20 janvier 2018
A paraître (1)
Vie de Karl Marx, coffret, 50 €
Collection : « Utopie Critique »
Auteur-e : Franz Mehring
Parution : Mars 2018
Pages : 2 tomes (792 et 756 pages)
Format : 160 x 240
ISBN : 978-2-84950-660-8
Édition traduite, annotée et commentée par Gérard Bloch
Préface de Jean-Numa Ducange
Présentation des éditeurs
À l’occasion du 200e anniversaire de la naissance de Marx (1818-1883), la célèbre biographie écrite par Franz Mehring, et publiée en allemand en 1918, paraît dans une édition entièrement retraduite, enrichie d’un ample appareil critique et d’études complémentaires, ainsi que d’une biographie politique de son auteur.
Ce n’est qu’en 1983 que l’ouvrage a été traduit en français et publié pour la première fois. Mais la traduction, l’avant-propos de Jean Mortier portent l’empreinte du recyclage de Marx par l’idéologie stalinienne.
Cette première traduction française comportait 600 pages, la nouvelle, commentée et annotée par Gérard Bloch en occupe près de 1 600, réparties en 2 volumes dans un coffret.
Pas de quoi effrayer les lecteurs et les lectrices. En effet, la vivacité de l’œuvre de Franz Mehring est entretenue par Gérard Bloch qui nous fait découvrir de nouveaux paysages en éclairant ceux peints par Mehring.
Il partage avec Mehring la vaste connaissance du parcours de Marx et possède une vue plus complète des écrits de ce dernier, soit ceux publiés après 1918.
Il combine exactitude et érudition en donnant accès dans ses notes aux textes originaux de Marx auxquels Mehring ne fait qu’allusion.
Il accompagne avec pédagogie les lecteurs et les lectrices sur les tracés allant de Marx et Engels à Mehring et aux débats politiques de l’époque, dont plus d’un s’inscrivent dans les temps présents.
Coéditée par Page 2 (Lausanne) et Syllepse (Paris), l'œuvre magistrale de Mehring est désormais disponible dans une édition française, complètement nouvelle et augmentée.
00:43 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
11 janvier 2018
Marx (et Engels) : que lire ?
BIBLIOGRAPHIE
La priorité reste la lecture de Marx et Engels dans le texte.
Mais il n'existe pas en français d' «oeuvres complètes» de leurs écrits.
Toutefois, leurs principaux textes sont disponibles, même s'ils ont été publiés de manière dispersée par de multiples maisons d'édition, dans des traductions différentes, souvent sources de querelles entre «spécialistes» !
Ainsi, de 1924 à 1954, les Editions Alfred Costes ont publié, en plusieurs séries, 56 volumes des « oeuvres complètes » de Marx, traduites par J. Molitor. Sauf que cette édition est en fait incomplète et qu'elle n'est pas dénuée d'inconvénients : traductions parfois expéditives, absence d'un appareil scientifique, ... A cet ensemble s'ajoutent 6 volumes des oeuvres d'Engels publiés entre 1931 et 1936.
De son côté, le «marxologue» Maximilien Rubel - décédé en 1996- a supervisé l'édition des oeuvres de Karl Marx dans la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade, chez Gallimard. 4 tomes sont parus : «Economie I», 1963 ; «Economie II», 1968 ; «Philosophie», 1982 ; et «Politique I», 1994.
Ce sont finalement les Editions Sociales qui ont proposé les textes les plus importants de Marx-Engels, dans de bonnes traductions, accompagnés de fort utiles «appareils critiques». Fruit d'un long travail, entrepris dès la constitution de la Librairie de l'Humanité, après 1920, et prolongé grâce à l'initiative du Bureau d'Edition (1925) et des Editions Sociales Internationales (1927) -contrôlées par l'Internationale Communiste- dans l'avant-guerre. Après la libération, les Editions Sociales sont devenues la principale maison d'édition du PCF. En faillite début des années 90, elles sont alors relancées par une équipe qui crée les Editions La Dispute (1997), en toute indépendance par rapport au parti. Celle-ci va notamment porter un projet d'édition scientifique des oeuvres de Marx et Engels : La Grande Edition de Marx et d'Engels, ou GEME.
Pour le reste, une multitude d'écrits de Marx et d'Engels sont repris au catalogue de diverses maisons d'édition : PUF, Aubier Montaigne, UGE-10/18 (Christian Bourgois), Maspéro, Gallimard (Folio), Garnier-Flammarion, Livre de Poche, Bordas, Champ Libre, Agone, ... Sans oublier, naturellement, les éditions en langues étrangères, et donc aussi en français, publiées à Moscou (à l'époque de l'URSS) ou à Pékin.
Impossible de reprendre ici dans le détail ce foisonnement d'éditions. J'aurai de toute façon l'occasion de revenir sur ces aspects bibliographiques tout au long de cette année du bicentenaire.
Je me contenterai, par conséquent, d'une sélection des principaux textes publiés par les (anciennes) Editions Sociales :
MARX
Critique du droit politique hégélien (1975)
Manuscrits de 1844 (1972)
Misère de la philosophie (1972)
Travail salarié et capital (1972)
Manuscrits de 1857-1858 [Grundrisse] (1980)
Contribution à la critique de l'économie politique (1969)
Manuscrits de 1861-1863 (1979)
Salaire, prix et profit (1969)
Le Capital, Livres 1, 2 et 3 [8 volumes] (1973-1974)
[Le Livre 1 est la traduction française de Roy entièrement revue par Marx]
Le Capital, Livre 1 [traduction de la 4ème édition allemande, éd. J-P Lefebvre] (1983)
Théories sur la plus-value [«Livre 4» du Capital, publié par Karl Kautsky après la mort de Friedrich Engels] (1974)
La guerre civile en France (1972)
ENGELS
La situation de la classe laborieuse en Angleterre (1975)
L'Anti-Dürhing (1973)
Dialectique de la nature (1975)
L'origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat (1972)
La guerre des paysans en Allemagne (1974)
La question du logement (1969)
MARX-ENGELS
La Sainte Famille (1972)
L'idéologie allemande (1976)
Le Manifeste du Parti Communiste (1971)
La Nouvelle Gazette Rhénane [recueil de 3 volumes], (1969-1971)
Sur la religion [textes choisis], ((1972)
Sur la littérature et l'art [textes choisis], (1954)
Correspondance, 12 tomes, Novembre 1835-Octobre 1874, (1971-1989) [15 tomes étaient prévus, mais la chute du Mur -les livres étaient imprimés en RDA!-, le déclin du PCF et la déconfiture de la maison d'édition ont interrompu cette publication. La GEME devrait faire paraître prochainement un tome 13]
*****
On pourrait remplir des bibliothèques entières avec les livres et les publications qui ont été consacrés à Marx, Engels ou au «marxisme» ! Impossible de les connaître ni de les lire tous, même si l'on se limite à ceux qui ont été publiés en français ! La liste qui suit est donc sélective et arbitraire, mais elle reprend néanmoins de nombreux ouvrages difficilement contournables pour tout qui veut en savoir (beaucoup) plus sur l'auteur du Capital...
J'ai ajouté un * à côté des références que j'estime les plus intéressantes et les plus importantes.
ACTON H.B., Ce que Marx a vraiment dit, Marabout Université, Verviers, 1973
ALTHUSSER Louis, Pour Marx, Maspero, Paris, 1965 *
ALTHUSSER Louis/BALIBAR Etienne, Lire Le Capital, Maspéro, Paris, 1973
ANDERSON Kevin B., Marx aux antipodes, Syllepse, Paris, 2015 *
ANDREAS Bert, Le manifeste communiste de Marx et Engels. Histoire et bibliographie, 1948-1918, Feltrinelli, Milan, 1963 *
ARTOUS Antoine, Marx, l'Etat et la politique, Syllepse, Paris, 1999
ASSOUN Paul-Laurent, Marx et la répétition historique, PUF, Paris, 1978
AXELOS Kostas, Marx penseur de la technique, UGE-10/18, Paris, 1974
BARBIER Maurice, La pensée politique de Karl Marx, L'Harmattan, Paris, 1992 *
BENOIST Jean-Marie, Marx est mort, Gallimard, Paris, 1970
BENSAID Daniel, Marx l'intempestif, Fayard, Paris, 1995 *
BENSAID Daniel, Karl Marx, les hiéroglyphes de la modernité, Textuel, Paris, 2001 *
BENSAID Daniel, Marx, mode d'emploi, La Découverte (Zones), Paris, 2009 *
BERLIN Isaiah, Karl Marx, sa vie, son oeuvre, Gallimard, Paris, 1962
BIHR Alain, La logique méconnue du « Capital », Ed. Page Deux, Lausanne, 2010
BLUMENBERG Werner, Marx, Mercure de France, Paris, 1967 *
BALIBAR Etienne, La philosophie de Marx, La Découverte, Paris, 1993 *
BOTTIGELLI Emile, Genèse du socialisme scientifique, Editions Sociales, Paris, 1967 *
BOUKHARINE Nicolas, La théorie du matérialisme historique, Anthropos, Paris, 1967
BROSSAT Alain, Aux origines de la révolution permanente, Maspéro, Paris, 1974
BRUHAT Jean, Marx-Engels, UGE-10/18, Paris, 1971
CALVEZ Jean-Yves, La pensée de Karl Marx, Seuil, Paris, 1966
CHAVANCE Bernard, Marx et le capitalisme, Nathan, Paris, 1996
CITES [Revue, n°59], Marx politique, PUF, Paris, 2014
CLAUDIN Fernando, Marx, Engels et la révolution de 1848, Maspero, Paris, 1980 *
[Collectif], Souvenirs sur Marx et Engels, Editions du Progrès, Moscou, 1982 *
COLLIN Denis, Comprendre Marx, Armand Colin, Paris, 2009
COLLIOT-THELENE Catherine (dir), Que reste-t-il de Marx ?, Presses Universitaires de Rennes, 2017
COMBEMALE Pascal, Introduction à Marx, La Découverte, Paris, 2010
CORNU Auguste, Karl Marx et Friedrich Engels, PUF, Paris, Tome 1, 1955 ; Tome 2, 1958 ; Tome 3, 1962 ; Tome 4, 1970 *
DARDOT Pierre/LAVAL Christian, Marx, prénom : Karl, Gallimard, Paris, 2012
DELBRACIO Mireille/LABICA Georges (dir), Friedrich Engels, savant et révolutionnaire, PUF, Paris, 1997 *
DERRIDA Jacques, Spectres de Marx, Galilée, Paris, 1993 *
D'HONDT Jacques, De Hegel à Marx, PUF, Paris, 1972
DUCANGE Jean-Numa/GARO Isabelle (dir), Marx politique, La Dispute, Paris, 2015
DUMENIL Gérard/LOWY Michael/RENAULT Emmanuel, Lire Marx, PUF, Paris, 2009 *
EAGLETON Terry, Marx, Seuil, Paris, 2000
ELLEINSTEIN Jean, Marx, Fayard, Paris, 1981
EUROPE [Revue, n°988-989], Marx et la culture, Paris, Août-septembre 2011 *
FOUGEYROLLAS Pierre, Marx, PUF, Paris, 1985 *
FROMM Erich, La conception de l'homme chez Marx, Payot, Paris, 1977
FURET François, Marx et la Révolution française, Flammarion, Paris, 1986
GARO Isabelle, Marx, une critique de la philosophie, Seuil, Paris, 2000 *
GARO Isabelle, Marx et l'invention historique, Syllepse, Paris, 2012 *
GRANDJONC Jacques, Marx et les communistes allemands à Paris, 1844, Maspero, Paris, 1974 *
HARVEY David, Pour lire Le Capital, La Ville Brûle, Paris, 2012
HEINRICH Michael, Ce qu'est Le Capital de Marx, Les Editions Sociales, Paris, 2017
HENRY Michel, Marx, (tome 1) une philosophie de la réalité, Gallimard, Paris, 1976
HENRY Michel, Marx, (tome 2) une philosophie de l'économie, Gallimard, Paris, 1976
HOBSBAWM Eric, Marx et l'histoire, Fayard, Paris, 2010
HUNT Tristram, Engels, le gentleman révolutionnaire, Flammarion, Paris, 2009
JOSHUA Isaac, La révolution selon Karl Marx, Ed. Page Deux, Lausanne, 2012
KORSH Karl, Karl Marx, Champ Libre, Paris, 1976 *
KOUVELAKIS Eustache, Philosophie et révolution, de Kant à Marx, PUF, Paris, 2003 *
LABICA Georges (dir), 1883-1983. L'oeuvre de Marx un siècle après (Colloque international, mars 1983), PUF, Paris, 1985
LABICA Georges, Karl Marx. Les Thèses sur Feuerbach, PUF, Paris, 1987
LABICA Georges, Le paradigme du Grand-Hornu, La Brèche, Paris, 1987 *
LACASCADE Jean-Louis, Les métamorphoses du jeune Marx, PUF, Paris, 2002 *
LAVAL Christian, Marx au combat, Ed, Thierry Magnier, Paris, 2009
LECOMPTE Denis, Marx et le baron d'Holbach, PUF, Paris, 1983
LEFEBVRE Henri, Pour connaître la pensée de Karl Marx, Bordas, Paris, 1966
LEFEBVRE Henri, Une pensée devenue monde... Faut-il abandonner Marx ?, Fayard, Paris, 1980 *
LENINE V.I., Karl Marx et sa doctrine, Editions Sociales/Editions du Progrès, Paris-Moscou, 1971 *
LEVY Françoise P., Karl Marx, histoire d'un bourgeois allemand, Grasset, Paris, 1976
LÖWY Michael, La théorie de la révolution chez le jeune Marx, Editions Sociales, Paris, 1997 *
LUKACS Georg, Le jeune Marx, Les Editions de la Passion, Paris, 2002
LUKACS Georg, Marx et Engels historiens de la littérature, L'Arche, Paris, 1975
LYOTARD Jean-François, Dérive à partir de Marx et Freud, UGE-10/18, Paris, 1973
MACHEREY Pierre, Marx 1845. Les «Thèses» sur Feuerbach , Editions Amsterdam, Paris, 2008
MALER Henri, Congédier l'utopie ? L'utopie selon Karl Marx, L'Harmattan, Paris, 1994 *
MALER Henri, Convoiter l'impossible. L'utopie avec Marx, malgré Marx, Albin-Michel, Paris, 1995 *
MANDEL Ernest, La formation de la pensée économique de Karl Marx, Maspero, Paris, 1967 *
MARIE Jean-Jacques, Karl Marx, le Christophe Colomb du capital, La Quinzaine Littéraire-Louis Vuitton, Paris, 2006
MEHRING Franz, Karl Marx, histoire de sa vie, Editions Sociales, Paris, 1983 *
MOLNAR Miklos, Marx, Engels et la politique internationale, Gallimard, Paris, 1975
NICOLAIEVSKI Boris/MAENCHEN-HELFEN Otto, La vie de Karl Marx, l'homme et le lutteur, Gallimard, Paris, 1970 *
PAPAIOANNOU Kostas, De Marx et du marxisme, Gallimard, Paris, 1983
PENA-RUIZ Henri, Marx quand même, Plon, Paris, 2012 *
PETERS H.F., Jenny la rouge, Mercure de France, Paris, 1986
QUINIOU Yvon, Retour à Marx, Buchet Chastel, Paris, 2013
RIAZANOV David, Marx et Engels, Anthropos, Paris, 1974 *
ROSDOSLKY Roman, La genèse du « Capital » chez Karl Marx, Maspero, Paris, 1976 *
RUBEL Maximilien, Karl Marx, essai de biographie intellectuelle, Marcel Rivière, Paris, 1971 *
RUBEL Maximilien, Marx critique du marxisme, Payot, Paris, 1974
RÜHLE Otto, Karl Marx, vie et oeuvre, Entremonde, Genève, 2011
SALAMA Pierre/TRAN HAI HAC, Introduction à l'économie de Marx, La Découverte, Paris, 1992 *
SARTRE Jean-Paul, Questions de méthode, Gallimard, Paris, 1973
SEVE Lucien, Penser avec Marx aujourd'hui, La Dispute, Paris. [Tome 1, Marx et nous, 2004 ; Tome 2, « L'Homme », 2008 ; Tome 3, « La philosophie », 2014] *
SOMERHAUSEN Luc, L'humanisme agissant de Karl Marx, Richard-Masse, Paris, 1946
STEPANOVA Eugénie, Karl Marx, Editions du Progrès, Moscou, 1968
TEXIER Jacques, Révolution et démocratie chez Marx et Engels, PUF, Paris, 1998 *
TOMBAZOS Stavros, Le temps dans l'analyse économique, les catégories du temps dans Le Capital, Société des Saisons, Paris, 1994 *
TÔNNIES Ferdinand, Karl Marx, sa vie, son oeuvre, PUF, Paris, 2012
TORT Patrick, Marx et le problème de l'idéologie, PUF, Paris, 1988 *
TRAN HAI HAC, Relire « Le Capital », Editions Page Deux, Lausanne, 2003 *
VADEE Michel, Marx, penseur du possible, L'Harmattan, Paris, 1998 *
VIDELIER Philippe, Manifestez ! Destin et postérité du Manifeste Communiste, Syllepse, Paris, 2003
WHEEN Francis, Karl Marx, biographie inattendue, Calmann-Lévy, Paris 2003
HAUPT Georges, L'historien et le mouvement social, Maspéro, Paris, 1980 *
20:46 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
11 août 2017
Autour d'un centenaire (3)
La révolution russe a 100 ans et c'est évidemment l'occasion pour le monde du livre de ré-éditer une série de textes ou de publier de nouvelles contributions concernant le séisme d'octobre 1917 et ses conséquences sur la trajectoire du XXème siècle.
D'ici la fin de l'année sont donc programmées de nombreuses publications, d'intérêt et de qualité forcément inégaux.
Voici une petite sélection personnelle.
Et pour commencer, le classique de John Reed -10 jours qui ébranlèrent le monde- qui suscite une petite ruée chez les éditeurs. Comme Le Seuil (Points/Histoire) ou les éditions Nada, qui complètent le célèbre récit par une série d'articles de Reed sur la révolution russe, inédits en français.
De son côté, Libertalia publie le témoignage de Louise Bryant (Six mois rouges en Russie), qui était à l'époque la compagne du journaliste américain. On se souvient qu'elle fut magnifiquement incarnée au grand écran par Diane Keaton dans le beau film de Warren Beatty, Reds (1981).
Autre témoignage, celui d'une proche du couple, l'anarchiste Emma Goldman (L'agonie de la révolution). Le synopsis proposé par l'éditeur (Les nuits rouges) indique que « ce livre contient les récits des rencontres d'Emma Goldman avec les dirigeants et militants bolchéviks, ainsi qu'avec les anarchistes persécutés et d'innombrables anonymes rencontrés au cours de ses voyages en Russie soviétique ». De quoi brosser le tableau d'un système qui contenait « en germe le stalinisme ».
Albert Mathiez, grand historien de la Révolution française, fut aussi un intellectuel engagé qui s'enthousiasma pour la révolution russe. Les Editions Critiques mettent à la disposition du lecteur 22 articles écrits au fil des événements, des journées de février 1917 jusqu'à la fin de la guerre civile. L'occasion pour l'auteur de développer sa réflexion concernant les analogies avec la grande révolution.
Marylie Markovitch, envoyée spéciale du Petit Journal et correspondante de la Revue des Deux Mondes, était arrivée à Petrograd dès la fin 1915. Elle a sillonné les tranchées et les lignes de front pendant plusieurs mois, avant de revenir dans la capitale de l'empire des tsars. Elle fut un témoin privilégié des événements révolutionnaires et ses principaux articles de l'époque sont ici repris dans une édition de poche (La révolution russe vue par une française, Pocket).
Des écrits plus contemporains maintenant. Viennent de paraître ou sont annoncés dans les prochaines semaines :
* Roger Martelli, 1917-2017, Que reste-t-il de l'octobre russe ?, Editions du Croquant.
[Synopsis. On dit parfois que le XXe siècle est né deux fois, en 1914 avec le déclenchement du premier conflit mondial, en 1917 avec la révolution russe d'octobre. L'événement révolutionnaire a toujours déchaîné les passions, modèle pour les uns, repoussoir pour les autres. Quand s'effondre le système soviétique il semble que la parenthèse ouverte en 1917 est définitivement refermée. Le capitalisme a triomphé du communisme ; l'Histoire est finie. Cent ans après l'événement, les passions sont retombées. Avec l'ouverture des archives russes, l'historiographie s'est faite plus sereine, mais les interprétations n'en sont pas pour autant uniformes. Quant à la « fin de l'histoire », elle a buté sur les nouvelles conflictualités et sur la crise d'un système capitaliste désormais financiarisé et mondialisé. Les certitudes des années 1990 ont laissé la place aux doutes, aux peurs, aux ressentiments. L'événement « Octobre 1917 » a trop marqué l'histoire d'un siècle pour l'on puisse se dispenser de revenir sur lui. On ne le racontera pas ici dans le détail, ce que font à merveille de nombreux livres érudits et passionnants. En revanche, on s'interrogera sur la trajectoire qui, en quelques années, fait passer de la grande espérance révolutionnaire à un système de pente totalitaire et, pour un temps, enfoncé dans une sanglante terreur. Les vieilles questions restent sur la table. Les terribles dérapages des années de pouvoir stalinien sont-elles ou non la conséquence prévisible du projet révolutionnaire lui-même ? Le stalinisme, à certains égards, n'est-il pas contenu tout entier dans le léninisme ? Le système soviétique était-il réformable ? Pouvait-il s'adapter, s'humaniser, se moderniser, se démocratiser ? L'impulsion d'Octobre a façonné la réalité du monde au XXe siècle. Elle a bouleversé les sociétés qui ont mis des partis communistes au pouvoir. Elle n'a pas été sans effet sur le monde occidental. Elle a nourri l'imaginaire de ce que l'on appellera le Tiers Monde. Suffit-il aujourd'hui de dire que l'événement longtemps structurant n'est plus désormais qu'un souvenir ? Y a-t-il ou non des héritiers, directs ou indirects ? Existe-t-il un héritage utilisable, par qui et comment ? Au fond, si l'effondrement de l'URSS a refermé une parenthèse, était-ce celle du soviétisme, de la forme communisme dominante au XXe siècle, du communisme en général, de l'anticapitalisme, de la culture de l'alternative ? ]
* Daniel Bensaid, Octobre 1917, la révolution trahie, Lignes
[Synopsis. Les commémorations ne sont pas nécessairement des célébrations. Celles qu'au fil des décennies Daniel Bensaïd a écrites de la Révolution russe d'Octobre 1917 et, qu'entre autres, ce livre réunit, en témoignent, qui ne ménagent pas les critiques nécessaires, lesquelles cependant altèrent moins l'événement considérable que la révolution («temps brisé») elle-même a été, et reste, que sa postérité terrible. On pourrait reprendre mot pour mot, pour ce centième anniversaire de la Révolution russe ceux qu'il avait écrits pour le quatre-vingtième : « Un retour critique sur la Révolution russe, à l'occasion et sous prétexte du 80ème anniversaire d'Octobre soulève quantité de questions, d'ordre tant historique que programmatique. L'enjeu est de taille. Il en va ni plus ni moins de l'intelligibilité du siècle qui s'achève, de notre capacité à sauver le passé de l'oubli pour préserver un avenir ouvert à l'agir révolutionnaire, car tous les passés n'ont pas le même avenir. » Que tous les passés n'aient pas le même avenir, ou que l'avenir dépende de ce qu'on fait des passés, a été une constante de l'activité intellectuelle et politique de Daniel Bensaïd, constante que sa lecture de Benjamin a accentuée avec le temps. Les archives s'ouvrant, les révisions abondant (qu'on se souvienne, successivement, de l'opération des dits «nouveaux philosophes» et de celle du Livre noir du communisme, sur lesquels il revient longuement dans les textes que ce livre réunit, et pour les contester), il s'est agi pour lui de distinguer encore et toujours entre l'événement incontestablement révolutionnaire qu'aura été Octobre (pas le coup d'État auquel on voudrait le réduire), et la postérité contre-révolutionnaire bureaucratique et stalinienne avec laquelle on s'emploie à le confondre, pour des raisons qui doivent moins au travail de l'historien qu'à celui de l'idéologue : «En ces temps de contre-réforme et de réaction, rien d'étonnant à ce que les noms de Lénine et de Trotski deviennent aussi imprononçables que le furent ceux de Robespierre ou de Saint Just sous la Restauration. » Les temps sont toujours à la contre-réforme et à la réaction, qui se veulent sourds à ce que Arendt disait de la Révolution : « vrai événement, dont la portée ne dépend pas de la victoire ou de la défaite. »]
A noter, pour rester dans la mouvance « trotskyste », l'annonce de la parution, en septembre, d'un ouvrage d'Olivier Besancenot (porte-parole du NPA) : Que faire de 1917 ?, Ed. Autrement.
* Nicolas Werth, Les révolutions russes, PUF (Que sais-je ?)
[Synopsis. Russie, février 1917. L'économie est au plus mal. L'inégalité dans la distribution de la terre nourrit la grogne. Les grèves se multiplient. Le pays s'enlise dans la Grande Guerre. Nicolas II est au front. Le pouvoir semble impuissant et vacant. Lasse d'une autocratie d'un autre temps, une poignée de révolutionnaires, au milieu des insurrections de Petrograd, organise un comité exécutif (le Soviet) et, après un compromis avec le Comité provisoire libéral, balaie en quelques jours le régime tsariste, pourtant pluriséculaire. Les fiançailles sont de courte durée : en octobre, les bolcheviks, sous la férule de Lénine, prennent le palais d'Hiver et s'emparent du pouvoir, instaurant le régime communiste. Ce sont ces événements de l'année 1917 que raconte avec passion Nicolas Werth. Dépassant le clivage entre les historiographies soviétique et libérale, il s'attache à analyser non pas une seule révolution politique, mais une multiplicité de révolutions sociales et nationales.]
* Moshe Lewin, Russie/URSS/Russie, Syllepse
[Synopsis. Les textes réunis sous le titre Russie/URSS/Russie couvrent toute l'histoire de l'URSS, de la révolution de 1917 jusqu'à l'effondrement du système en 1991. Il met à mal nombre de clichés et d'idées reçues, mais aussi certaines doxa qui font l'économie d'une véritable analyse de ce qu'a été le régime issu de la Révolution d'octobre. La formulation de Moshe Lewin est brutale : « Un système barbare construit sur les ruines d'un grand idéal émancipateur. » Il ajoute que la Révolution d'octobre n'a pas ouvert une ère nouvelle dans l'histoire de l'humanité, mais correspond au pas- sage complexe et mouvementé d'une Russie pré-capitaliste à une Russie capitaliste. L'effondrement du régime s'explique, selon lui, par l'accumulation des contradictions internes qu'un pouvoir archaïque et fossilisé était incapable de gérer, alors même que la société soviétique était désormais en majorité urbaine et éduquée. Le titre Russie/URSS/Russie souligne qu'on ne peut comprendre ce qu'été le «phénomène soviétique» qu'en analysant les discontinuités mais surtout les continuités entre la Russie d'avant la révolution et l'URSS. Moshe Lewin insiste sur le fait que le poids de la Russie paysanne se fait sentir jusqu'au milieu des années 1960. Il insiste sur la place du chauvinisme grand-russe comme composante essentielle de l'idéologie du régime : au début des années 1920, Lénine dénonce en Staline un de ses représentants (cf. Le Dernier combat de Lénine, Syllepse) ; au lendemain de 1945, lorsque Staline célèbre la « grande et sainte Russie » ; dans les années 1960, quand le régime commence son déclin, le nationalisme grand-russe pénètre toutes les instances de l'État et du parti ; enfin, dans la Russie post-soviétique le secrétaire du Parti communiste se déclare « russe par le coeur et par le sang ». Enfin, l'auteur déconstruit l'assimilation de l'URSS au «communisme» paradoxalement partagée et par les adversaires du communisme et par les nostalgiques du système qui persistent à célébrer les mérites de Staline. Une telle identification permet de proclamer que la fin de l'URSS signifierait la « fin du communisme ». Alors que certains, au prétexte que l'histoire aurait mal tourné, souhaitent déchirer la page, le livre de Moshe Lewin fournit un éclairage sur ce « continent disparu » et contribue à donner à l'URSS sa vraie place dans la réflexion sur la révolution et le socialisme aujourd'hui.]
* David Mandel, Les soviets de Petrograd, Syllepse
[Synopsis. Images d'Épinal de la révolution russe de 1917, les soviets restent encore mal connus. Comment sont-ils nés ? Qui en faisaient partie ? Quels étaient leurs rôles ? Que voulaient-ils ? David Mandel nous propose de lever un voile de l'histoire de cette expérience inédite du 20 e siècle qui suscite de nombreuses controverses. Nés de la volonté des ouvriers, dans une situation de guerre et marasme économique aiguë, de vouloir contrôler la production contre le sabotage des patrons, ils se sont vite heurtés à leur hostilité ainsi qu'à celle du gouvernement provisoire de Kerensky qui, selon eux, mois après mois, trahissait la révolution démocratique de février. Sur ce chemin, presque contre leur volonté, ils sont conduits ou forcés à prendre de plus de responsabilités dans la gestion des entreprises et du pays et, au bout du compte, à se poser, au paroxysme de la crise sociale et politique et militaire, en alternative d'un appareil d'État déliquescent. Ils suivront un chemin hésitant qui conduira à la crise révolutionnaire d'octobre 1917, avec le mot d'ordre bolchevique « Tout le pouvoir aux soviets ». Le 26 septembre 1917, le soviet de Petrograd, précédemment à majorité menchevique, se rallie aux bolcheviques, et Trotsky est élu à sa présidence. La révolution d'Octobre fait ses premiers pas et les soviets des ouvriers, des soldats et des paysans en sont désormais l'épicentre. Un nouvel avenir s'écrit. David Mandel nous raconte cette longue année historique de 1917 vue d'en bas dans les usines et les villages, mais aussi dans les casernes. Si son ouvrage se concentre sur les ouvriers de Petrograd, fer de lance de la révolution, notamment en nous proposant une radiographie sociale et culturelle de cette classe ouvrière russe ébullition, il prolonge son analyse à toute la Russie notamment à la vaste paysannerie russe qui, elle aussi, se dote de soviets. Il appuie ses analyses sur de nombreux témoignages des acteurs de l'époque, notamment ceux d'éléments hostiles à la révolution et ceux de mencheviques. Les soviets de Petrograd nous propose donc de suivre pas à pas la construction d'une émancipation et d'une nouvelle démocratie, avec ses contradictions et ses difficultés. Portée par les damnés de la terre, la révolution des soviets a ouvert un immense arc d'espérances dans le monde avant que la contre-révolution stalinienne ne vienne le saccager et le détruire.]
* China Miéville, Octobre, un récit de la révolution russe, Ed. Amsterdam
[Synopsis. Avec Octobre, le romancier China Miéville entreprend de raconter le moment décisif que fut la Révolution russe, à l’occasion de son centenaire. En février 1917, la Russie était une monarchie autocratique et arriérée, enlisée dans la guerre ; au mois d’octobre, après deux révolutions, elle devient le premier État ouvrier, à l’avant-garde d’une révolution mondiale. Comment un tel bouleversement a-t-il pu s’accomplir ? Adoptant une perspective panoramique, couvrant aussi bien les grandes villes, Saint-Pétersbourg et Moscou, que les petits villages les plus reculés du tentaculaire empire russe, Miéville nous plonge dans le torrent des événements dont il restitue admirablement la passion, le drame, la contingence et l’étrangeté. Ainsi parvient-il à rendre sensible et présente cette révolution à des lecteurs qui, aujourd’hui, ne la connaissent pas bien ou pas du tout. « Cette révolution fut celle de la Russie, mais elle appartenait aussi, et continue d’appartenir, à d’autres. Elle pourrait être nôtre. Si ses phrases restent inachevées, c’est à nous qu’il incombe de les finir. »]
15:17 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |