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25 décembre 2020

IMAGINAIRE(S) [125]

tardi.jpg"Faty hocha la tête d’un air à la fois grave et enfantin, et Teissère, attendri, songea : ‘’je t’aiderai, mon petit garçon. Parce que tu sais, tout est tellement crado. Des tueurs, des voyous, des pédés, des vicieux, du sperme, des putes, des macs, de la schnouf, du fric, des cons… Des coups de feu, de surin, d’acide, de rasoir, de pic à glace… Si tu savais ce que c’est qu’une vie de flic !’’

Son cadet passait près d’eux. Teissère le happa et le prit aussi par les épaules.

Il était un peu gêné, mais ce geste, il le retenait depuis des années.

Il les serra très fort, ses deux fils. Ils étaient tous trois épaule contre épaule. Heureux.

Et c’était Noël. Un Noël blanc, même !

Des minutes comme celles-ci, ça valait bien cinquante-cinq ans de merde, non ?"

 

[Frédéric H. Fajardie, Gentil, Faty !, 1981]

 

24 décembre 2020

IMAGINAIRE(S) [124]

 

tardi.jpg"Les cordes crissaient sur le bois du petit cercueil. Les deux employés municipaux se tenaient de chaque côté de la fosse et hissaient la charge en cadence. Après deux ou trois mouvements, le cercueil fut posé sur le sol, près de la plaque tombale de granit.

- Alors ? demanda l'un des employés. Il s'essuya le front du revers de la manche, rejetant sa casquette en arrière.

Roland Gabelou eut un instant de passage à vide."

 

[Thierry Jonquet, La Bête et la Belle, 1985]

23 décembre 2020

IMAGINAIRE(S) [123]

 

tardi.jpg"Comment s’en débarrasser ? Il avait lu des tas de bouquins, vu des tas de films sur ce genre de problème. Martin s’imaginait mal, il en sourit presque, découper le corps à la scie pour fondre ensuite les morceaux dans sa baignoire préalablement remplie de chaux vive ou d’acide sulfurique. Pas question non plus de l’enterrer dans le jardin, ou de creuser une fosse dans la cave, qu’il cimenterait ensuite. Il savait d’instinct que ces solutions harassantes qui exigent bien des allées et venues suspectes débouchent toujours sur des échecs. Pendant quelques minutes, il joua avec l’idée de jeter le corps, préalablement lesté, dans la Marne toute proche. C’était faisable, pas très compliqué. Il eut cependant la vilaine image du corps en décomposition s’évadant peu à peu des entraves le retenant au fond, remontant à la surface, vilain spectre.

Martin grilla plusieurs Gitanes, but quelques verres, pas beaucoup et prit doucement sa décision. Sans l’avoir touchée, il savait que Leila était maintenant presque complètement raidie. Qu’elle serait difficile à transporter. C’était néanmoins ce qu’il allait faire."

 

[Jean-François Vilar, De parfaits petits crimes, 1986]