04 février 2020
Orwell, 1903-1950 (III)
ORWELL
DANS
LE
TEXTE (2)
[George Orwell, Tels, tels étaient nos plaisirs et autres essais (1944-1949), Editions Ivrea, Paris, 2005]
Les seules autobiographies dignes de foi sont celles qui dévoilent quelque chose de honteux (p.7)
… un artiste est aussi un citoyen et un être humain (p.15)
… c’est une politique contestable que d’interdire quoi que ce soit (p.15)
Si, en définitive, on se range du côté de la police plutôt que celui des gangsters, c’est simplement parce qu’elle est mieux organisée et plus puissante, parce que la loi est un racket plus lucratif que le crime. La force prime le droit : vae victis (p.31)
… la police emploie des méthodes fondamentalement criminelles (p.34)
La vérité est, bien sûr, que les innombrables intellectuels anglais qui baisent le cul de Staline ne sont pas différents de la minorité qui fait allégeance à Hitler ou Mussolini… (p.37-38)
Les gens vénèrent le pouvoir sous la forme qu’ils sont capables de comprendre (p.40)
La grande faute de la quasi-totalité des auteurs de gauche est d’avoir voulu être antifascistes sans être en même temps antitotalitaires (p.45)
… le dilemme bien connu de la fin et des moyens. On n’arrive à rien si l’on n’est pas résolu à faire usage de la force et de la ruse, mais on dénature ainsi les buts qu’on s’était fixés (p.47)
… les procès de la vieille garde bolchévique étaient bien des mascarades (p.49)
Lénine conduit à Staline, et il aurait fini par ressembler à Staline s’il avait vécu plus longtemps (p.52)
Depuis 1930 environ, le monde ne nous a guère fourni d’occasions d’être optimistes. On ne voit rien venir, si ce n’est un amas chaotique de mensonges, de haine, de barbarie et d’ignorance, et derrière nos misères actuelles se profilent d’autres misères, encore plus terribles, qui commencent seulement à être perçues par la conscience européenne. Il est fort possible que les problèmes majeurs de l’humanité ne soient jamais résolus (p.56)
Toutes les révolutions sont des échecs mais il y a différentes sortes d’échecs (p.58)
Il ne faut pas confondre nationalisme et patriotisme (p.60)
Le principal objectif de la propagande est naturellement de façonner l’opinion du moment, mais ceux qui réécrivent l’histoire sont sans doute eux-mêmes persuadés, dans un recoin de leur esprit, qu’ils modifient effectivement le passé en y introduisant des faits à leur convenance. Quand on voit jusqu’à quel raffinement on a poussé la falsification pour occulter le rôle de Trotski dans la guerre civile russe, on ne peut s’empêcher de penser qu’il ne s’agit pas pour les responsables d’un simple mensonge (p.73)
… dans le monde moderne il n’est personne qui mérite le nom d’intellectuel, et qui puisse se tenir à l’écart de la politique, c’est-à-dire s’en désintéresser. Je pense que chacun doit participer à la vie politique -au sens large du terme- et prendre parti, c’est-à-dire comprendre qu’il est des causes qui sont objectivement meilleures que d’autres, même si les moyens utilisés pour les défendre sont tout aussi mauvais (p.87)
Alors même qu’elle va probablement nous réduire tous à néant dans les cinq années à venir, la bombe atomique n’a pas suscité autant de débats que l’on aurait pu le croire (p.109)
Une arme complexe renforce le pouvoir des puissants, alors qu’une arme simple permet aux plus faibles -aussi longtemps qu’elle est sans réplique- de se défendre bec et ongles (p.110)
… chaque progrès de la technique militaire a favorisé l’Etat au détriment de l’individu et les pays industrialisés au détriment des pays arriérés. Ceux qui détiennent la puissance sont de moins en moins nombreux (p.111)
Cependant, si l’on considère le monde dans sa totalité, on constate que, depuis plusieurs décennies, la tendance n’est pas à l’anarchie, mais au rétablissement de l’esclavage (p.113)
De nos jours, l’idée de liberté intellectuelle est combattue de deux façons à la fois. De façon théorique par les apologistes du totalitarisme, et de façon pratique, directe, par le monopole et la bureaucratie. Tout écrivain ou journaliste qui cherche à préserver son intégrité voit ses efforts mis en échec, moins par des persécutions actives que par la dérive générale de la société. Travaillent contre lui la concentration de la presse entre les mains de quelques milliardaires, l’emprise du monopole sur la radio et le cinéma, les réticences du grand public à dépenser de l’argent pour acheter des livres, ce qui oblige la quasi-totalité des écrivains à compléter leurs revenus par des travaux mercenaires… (p.115)
La liberté intellectuelle signifie la liberté de rendre compte de ce que l’on a vu, entendu et ressenti, sans être contraint d’inventer des faits ou des sentiments imaginaires (p.116)
L’argument selon lequel dire la vérité serait ‘’inopportun’’ et ‘’ferait le jeu’’ de tel ou tel est considéré comme sans réplique, et rares sont ceux qu’inquiète la perspective de voir les mensonges qu’ils cautionnent passer des journaux aux livres d’histoire (p.120)
Pour la mentalité totalitaire, l’histoire n’est pas quelque chose qu’il s’agit de connaître mais plutôt de fabriquer. Un Etat totalitaire est en fait une théocratie, et sa caste dirigeante doit, pour conserver son pouvoir, passer pour infaillible. Et puisque, dans la pratique, personne n’est infaillible, il est fréquemment nécessaire de réadapter les événements passés afin de montrer que telle ou telle faute n’a pas été commise, ou que tel ou tel triomphe imaginaire a réellement eu lieu. De même, chaque changement d’orientation politique majeur nécessite un changement doctrinal correspondant à une réévaluation des grandes figures historiques (…) En fait, le totalitarisme exige la réécriture continue du passé et probablement, à plus ou moins longue échéance, le rejet de l’idée même de vérité objective (p.121)
C’est au point de confluence de la littérature et de la politique que le totalitarisme exerce la plus forte pression sur les intellectuels (p.122)
La littérature véritablement apolitique n’existe pas, et moins encore dans une époque comme la nôtre, où les craintes, les haines et les sympathies de nature directement politique viennent à tout moment occuper l’esprit de chacun (p.123-124)
Cependant, le totalitarisme ne promet pas tant une époque de foi qu’une époque de schizophrénie. Une société devient totalitaire quand sa structure devient manifestement artificielle, c’est-à-dire lorsque sa classe dominante ne remplit aucune fonction mais parvient à s’accrocher au pouvoir par la force ou par la fraude (p.125-126)
Mais il n’est pas indispensable, pour être corrompu par le totalitarisme, de vivre dans un pays totalitaire (p.126)
On trouvera bien un jour quelque procédé ingénieux pour écrire des livres à l’aide de machines (p.129)
L’attaque directe et consciente contre l’honnêteté intellectuelle est le fait des intellectuels eux-mêmes (p.131)
… toute attaque contre la liberté intellectuelle et contre la notion de vérité objective menace à long terme tous les secteurs de la pensée (p.132)
… la littérature est condamnée si la liberté de pensée disparaît (p.133)
… un esprit vendu est un esprit perdu (p.133)
… l’imagination (…) ne se reproduit pas en captivité (p.133)
L’homme a besoin, de chaleur, de vie sociale, de loisirs, de confort et de sécurité : il a aussi besoin de solitude, de travail créatif et du sens du merveilleux (p.139)
Les discours et les écrits politiques sont aujourd’hui pour l’essentiel une défense de l’indéfendable. Des faits tels que le maintien de la domination britannique en Inde, les purges et les déportations en Russie, le largage de bombes atomiques sur le Japon peuvent sans doute être défendus, mais seulement à l’aide d’arguments d’une brutalité insupportable à la plupart des gens, et qui ne cadrent pas avec les buts affichés par les partis. Le langage politique doit donc principalement consister en euphémismes, pétitions de principe et imprécisions nébuleuses (p.154)
Le principal ennemi du langage clair, c’est l’hypocrisie (…). Tous les problèmes sont des problèmes politiques, et la politique elle-même n’est qu’un amas de mensonges, de faux-fuyants, de sottise, de haine et de schizophrénie. Quand l’atmosphère générale est mauvaise, le langage ne saurait rester indemne (…). Mais si la pensée corrompt le langage, le langage peut aussi corrompre la pensée (p.155)
Ce qui importe avant tout, c’est que le sens gouverne le choix des mots, et non l’inverse (p.158)
Le langage politique -et, avec quelques variantes, cela s’applique à tous les partis politiques, des conservateurs aux anarchistes- a pour fonction de rendre le mensonge crédible et le meurtre respectable, et de donner à ce qui n’est que du vent une apparence de consistance (p.160)
En fin de compte, la seule démonstration du mérite littéraire d’une œuvre est sa survie, qui ne fait elle-même qu’indiquer l’opinion de la majorité (p.210)
Quand on a lu ne serait-ce qu’une fois Shakespeare attentivement, on ne passe pratiquement plus un seul jour sans le citer, car il n’y a guère de sujets importants qu’il n’aborde ou du moins ne mentionne quelque part, à sa façon peu méthodique mais éclairante (p.224)
15:35 Publié dans Littérature, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
Orwell, 1903-1950 (II)
ORWELL
DANS
LE
TEXTE (1)
[George Orwell, Dans le ventre de la baleine et autre essais (1931-1943), Editions Ivréa, Paris, 2005]
Ce à quoi je me suis le plus attaché au cours de ces dix dernières années, c'est à faire de l'écriture politique un art à part entière (p.16)
La Ferme des Animaux est le premier livre où je me suis, en pleine connaissance de cause, efforcé de fondre en un même projet l'art et la politique (p.18)
... Ia sale besogne qui est celle de l'empire (p.25)
Lorsque l'homme blanc devient un tyran, c'est sa propre liberté qu'il détruit (p.33)
... Ies gens aujourd'hui emprisonnés ne sont pas des fascistes, mais des révolutionnaires. Ils sont Ià non parce que leurs opinions sont trop à droite, mais parce qu'elles sont trop à gauche (p.39)
La vraie lutte se déroule entre la révolution et la contre-révolution ; entre les ouvriers qui essaient désespérément de préserver un peu de ce qu'ils ont conquis en 1936 et la coalition libéralo-communiste qui réussit si bien à le leur reprendre (...) le communisme est aujourd'hui une force contre- révolutionnaire (p.39)
... l'ère de la liberté de parole s'achève (p.49)
Bien évidemment, un romancier n'est pas obligé, quand il écrit, de prendre directement pour thème l’histoire contemporaine ; mais un romancier qui se désintéresse totalement des grands événements de son temps est généralement ou bien un gribouille ou bien un imbécile pur et simple (p.129)
Aucun livre n'est jamais totalement innocent. Qu'il s’agisse de vers ou de prose, on y discerne toujours une orientation, même si celle-ci ne s'exprime que dans la forme ou dans le choix de l'image (p.147)
Les gens qui ont le ventre vide ne désespèrent jamais de l'univers -ils ont bien autre chose à faire qu’à se soucier de l’univers (p.153)
Il est à peu près certain que nous entrons dans une ère de dictatures totalitaires -une ère où la liberté de pensée commencera par être un péché mortel, avant de devenir une simple abstraction vidée de tout sens. L'individu autonome est appelé à disparaître (p.178)
Le monde qui nous attend n’est pas un monde pour les écrivains (p.179)
... toute grande littérature est impossible tant que le monde n'aura pas été reconstruit sur de nouvelles bases (p.181)
Il n’y a pas de troisième voie entre résister à Hitler ou capituler devant lui ; et d'un point de vue socialiste, je puis dire qu'il est préférable de résister (p.188)
Par conviction personnelle, je suis résolument "de gauche", mais je crois que pour préserver son intégrité un écrivain doit rester libre de toute attache partisane (p.191)
Il est impossible de rien comprendre au monde moderne si l'on admet pas la terrifiante puissance du patriotisme, de la loyauté nationale (p.198)
La division du monde en nations repose sur d'authentiques différences de mentalité (...) il suffit d’ouvrir les yeux pour se rendre compte que le comportement humain moyen varie énormément d'un pays à l'autre (p.199)
La culture authentiquement populaire de l'Angleterre mène une existence souterraine, clandestine, officieuse et plus ou moins réprouvée par les autorités (p.203)
... l’aversion anglaise pour la guerre et le militarisme. Cette aversion, qui a de profondes racines historiques, est aussi présente dans la petite bourgeoisie que dans Ia classe ouvrière (p.205)
Le système électoral anglais, par exemple, est une escroquerie caractérisée. Il est truqué de dix façons différentes au profit de la classe possédante (...) L'hypocrisie elle-même joue le rôle d'un puissant garde-fou (p.210)
... la classe ouvrière britannique n'a jamais pensé ou agi en adoptant un point de vue internationaliste (p.212)
Le patriotisme est un sentiment quasi universel (p.214)
... un lien invisible enserre la nation et la tient rassemblée (p.217)
Il est indéniable que n'importe quel riche, sauf s'il est juif, à moins à redouter du fascisme que du communisme ou du socialisme démocratique (p.224)
Patriotisme et intelligence devront être réconciliés (p.230)
Cette guerre, si nous ne la perdons pas, abolira la majeure partie des privilèges de classe qui subsistent encore (p.233)
Le socialisme se propose, comme but ultime, la création d'un Etat mondial où les hommes seraient libres et égaux, tenant pour acquis que les hommes sont égaux en droit. Le nazisme veut exactement le contraire (p.238)
Une révolution, cela ne veut pas dire des drapeaux rouges et des barricades dans les rues, mais une refonte totale de l'exercice du pouvoir (p.247)
La guerre et la révolution sont indissociables (p.254)
L'initiative doit venir d'en bas. Ce qui implique le surgissement de quelque chose qui n'a jamais existé en Angleterre, à savoir un mouvement socialiste activement soutenu par la grande masse de Ia population (p.254)
... se montrer à la fois révolutionnaire et réaliste (p.260)
Aucun programme politique n'est jamais intégralement réalisé (...) C'est toujours la direction qui compte, le but visé (p.270)
Ce sont les mouvements qui suscitent les leaders, et non l'inverse (p.271)
Les nations n’échappent pas à leur passé par la seule magie d'une révolution (p.272)
Le patriotisme n'a rien à voir avec le conservatisme (...) aucun révolutionnaire authentique n'a jamais été internationaliste (p.274)
Chacun croit aux atrocités ennemies et refuse de croire à celles de son camp, sans même prendre la peine d'examiner les faits (p.292)
La notion même de vérité objective est en train de disparaître de notre monde (p.306)
Un monde de cauchemar dans lequel le chef, de n'importe quelle clique au pouvoir, contrôle non seulement l'avenir mais aussi le passé (p.308)
11:27 Publié dans Littérature, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
21 janvier 2020
Orwell, 1903-1950 (I)
‘’Orwell est, avec Kafka, l’un des rares écrivains du XXème siècle dont le nom est passé dans la langage courant, comme Balzac au XIXème siècle’’ [1]
‘’Tout ce que j’ai écrit d’important depuis 1936, chaque mot, chaque ligne, a été écrit directement ou indirectement, contre le totalitarisme et pour le socialisme démocratique tel que je le conçois’’ [2]
Le 21 janvier 1950, il y a 70 ans, disparaissait George Orwell, écrivain politique, homme de gauche, adversaire résolu des dictatures nazie et stalinienne.
Ni courtisan, ni compagnon de route du ‘’communisme soviétique’’, ni porte-parole d’une cause, libre de toute obédience partisane, ennemi de la langue de bois et d’une franchise parfois brutale, Orwell dérangeait les ‘’intellectuels’’ aveuglés par l’un ou l’autre ‘’camp’’, les politiciens prêts à toutes les compromissions et des journalistes déjà dépendants de la puissance de l’argent.
Son décès -à l’âge de 46 ans !- fut donc très peu commenté et eut peu d’écho dans la presse de l’époque.
Romancier, journaliste, essayiste, il laissait pourtant une œuvre dense, pour un homme à la santé fragile n’hésitant pas à ‘’faire’’ et à entrer en ‘’immersion’’ dans le monde réel ‘’d’en bas’’ : 9 livres, d’innombrables essais, critiques littéraires et articles commentant l’actualité de son temps…
Et quel ‘’temps’’ ! Celui de la première moitié du XXème siècle, celui du fascisme et du stalinisme triomphants, celui des deux guerres mondiales et de leurs dizaines de millions de cadavres, celui d’Auschwitz et d’Hiroshima/Nagasaki, celui du début de la guerre froide et de la course aux armements (nucléaires) !
C’est peu dire que ces événements tumultueux, et sa trajectoire de vie mouvementée à leur contact, nourrirent directement ses romans et ses écrits.
Policier en Birmanie au service de l’Empire britannique, sans le sou en France et vagabond dans son propre pays, enquêteur sur les conditions d’exploitation de la classe ouvrière du Nord de l’Angleterre, combattant ‘’antifasciste’’ en Espagne, producteur et chroniqueur à la BBC durant le second conflit planétaire (1941-1943), et… cependant écrivain prolixe !
La publication de sa production littéraire rencontra maintes difficultés de son vivant et lui rapporta peu : ni la consécration, ni la fortune. Et il dut attendre la publication de ‘’La Ferme des Animaux’’ à la fin de la seconde conflagration mondiale pour enfin bénéficier d’une situation financière un peu plus aisée !
Il s’empressa alors de terminer son roman le plus connu, ‘’1984’’, quelques mois avant que la tuberculose ne l’emporte.
Il n’eut donc jamais vraiment l’occasion de vérifier la portée et la réception internationales de son œuvre, une œuvre qui n’a cessé de gagner en popularité au fil du temps.
Certes, Orwell n’était pas un prophète ou un Nostradamus buvant du thé ! Sa conception d’une société ‘’totalitaire’’ reposait sur sa connaissance et son expérience de la société ‘’réellement existante’’ des années vingt, trente et quarante du siècle dernier, sources directes de son ‘’inspiration’’ littéraire.
Or, sa description d’un système reposant sur le contrôle total de la population, où le langage est en permanence transformé et vidé de toute signification, où l’histoire est constamment revue et rectifiée, où le mensonge est institutionnalisé, a aujourd’hui une puissance évocatrice inégalée.
Car nous vivons dans le monde de la ‘’révolution numérique’’, un monde où les espaces -public et privé- sont envahis par les ‘’terminaux’’, un monde où il devient périlleux de s’émanciper du net et des ‘’réseaux sociaux’’, un monde où les caméras prolifèrent partout et où la surveillance généralisée s’intensifie, un monde où les ‘’infofausses’’ (les ‘’fake news’’, particulièrement prisées par un Donald Trump, président de la première puissance planétaire !) entretiennent quotidiennement confusion et manipulation !
Dès lors, c’est bel et bien notre présent qui actualise sans cesse ce livre daté et qui continue à lui assurer un retentissement énorme.
‘’1984’’, et ‘’La Ferme des Animaux’’ qui le préfigure, continuent donc d'être publiés et republiés, lus et discutés, abondamment.
Signe de l’intérêt persistant de ces textes, décidément incontournables : les ‘’traductions nouvelles’’, les ‘’éditions commentées’’, les ‘’analyses érudites’’ qui se multiplient. [3]
Je reviendrai dans les prochaines semaines sur la vie, la personnalité, l’action, la pensée et les ‘’monuments’’ littéraires de George Orwell.
@
[1] Adrien Jaulmes, Sur les traces de George Orwell, Paris, Editions des Equateurs, 2019, page 145.
[2] George Orwell, Essais, articles, lettres - volume 1, Paris, Ivréa, 1995, page 25.
[3] Ainsi, en 2018, Gallimard a publié une nouvelle édition de 1984 avec une traduction réalisée par Josée Kamoun, qui a fait le choix d’un récit au présent alors que la version originale était écrite au passé ! La fameuse ‘’novlangue’’ devient le ‘’néoparler’’, ‘’l’Angsoc’’ devient le ‘’Sociang’’, la ‘’police de la pensée’’ devient la ‘’mentopolice’’ et le ‘’crime de la pensée’’ devient ‘’mentocrime’’. Voir à ce sujet : Thierry Discepolo, L’art de détourner George Orwell, Le Monde Diplomatique, juillet 2019.
Concernant La Ferme des Animaux, notons la version que vient de publier Larousse dans sa collection ‘’Petits Classiques’’ (traduction Etienne Leyris).
Bibliographie
GEORGE ORWELL
A ma guise, chroniques 1943-1947, Marseille, Agone, 2008
Chroniques du temps de guerre (1941-1943), Paris, Ivréa, 1988
Dans le ventre de la baleine, et autres essais (1931-1943), Paris, Ivréa, 2005
Ecrits politiques (1928-1949), Marseille, Agone, 2009
Essais, articles, lettres (4 volumes), Paris, Ivréa, 1995-2001
Tels étaient nos plaisirs et autres essais (1944-1949), Paris, Ivréa, 2005
Une vie en lettres, correspondance (1903-1950), Marseille, Agone, 2014
Une histoire birmane, Paris, Ivréa, 1996
Dans la dèche à Paris et à Londres, Paris, 10/18, 2010
Une fille de pasteur, Paris, LGF-Livre de poche, 2008
Le Quai de Wigan, Paris, Ivréa, 1995
Et vive l’Aspidistra, Paris, 10/18, 2000
Un peu d’air frais, Paris, 10/18, 2010
Hommage à la Catalogne, Paris, 10/18, 2000
La Ferme des Animaux, Paris, Gallimard (‘’Folioplus classiques’’), 2010
1984 (traduction Amélie Audiberti), Paris, Gallimard (‘’Folioplus classiques’’), 2015
1984 (traduction Josée Kamoun), Paris, Gallimard, 2018
SUR ET AUTOUR DE GEORGE ORWELL
AGONE (Revue), Orwell, entre littérature et politique, Marseille, N°45, 2011
BEGOUT Bruce, De la décence ordinaire, Paris, Allia, 2019
BRUNE François, Sous le soleil de Big Brother, Paris, L’Harmattan, 2000
CHRISTIN Pierre, VERDIER Sébastien, Orwell, Paris, Dargaud, 2019 [‘’Roman graphique’’, avec la participation d’André Juillard, Olivier Balez, Manu Larcenet, Blutch, Juanjo Guarnido, Enki Bilal]
CONANT James, Orwell ou le pouvoir de la vérité, Marseille, Agone, 2012
CRICK Bernard, George Orwell, une vie, Paris, Flammarion, 2008
CRITIQUE COMMUNISTE (Revue), 1984, N°32, 1984
DURAND-LE GUERN Isabelle, Le roman de la révolution. L’écriture romanesque des révolutions de Victor Hugo à George Orwell, Presses Universitaires de Rennes, 2012
GENSANE Bernard, George Orwell, vie et écriture, Presses Universitaires de Nancy, 1994
GILL Louis, George Orwell, de la guerre civile espagnole à 1984, Montréal, Lux, 2011
HITCHENS Christopher, Dans la tête d’Orwell, Paris, Editions Saint Simon, 2019
JAULMES Adrien, Sur les traces de George Orwell, Paris, Editions des Equateurs, 2019
KENNEL-RENAUD Elisabeth, Etude sur La Ferme des Animaux, Paris, Ellipses, 2008
LEMEUNIER Aude, 1984, George Orwell, Paris, Hatier (‘’Profil d’une œuvre’’), 2004
LEYS Simon, Orwell ou l’horreur de la politique, Paris, Plon, 2006
LE GENRE HUMAIN (Revue), 1984 ?, N°9, Automne-Hiver 1983-1984, Bruxelles, Complexe
LE MAGAZINE LITTERAIRE (Revue), George Orwell, 1984, hier et demain, N°202, Décembre 1983
LE MAGAZINE LITTERAIRE (Revue), Orwell, écrivain et prophète politique, N°492, Décembre 2009
MALTERE Stéphane, George Orwell, Paris, Folio (‘’Biographie’’), 2015
MARTIN Jean-Pierre, L’autre vie d’Orwell, Paris, Gallimard, 2013
MICHEA Jean-Claude, Orwell, anarchiste tory, Paris, Climats, 2000
MICHEA Jean-Claude, Orwell éducateur, Paris, Climats, 2003
NEWSINGER John, La politique selon Orwell, Marseille, Agone, 2006
REGARD Frédéric, 1984 de George Orwell, Paris, Folio, 1994
SPURLING Hilary, Sonia Orwell, un portrait, Paris, Seuil, 2003
WILLIAMS Raymond, Orwell, Paris, Seghers, 1972
00:05 Publié dans Littérature, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |