon,
publiée sur son blog, vendredi 5 mai 2017
Comme un piano mécanique, la présidentielle déroule sa partition écrite de longue main. Le deuxième tour où tout électeur est pris en otage pour faire élire n’importe qui d’autre ou sinon c’est Le Pen, prouve son efficacité. Nous allons en effet tous refuser notre voix à Marine le Pen, quelle qu’en soit la forme et le prix. Nos maîtres chanteurs ont gagné. Leur chantage pervers avait commencé dès le début, il y a plus d’un an et demi. Comment oublier l’épisode «Juppé, seul capable de bloquer Le Pen » ? Et les gogos de la « gôche » cotisant pour voter « Juppé » à la primaire de la droite ? Boudi ! On croirait que c’était il y a cent ans ! Non, c’était juste en novembre dernier !
La farce s’est prolongée au fil des mois. Seule changeait de temps en temps la figure du pion de secours. Il faut dire que la combine avait si bien marché aux élections régionales ! La gauche votant Estrosi ou Xavier Bertrand, quelle apothéose ! Déjà, nous avions dit non. Qui s’en souvient ? Pour ma part je n’ai pensé qu’à cela, à ce qui s’était passé, aux déchirements d’alors tout autour de moi, parmi les gens que j’aime et ceux que je respecte. Les moutons de Panurge du « front républicain », de leur côté, ont une mémoire de poisson rouge. Mais il est vrai que leur intérêt est de faire comme si tout cela n’avait pas déjà eu lieu puisqu’il s’agit de tout recommencer.
Cette fois-ci, le final de la comédie a été en apothéose, avec l’explosion finale des unes hebdomadaires et parfois quotidiennes : Macron à l’endroit , Macron à l’envers, Macron bébé, Macron enfant, Macron au ski, Macron à la plage, certes creux et parlant beaucoup pour ne rien dire mais tellement… tellement Maacronnn quoua !
Tout ce dressage rustaud avait pourtant failli dérailler quand il est devenu évident qu’en dépit de tous les barrages de calomnies, citations truquées, sondages en accordéon, je parvenais à me glisser dans le mouchoir de poche des éligibles au deuxième tour. Aussitôt, les orgues de Staline du parti médiatique se sont mis en place. Pendant quinze jours, les indignés de circonstances ont mitraillé sans pause et se sont mobilisés pour « faire barrage à Mélenchon ». Cuba mais pas Qatar, Poutine mais pas Erdogan, Alba mais pas Raka et Lafarge. Sans un mot contre Le Pen, les médiacrates qui n’ont jamais rien fait d’autre que de lui servir la soupe et la dédiaboliser au fil des mois, et lui donner jusqu’au double de mon temps de parole, se sont dressés sur leurs ergots tout en haut du tas de fumier de la ferme des animaux.
Aucune bassesse ne fut de trop, aucune infamie ne fut négligée. Tout y passa, de la pseudo panique boursière jusqu’au plus viles insinuations dans lesquelles excella, cela va de soi, le plus doué pour cet exercice, le misérable François Hollande me traitant de dictateur. Sans oublier le bon vieux rayon paralysant certes bien démonétisé par l’abus d’usage : l’accusation d’antisémitisme et le pilonnage des sectes communautaristes de tous poils. Ouf ! À 600 000 voix près, le pire fut évité, je fus recalé du second tour. Et ainsi de suite jusqu’à cet accomplissement du néant que fut le calamiteux « débat » du mercredi d’entre deux tours. Quelle tristesse ce soir-là ! Voilà où en est la France poussée dans un enclos de seconde zone par les manipulateurs.
Les mêmes ont donc ré-embouché leurs trompettes de stigmatisation pour le deuxième tour. Ni la droite, ni les fillonistes qui fournissent le gros des transferts de voix vers le vote Le Pen ne furent interpellés. Ce sort fut réservé en exclusivité à notre équipe sur le mode du chantage à plein régime, et de l’injonction à l’anéantissement de la pensée ! Evidemment, tous les tireurs dans le dos s’y adjoignirent aussitôt comme à chaque étape de notre combat. Des naïfs ont cru que c’était en lien avec les circonstances. Comme si ça concernait vraiment le deuxième tour.
Non, tout tient dans une réalité simple : les élections législatives ont commencé. Ce n’est pas pour rien qu’un premier sondage annonce déjà la majorité pour les candidats de « En Marche ». Bien sûr, nous sommes sondés en tant que « Front de gauche » quoi que celui-ci n’existe plus depuis deux ans et soit devenu le cache sexe usuel du PCF. Cette nouvelle manipulation est un aveu elle aussi. Elle signifie que les législatives sont pour la première fois depuis bien longtemps incertaines comme l’a été l’élection présidentielle elle-même. Mais elles concentrent l’enjeu politique du pouvoir depuis que le deuxième tour est une formalité, une partition écrite d’avance. Dès lors, le vieux monde veut surtout se débarrasser du risque qui l’a tant effrayé à l’élection présidentielle. Tous les partis de la tambouille se sont donnés le mot pour dénigrer et tenter de faire chanter les récalcitrants. Les copains de chambrée qu’ils sont se retrouvent avec plaisir.
Demain, bien sûr, sous Macron, chacun d’eux pourra montrer son certificat de baptême républicain à l’heure des subventions, des réserves parlementaires, des dotations, allocations, nominations, promotions, distinctions et tutti quanti. Mais leur but présent est évidemment de disqualifier et de stigmatiser les odieux insoumis et leurs prétentions de renverser le rapport de forces dans les élections législatives !
Mais il y a davantage. L’idéal pour le scénario macroniste, dans le droit fil de la comédie des présidentielles, c’est qu’il n’y ait pas d’autre opposition que celle de l’extrême droite. Et que tout le reste forme au fond une seule et même famille politique que seules des nuances sépareraient. C’est ce scénario que notre position indépendante ruine. En refusant de mettre ma parole au service de ce calcul, nous avons rendu possible l’unité de tous ceux qui refusent l’embrigadement macroniste sous prétexte de Front national. Cette catégorie inclut non seulement les abstentionnistes politiques, les votes blancs et nuls mais aussi les personnes qui ont voté Macron au deuxième tour par sentiment de responsabilité morale.
Car il faut le dire à cet instant : nombre d’entre nous, votants insoumis, auront voté Macron. Et parmi tous ceux qui l’ont fait, insoumis ou pas, nombre sont impatients d’en découdre avec Macron à la première occasion. Tous sont bienvenus dans les files qui vont se fédérer. C’est pourquoi les enragés de la comédie macronistes ne pouvaient se contenter de notre consigne « pas une voix pour le Front national ». Ils ne voulaient pas relever que l’option « vote Front National » n’était pas proposée dans la consultation des insoumis. Ils se sont empressés de nous attribuer un « ni-ni » qui n’a jamais été notre position. Et de même pour les résultats de la consultation des 450 000 engagés du mouvement. Nous avions clairement annoncé qu’il ne s’agirait pas d’une « consigne » mais de l’expression du point de vue de ceux qui le donneraient.
Certes, la méthode est totalement inhabituelle. Et la paresse est un des problèmes récurrent de l’incurie médiatique. Mais tout de même ! Quelle avidité à faire dire à cette consultation qu’il s’agissait d’un « appel à voter blanc ou a s’abstenir » ! En cela, une fois de plus, ils signaient un aveu : ce n’est pas le résultat électoral qui comptaient à leur yeux. La priorité était de stigmatiser. Car ce qui est attendu de chacun c’est la capitulation politique, le ralliement exigé comme ticket d’entrée au réfectoire de la bonne société. C’est tellement évident ! On le vérifie quand on voit que pas uns de nos détracteurs n’a eu une parole de condamnation comparable à celles qu’ils prononcent contre nous face aux syndicats de salariés, CGT, FO, Solidaires. Pourtant nous avons repris les mots et les arguments de ces derniers.
Bilan. Certes, les manipulations ont encore une fois fonctionné cela est évident. Certes, la victoire des médiacrates calomniateurs est sous nos yeux. Nous avons été éliminé du second tour à 600 000 voix près. Nous sommes encore sous le feu continu des canons des bien-pensants. Pour autant, ne perdons pas de vue l’essentiel. Rien n’a pu empêcher 7 millions de suffrages de se regrouper en dépit de tout. Le sens profond de ce vote est intact. La société française ne peut être écartée de ses aspirations écologiques et sociales qu’au prix de manipulations de plus en plus en plus hasardeuses. Et la puissance de ce qui couve va se voir une fois de plus dimanche soir. Madame Le Pen battue, monsieur Macron élu, ce sera le devant du tableau.
Les faits qui vont structurer l’avenir proche ont une autre source. À la sortie des urnes dimanche, il y aura davantage d’abstentionnistes et de vote blancs et nuls que de bulletins dans l’urne pour le sauveur suprême désigné par les 9 milliardaires qui contrôlent 90 % des médias de notre brillante démocratie. Certes, les organisateurs de cette comédie n’en auront cure. Ils diront avoir triomphé. Et leur erreur sera de le croire eux-mêmes. On peut compter sur l’arrogance de Macron pour s’en aveugler aussi. Et pour passer à l’offensive sociale aussitôt que possible. Car son programme, sa méthode et son élection n’ont pas d’autre finalité que de mener cette guerre sociale qu’exige la Commission européenne et la droite européenne. Tout le reste n’est qu’apparence.
La France est le pays qui compte le record de millionnaires, qui sert le plus haut niveau de dividendes aux actionnaires, et ainsi de suite. C’est cela dont toute cette comédie électorale est le paravent. Alors, dans ce contexte, quand tout aura changé pour que rien ne change, les feux d’artifice éteint et les joies de commandes remisées au vestiaire, il ne restera rien que le goût des cendres amères servies à foison. Les gens simples vont mesurer l’ampleur du racket social qui va leur être infligé. Il ne restera que les lacrymos dans la rue, les saisies sur salaires, les coupures d’eau et d’électricité, et ainsi de suite. La misère va exploser. Macron ce sera pire que Hollande qui lui-même était pire que Sarkozy.
Comme je connais le nombre de plumes éthiques et indépendantes qui gardent la chiourme, je me fais un devoir de répéter ici : pas une voix pour le Front national bien sur. Mais notre souffrance pour les gens et pour le pays ne cessera pas de sitôt. Elle durera aussi longtemps que la chaîne ne sera pas rompue quelque part en Europe. Le devoir de résistance commence dès le résultat de l’élection présidentielle. Notre devoir est de saisir toutes les opportunités pour en finir le plus vite possible. Et l’élection législative est la première et la plus formidable de ces occasions ! Car c’est elle qui nous permet de refuser de donner les pleins pouvoirs au gouvernement Macron.
JLM
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02 mai 2017
Macron : pour le moins mauvais et pour le pire !
Marine Le Pen deviendra-t-elle la huitième présidente de la Vème République [1] ?
Non !
Aujourd'hui, elle ne peut obtenir 50 (+ 1) % des suffrages exprimés dans le cadre d'un second tour d'une élection nationale.
Emmanuel Macron -qui bénéficie d'un large «soutien», actif ou passif- sera élu dimanche.
Mais, pour les relais -politiques et médiatiques- de l'oligarchie, il ne suffit pas que Macron gagne ; encore faut-il qu'il gagne le plus largement possible !
Pour affaiblir le FN et empêcher toute dynamique frontiste ultérieure comme le clament certains ? Naïveté ou tromperie délibérée ! Car, l'éviction de Le Pen dès le premier tour de la présidentielle de 2012, n'a pas empêché son parti de continuer à progresser et d'engranger des succès électoraux. Ce qui favorise la force propulsive du FN, ce qui nourrit son développement et son expansion, ce sont les politiques libérales «austéritaires» qui précarisent la population et créent une insécurité sociale permanente !
En réalité, il s'agit surtout de donner un maximum de poids au prochain président, il s'agit de lui assurer une légitimité afin qu'il puisse mettre en oeuvre la politique réclamée par le patronat et les possédants.
C'est la raison pour laquelle une campagne brutale est orchestrée contre celles et ceux qui restent critiques envers le candidat Macron, contre celles et ceux qui refusent de cautionner son projet rétrograde, contre celles et ceux qui n'appellent pas à voter explicitement pour lui. Se retrouvent principalement dans le collimateur de cette offensive manipulatrice la France Insoumise et Jean-Luc Mélenchon. D'autant que leur montée en puissance inquiète les dominants qui pensaient en avoir terminé avec les adversaires du capitalisme !
C'est dire si la nécessité de construire un contrepoids politique au futur monarque présidentiel sera l'enjeu des prochaines élections législatives. S'il parvient à s'appuyer sur une majorité parlementaire conservatrice, réactionnaire et déterminée à s'inscrire dans les pas des précédents quinquennats, la situation deviendra encore plus difficile pour le plus grand nombre.
Un défi de taille pour les Insoumis, qui devront déjouer les pronostics dans un contexte instable de recomposition du paysage politique, et éviter les pièges d'un scrutin particulier pour pouvoir «renverser la table».
Mais, quelle que soit la force parlementaire des porteurs d'un «avenir en commun», elle devra être épaulée par de fortes mobilisations populaires.
Sans quoi, il sera impossible d'impulser un programme d'urgences -écologique, économique, sociale et démocratique- et d'en finir avec le désenchantement de l'époque.
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[1] Après De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy et Hollande.
Les castors de la presse
Edwy Plenel, tenant vindicatif du vote Macron, écrit ceci sur Facebook :
«Il faut lire cette alarme de l'historien Benjamin Stora à l'adresse de la gauche qui se laisse gagner par l'indifférence au racisme et qui, du coup, ne sait plus dresser de digue solide face à l'extrême droite. C'est une des clés pour comprendre la différence entre 2002 et 2017, et c'est sans doute la nouvelle la plus alarmante, même si, le 7 mai, nous réussissons à éviter le pire».
Passons sur la «nouvelle alarmante». Difficile de croire que le fondateur de Mediapart découvre soudainement, et avec effroi, la présence de l'extrême-droite française à un haut niveau électoral depuis 2002 !
Plus fondamentalement : ce n'est pas la prétendue "indifférence au racisme" qui fait le lit du FN ! Celui-ci prospère depuis tant d'années parce qu'il bénéficie du désarroi et de la désespérance populaires, conséquences -notamment- de la croissance des inégalités sociales, de la persistance d'un chômage de masse, de la pauvreté qui frappe un nombre sans cesse plus élevé de personnes, de la perte de repères générée par une société dérégulée. Et celles-ci sont le résultat direct des politiques néo-libérales menées depuis des décennies, aussi bien par la droite que par la "gauche" (guillemets de circonstance !).
Ce n'est donc pas 15 jours avant un second tour d'élection présidentielle qu'il faut paniquer et sonner le tocsin ! L'extrême-droite doit être combattue 365 jours sur 365, ce qui implique aussi que l'on abandonne toute complaisance vis-à-vis d'elle et toute entreprise de "dédiabolisation". Et là, la presse -celle là même qui passe son temps à invectiver un Jean-Luc Mélenchon !- aurait intérêt à balayer devant sa propre porte !
Si rien ne change, dans 5 ans, il n'y aura plus de «barrage» à construire, Le Pen sera élue dès le premier tour...
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28 avril 2017
Pour les impatients...
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Pour celles et ceux qui en doutaient...
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L'intox du "moindre mal"
5 jours après le premier tour de l'élection présidentielle, l'obsession des médias reste Jean-Luc Mélenchon. Certes, il s'agit de salir et de nuire tant et plus. Mais ils confirment ainsi -à coup sûr involontairement- la place centrale du porte-voix de la France Insoumise dans la politique hexagonale !
Le nouveau cheval de bataille de la caste politico-médiatique est l'appel au vote pour son candidat, Emmanuel Macron. Ou plus exactement le refus de donner une consigne explicite en ce sens ! Un crime de lèse-oligarchie immédiatement amalgamé avec un soutien au FN ! Et l'occasion de continuer à stigmatiser les Insoumis qui refusent de s'aligner docilement derrière la bannière des « importants»...
On assiste ainsi depuis dimanche à une mise en scène hallucinante.
L'électorat est infantilisé. Il est bombardé d'injonctions et de recommandations impératives. Tout se passe comme si les citoyens étaient dénués de capacités réflexives et devaient être accompagnés jusque dans l'isoloir ! Pourtant, ils ont un cerveau au moins aussi développé que les donneurs de leçons d'une certaine presse, et sont donc parfaitement capables de se déterminer de manière autonome.
Rappelons que le corps électoral n'appartient à personne. Ni à Mélenchon ni à ses adversaires. A force de l'oublier et de considérer les électeurs comme des objets passifs et non des sujets actifs, ceux-ci -excédés- pourraient être tentés de voter finalement Le Pen, histoire d'adresser un bras d'honneur au système !
Dans une élection -il est utile de s'en souvenir!- on ne vote pas seulement «contre», on vote surtout «pour». Pour un projet et un programme politiques, pour une conception de la société, pour une vision du monde, pour un avenir souhaité.
Dès lors, lorsqu'il reste deux candidats en lice, pourquoi faudrait-il obligatoirement choisir l'un ou l'autre, par dépit ? Il est tout aussi légitime, en fonction des convictions de chacun(e), de préférer d'autres voies. Et donc aussi de ne soutenir aucun des prétendants à la fonction de monarque de la 5ème république !
Ceux qui prônent l'abstention (ou le vote blanc) renvoient «dos-à-dos Macron et Le Pen » affirment de belles âmes, les mêmes qui ont insulté Jean-Luc Mélenchon pendant des mois, les mêmes qui n'hésitent jamais à mettre dans le même sac la France Insoumise et le FN au nom du slogan foireux des «extrêmes qui se rejoignent», et les mêmes qui affirment que «leurs programmes sont similaires» ! Culotté...
Sauf que les Insoumis ne se contentent pas de discours et combattent de longue date les fascistes sur le terrain et dans les urnes . Si l'extrême-droite n'a pas réussi à atteindre le résultat qu'elle espérait et que lui promettaient certains sondages, c'est grâce au travail de reconquête de l'électorat ouvrier accompli par la France Insoumise et grâce à ses 20 % . Et le 23 avril, c'est Jean-Luc Mélenchon qui a obtenu le plus de suffrages dans la jeunesse, ce qui loin d'être anodin !
C'est le moment de rappeler que 5 années au pouvoir du PS ont débouché sur un gain d'1.200.000 voix pour Le Pen ! Et que son parti n'a cessé de progresser sous les quinquennats de Chirac, Sarkozy et Hollande ! Ceux qui prétendent dresser un barrage aujourd'hui contre le FN sont ceux qui ont contribué à le fortifier, en renforçant les inégalités, en laissant la pauvreté s'installer et le chômage s'envoler !
Le choix serait donc entre la bête immonde et des politiciens qui la nourrissent depuis tant d'années, l'alternative se résumerait à trancher entre le pire et ceux qui fabriquent en permanence ce pire !
Face à ce dilemme, la France Insoumise consulte ses 450.000 partisans conformément à l'engagement pris il y a plusieurs mois. L'objectif n'est pas d'aboutir à une décision contraignante ; il s'agit d'établir un état des lieux sur le positionnement du mouvement.
Il existe 3 options possibles : le bulletin Macron, le vote blanc, l'abstention.
Ma position : il faut éviter de tomber dans le piège tendu par les dominants et leurs affidés. Macron -qui bénéficie d'un large soutien du patronat, des médias, de la droite et du PS!- va l'emporter. Le Pen est utilisée comme repoussoir dans un jeu de rôle bien rôdé. Le but visé ? Le «candidat marcheur» doit obtenir un maximum de voix pour qu'il puisse gagner en légitimité, afin de pouvoir mettre en oeuvre demain une politique conforme aux intérêts du capitalisme financier, une politique autoritaire et austère dans la continuité de ses prédécesseurs, une politique respectueuse des choix ultra-libéraux des instances dirigeantes de l'UE ! Au passage, il s'agit également de jeter le discrédit sur la France Insoumise pour tenter de la briser, car les 7 millions de suffrages du premier tour leur restent en travers de la gorge...
Si j'étais Français, je m'abstiendrais. Car on ne peut vaincre l'extrême-droite en bradant son indépendance et en accrochant son wagon au train fou de l'oligarchie financière !
Maintenant, comme l'ont justement rappelé les porte-parole insoumis, les différentes alternatives proposées sont toutes estimables et défendables. Dès lors, la première priorité à ce stade est d'éviter des fractures internes et de rester groupé. Car dans 12 jours, la page présidentielle sera tournée et une autre bataille électorale sera immédiatement engagée, celle des élections législatives. Il sera alors crucial pour la France Insoumise d'envoyer un maximum de députés à l'Assemblée nationale pour s'opposer aux politiques mortifères qui seront déployées, et pour servir de relais aux inévitables luttes sociales du futur quinquennat.
Le long combat pour l'émancipation humaine a commencé il y a bien longtemps mais il est toujours à continuer...
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Les élections législatives : un défi périlleux
Il ne faut pas tourner autour du pot. Les 11 et 18 juin prochains, rien ne sera simple.
Une élection présidentielle est une élection nationale, avec une campagne centralisée et structurée autour d'un(e) candidat(e). Et pour ce qui concerne la France Insoumise, quel candidat !
Les élections législatives, ce sont des centaines de circonscriptions et des centaines d'affrontements électoraux avec des centaines de candidat(e)s. Même si la volonté est de mener une campagne autour d'un seul programme et de principes identiques, il sera difficile d'éviter les particularités régionales/locales, il sera difficile de ne pas tenir compte de l'existence de fiefs tenus par les partis traditionnels, il sera difficile d'éviter la confrontation avec des baronnies en place. Et puis, le système électoral à deux tours pose toujours la délicate question du report des voix, et donc d'éventuelles «alliances», durables ou de circonstance.
On le voit, les écueils seront nombreux et les excellents scores de Jean-Luc Mélenchon, dans une série de grandes villes et de régions, ne garantissent pas automatiquement un succès aux législatives. Il va falloir batailler âprement, loin de toute euphorie !
A suivre...
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24 avril 2017
Election présidentielle : deuxième réaction, à froid !
Macron : 23,86 %
Le Pen : 21,43 %
Fillon : 19,94 %
Mélenchon : 19,62 %
Hamon : 6,35 %
Dupont-Aignan : 4,73 %
Lasalle : 1,21 %
Poutou : 1,10 %
Asselineau : 0,92 %
Arthaud : 0,65 %
Cheminade : 0,28 %
Tels sont les résultats officiels de l'élection présidentielle française .
Deux conclusions générales pour commencer :
-
Le centre de gravité politique de la France s'est déplacé plus encore vers la droite !
-
Le quinquennat a été sanctionné, mais de manière équivoque. D'une part, le parti gouvernemental est en pleine déroute ; d'autre part Macron triomphe -alors qu'il fut membre du PS et ministre de François Hollande !- et son projet politique ne représente pas une véritable rupture avec celui porté par le président sortant !
Nous aurons donc au second tour -et ce n'est pas une donnée réjouissante!- une confrontation entre la candidate du FN et un candidat très libéral s'appuyant sur un mouvement politique aux contours flous, construit grâce aux appuis financiers d'une fraction importante de l'oligarchie : grands patrons, banquiers ou propriétaires d'empires de presse (à l'échelle de l'Hexagone)...
Le succès de Macron est celui de l'establishment, du «parti des gagnants» et des «belles personnes», de celles et de ceux qui cumulent capital économique et capital culturel. Sa campagne «à l'américaine», centrée sur l'image et la «com» , a relégué au second plan le programme. Histoire sans doute d'occulter son caractère nocif pour le plus grand nombre : incompréhension de l'enjeu écologique, «ubérisation» de la société, démantèlement de l'unicité du code du travail, menaces sur le système des retraites, morale des gagnants basée sur l'enrichissement personnel, poursuite de la construction d'une UE du capital, alignement sur la politique ordo-libérale de Merkel et Juncker...
Les sondages annoncent d'ores et déjà une victoire nette du candidat d' «En Marche » ce qui est effectivement le plus probable vu les soutiens qu'il a dès hier soir obtenus , tant du PS que des Républicains. Et puis, on voit mal dans la conjoncture actuelle une majorité d'électeurs accorder leurs votes à Le Pen.
Le FN, précisément, qualifié lui aussi pour le second tour, mais avec un score inférieur à ses espérances. Certains de ses dirigeants avaient en effet tablé sur un résultat de l'ordre de 30 % ! Néanmoins, 22 %, cela reste énorme et c'est surtout suffisant pour rester dans la course à la présidence.
Ce qui est à noter, c'est l'évolution de la perception de ce parti dans la sphère des faiseurs d'opinion. En 2002, on parlait de séisme ; aujourd'hui, plus grand monde ne sursaute devant l'omniprésence de l'extrême-droite. Voilà des fruits bien amers de la dédiabolisation du FN par la médiacratie installée, voilà une conséquence malsaine du relais complaisant de ses thèmes de prédilection dans les journaux ou à l'antenne ! Cette banalisation a déjà coûté cher et le prix à payer risque d'être plus lourd encore demain. Car les politiques austéritaires qui persisteront dans les prochaines années -avec à la clé l'aggravation des conditions de vie de beaucoup- seront une nouvelle fois du pain bénit pour Le Pen et ses amis !
La droite traditionnelle (LR) et la «gauche de gouvernement» (PS), les véritables piliers de cette 5ème République à bout de souffle, sont toutes deux défaites, avec une ampleur variable.
La droite classique, taraudée par les affaires et des péripéties interlopes à répétition, à l'image de son candidat Fillon, échoue à la troisième place, à 2 % des fascistes. Le coup est rude, et lors de la soirée électorale, d'aucuns commençaient déjà à sortir les couteaux pour régler leurs comptes entre frères d'armes. Pour autant, elle devrait tenter de serrer les rangs pour sauver l'essentiel lors des élections législatives, en s'appuyant sur son « maillage électoral territorial ». Dans le but évident d'être un partenaire incontournable d'une prochaine majorité présidentielle.
Le PS, lui, s'effondre. C'était prévisible. 5 années d'occupation du pouvoir pour mener des politiques trahissant les idéaux et les fondamentaux de «la gauche», cela ne pouvait passer. Les dirigeants sociaux-libéraux ont bien essayé de jouer la carte de l'amnésie pour obtenir l'amnistie, mais en vain. Et puis, après la tragi-comédie des «primaires», les petits meurtres entre amis, les ralliements opportunistes derrière Macron, et un programme bricolé à la hâte, le désastre était impossible à éviter, même avec l'appui (famélique) d'EELV. Il faut remonter à 1969, et aux 5,01 % de Gaston Defferre, pour retrouver une situation aussi catastrophique.
Cette formation à l'agonie peut-elle encore rebondir au mois de juin ? Quelques éléphants du parti, repliés dans leurs fiefs électoraux, peuvent assurément sauver leur mandat. Mais pour faire quoi ? Mettre le pied dans la porte d'une future majorité afin de s'y faufiler à tout prix ? Ce sera certainement le choix d'une partie de l'appareil, avec Valls et consorts. Quant à la «gauche du PS», on doute qu'elle ait actuellement les moyens de peser sur une hypothétique recomposition du «camp progressiste».
Ces mouvements et ces revers multiples des uns et des autres annoncent une période pleine d'incertitudes.
La seule véritable alternative présente dans la bataille de la présidentielle, la France Insoumise, peut nourrir des regrets. Il lui a manqué 800.000 voix pour renverser la table et s'inviter au second tour...
Toutefois, les 7 millions de bulletins de vote portant le nom de Jean-Luc Mélenchon ne constituent pas un résultat anodin. 19,62 %, dans un contexte hostile fait de mensonges diffusés quotidiennement dans les médias, de calomnies et d'accusations grotesques répétitives, de dénigrement systématique, représentent une vraie performance.
Ce vote d'adhésion à un programme énergique, et proposant des solutions pertinentes pour répondre aux grands enjeux de notre époque, est réellement porteur d'espoir pour l'avenir. Un «avenir», qui devra se décliner «en commun», si l'humanité veut sortir des impasses mortifères du capitalisme financier productiviste.
Ce ne sera pas simple, car l'oligarchie a senti le vent du boulet. La réaction euphorique des marchés, tôt ce matin, est très révélatrice à cet égard. La France Insoumise et son porte-parole restent plus que jamais des perturbateurs à écarter.
Dès hier soir, l'offensive décomplexée anti-Mélenchon repartait d'ailleurs avec vigueur, autour de la problématique du «vote républicain», le 7 mai. Le candidat de la rupture avec la monarchie présidentielle étant sommé d'appeler à voter immédiatement pour Macron ! Et déjà de nouvelles accusations hallucinantes concernant une supposée complicité des Insoumis avec le FN ! Pas de doute, les chiens de garde n'arrêteront pas de sitôt d'aboyer et de mordre !
A l'évidence, l'échéance des législatives sera très importante. Et il faudra à nouveau beaucoup de pugnacité pour affronter l'adversité. 577 candidatures dans 577 circonscriptions pour se confronter aux baronnies en place, avec des candidat(e)s parfois inexpérimentés, dans le cadre d'une élection à deux tours (pas de «proportionnelle» comme pour le scrutin européen), voilà un défi qui ne sera pas facile à relever.
Heureusement, les Insoumis ont du caractère ! Ils vont démontrer que déception ne signifie pas résignation...
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23 avril 2017
Election présidentielle : première réaction, à chaud !
A partir du moment où il n'y a pas victoire, il y a déception !
Eu égard l'excellente campagne de la France Insoumise et sa dynamique propulsive, l'espoir était devenu réel. Mais, même si le bonheur électoral n'est pas au rendez-vous, il convient d'analyser ce résultat de manière lucide. Pour gagner, il eût fallu passer par un « trou de souris», comme l'a souvent répété Jean-Luc Mélenchon. Cela ne s'est pas produit cette fois...
Néanmoins, ce qui a été engrangé pèsera. Et cela comptera pour l'indispensable mobilisation dans les prochains jours, car une autre échéance électorale est déjà en vue, celle des élections législatives (11-18 juin) !
On ne peut se contenter de la formule laconique de François Mitterrand -«la France, ce vieux pays de droite»- pour comprendre les résultats du jour. Le recul du «camp progressiste» est tel qu'il interpelle.
En 2012, EELV+NPA+LO+PS+FDG avaient atteint 43,75 % au premier tour. Ce 23 avril, NPA+LO+PS+FI vont réaliser un score de l'ordre de 28 % ! Un recul considérable, principalement occasionné par l'effondrement du PS. Qui paie ainsi la facture du médiocre quinquennat de François Hollande, lequel a persisté à mettre en oeuvre une politique de droite, au service des intérêts du monde de la finance !
Problème : la «gauche de gouvernement» n'est pas la seule a être la victime de cette obstination social-libérale. Toutes les «gauches», même celles qui ont combattu les politiques de régression sociale et les reculs démocratiques de ces 5 dernières années, ont été pénalisées. Car les citoyens n'opèrent pas toujours des distinctions subtiles entre les unes et les autres.
Le paquebot gouvernemental a donc coulé en emportant avec lui beaucoup de monde. Les victimes collatérales de la désintégration du PS sont nombreuses. La France Insoumise et Jean-Luc Mélenchon n'ont pu redresser totalement une situation compromise de longue date.
Le désarroi du peuple après tant d'années de déceptions, la désorientation générale qui découle de crises multiples, la désarticulation de la société, voilà des handicaps. énormes qui n'ont pu être surmontés. Et ce, dans un contexte traditionnel de domination de l'idéologie dominante, de la colonisation des imaginaires par les «représentations du monde» des puissants, de lourdes tendances au repli sur la sphère privée et de désintérêt pour la «chose publique».
Si l'on ajoute que toute tentative de présenter une alternative se heurte à l'hostilité agissante des principaux médias, qui désinforment tant et plus et orchestrent des campagnes de dénigrement (qui ont atteint un niveau d'abjection sans précédent), l'on comprendra qu'il n'est guère simple de gagner l'adhésion du plus grand nombre.
Certes tout cela n'épuise pas la question. Aucune explication ne peut effacer le fait du moment présent : le suffrage universel a rendu son verdict et les composantes populaires décidées à opter pour le changement ne sont pas encore majoritaires ! Il va donc falloir poursuivre le travail de conviction, sans relâche.
Ce qui a été construit autour de la France Insoumise pendant 14 mois est toutefois une bonne base pour mener à son terme cette entreprise ardue.
En effet, un premier cap a été atteint, les lignes ont commencé à bouger, les Insoumis ont gagné en crédibilité et représentent une force qui ne peut être ignorée.
Dès lors, les élections législatives du mois de juin constitueront une opportunité pour consolider les acquis de cette mémorable campagne présidentielle.
Tout ne prend pas fin aujourd'hui. Au contraire, tout commence. Enfin, presque...
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Et maintenant ?
Ce sera donc Macron contre Le Pen, le candidat de la finance et de la presse, contre la fasciste. Avec une probable victoire du premier dans deux semaines. Qui ne règlera pas tout, loin s'en faut. Car un président a besoin d'une majorité parlementaire. Les grandes manoeuvres politiciennes vont commencer. Pour le peuple, cela n'augure rien de bon. Après l'épreuve des législatives, des confrontations sociales seront inévitables...
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